Cet article date de plus de six ans.

"L'âge d'or", un superbe roman graphique de Cyril Pedrosa pour la rentrée

Le dessinateur Cyril Pedrosa et sa compagne et co-scénariste Roxanne Moreil publient le 7 septembre "L'âge d'or", un roman graphique époustouflant de maîtrise. Un second volume devrait paraître dès 2020.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
La première de couverture de "L'âge d'or"
 (Dupuis / Aire Libre)
"C'était un peu long à écrire, on a mis un peu plus de temps que prévu", reconnaît le dessinateur Cyril Pedrosa. Tout à la fois saga médiévale et fable politique sur l'utopie, le premier volet de "L'âge d'or" bénéficie d'un tirage exceptionnel de 45.000 exemplaires.
 
Au total, ce roman graphique qui s'inscrit parmi les plus beaux livres de la rentrée comptera environ 500 pages. Pour l'instant il faut se contenter de 232 feuillets qui donnent le vertige. "Ce titre, 'L'âge d'or', nous l'avons voulu comme une promesse faite au lecteur", explique le dessinateur âgé de 45 ans au cours d'un entretien avec un journaliste de l'AFP. "L'âge d'or c'est la mémoire des combats des hommes pour leur émancipation".

Cyril Pedrosa n'avait rien publié depuis "Les Équinoxes" il y a trois ans. Son premier et déjà magistral album "Portugal" (tous édités chez Dupuis) est sorti il y a sept ans. Il s'est écoulé à plus de 80.000 exemplaires. "'L'âge d'or' était d'abord d'une facture très classique mais le fait de travailler à deux a permis de s'interroger sur la forme", poursuit le dessinateur. Sinon, dit-il avec sévérité, nous allions vers "un livre monstrueux".

 
Ce changement de cap a coûté un temps précieux au dessinateur. "J'avais fait une trentaine de pages, soit quatre mois de travail, quand je suis reparti de zéro", se souvient-il. Le dessinateur reconnaît s'être inspiré "des fresques et des tapisseries médiévales" même si, tempère sa compagne, "notre moyen-âge est complètement fantasmé".

"Sur les rotules"

Certaines doubles pages font penser à des tableaux de Brueghel à cause de leurs détails. Comme dans Équinoxes, Cyril Pedrosa joue avec les transparences superposant plusieurs dessins. La narration se passe parfois de mots. Pour magnifier le dessin "j'avais eu l'idée de pouvoir déplier des pages en accordéon comme dans un leporello", affirme le dessinateur. "Mais notre éditeur nous a gentiment recadrés en nous demandant si nous souhaitions que notre livre (vendu 32 euros) dépasse en fait les 80 euros", l'interrompt en riant Roxanne Moreil, libraire de profession.

Les personnages n'avancent pas (toujours) d'une case à l'autre mais se déplacent à l'intérieur d'une même case donnant ainsi au récit une extraordinaire impression de fluidité. "L'idée est venue des retables moyenâgeux, des scènes d'Annonciation où l'on voit les Rois mages arriver au troisième plan pour apparaître soudain au premier", explique encore Roxanne Moreil. Le roman, dont le rythme ne faiblit jamais, commence comme un épisode de "Game of Thrones". Au royaume de Lantrevers la faim et la souffrance sont le lot du plus grand nombre. Le roi Rohan vit ses dernières heures.

"Ni hommes ni femmes providentiels"

Sa fille aînée Tilda, qui rêve de rétablir la justice dans le royaume, s'apprête à lui succéder mais est victime d'un complot ourdi par sa mère et l'infâme éminence grise Loys de Vaudemont. Elle doit fuir accompagnée par Tankred, un seigneur placide et costaud et du jeune Bertil, un homme sans biens ni titres. Ce trio improbable trouvera refuge dans un phalanstère féminin et féministe puis chez un vieux seigneur aveugle, fidèle de l'ancien roi. Le vieil homme leur confie un secret sur un mystérieux trésor caché dans un ancien tombeau.

Parallèlement, le récit est parcouru d'une légende sur un certain "âge d'or" où les hommes vivaient libres et égaux. Un révolutionnaire, Hellier, que nous avions croisé déguisé en femme dans le phalanstère, prône la révolte pour retrouver cet âge d'or... Quant à Tilda, le lecteur la voit se métamorphoser. Ses rêves égalitaires semblent s'être évanouis. "On n'a pas voulu faire un personnage féminin idéalisé", explique Roxanne Moreil. "On ne souhaitait pas concentrer en un personnage la possibilité d'un renouveau. On ne voulait ni homme ni femme providentiels", renchérit Cyril Pedrosa. "Le sujet, mine de rien, est assez complexe", analyse-t-il. "On a fini un peu sur les rotules mais on a bien rigolé non?" dit-il en se tournant vers sa compagne.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.