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Lady Snowblood, le retour du manga culte qui a inspiré le film Kill Bill

Elle est belle, mystérieuse. Son destin : venger la mort de son père et de son frère. Lady Snowblood est l’héroïne d’un manga culte tout juste réédité en France.
Article rédigé par Nicolas Lemarignier
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (KAZUO KOIKE / KAZUO KAMIMURA / Koike Shoin Publishing Co., Ltd. )

Les aventures de Lady Snowblood, c’est un voyage dans le passé, à la fin du XIXe siècle, une époque où la société japonaise se modernise en profondeur. Vers 1870, le Japon veut enrôler tous les hommes valides pour créer une armée puissante, symbole d’un pays fort. C’est dans ce contexte que le fils et l’époux de Sayo sont assassinés. La jeune femme est jetée en prison où elle donne naissance à une fille. Puisque la mère ne sortira jamais de sa cellule, c’est à la fille - Lady Snowblood - que revient la tâche de retrouver et éliminer les assassins de son père et de son frère.

  (KAZUO KOIKE / KAZUO KAMIMURA / Koike Shoin Publishing Co., Ltd. )

Un portrait du Japon au XIXe siècle

Au fil des 1388 pages qui composent cette intégrale, le lecteur découvre donc les origines de Yuki (« neige » en japonais), alias Lady Snowblood. Les auteurs racontent également sa traque des 5 tueurs qui ont décimé sa famille. L’occasion de dessiner le portrait d’un Japon en pleine mutation. Une société coupée en deux. Le petit peuple qui aide Yuki dans sa quête est fidèle aux traditions d’un monde passé alors que les « méchants » font partie d’une nouvelle classe supérieure corrompue et enrichie par la révolution économique japonaise.

L’aventure de Lady Snowblood se découpe en plusieurs épisodes qui montrent chacun un aspect de la société japonaise. Par exemple un malfrat utilise la photographie – une technique toute nouvelle à l’époque – pour faire chanter ses victimes avec des photos compromettantes. Quelques pages plus loin, afin de trouver des soutiens dans sa quête, Yuki demande à un écrivain de relater son parcours dans un de ces romans feuilletons qui font fureur dans la presse de l’époque.  

  (KAZUO KOIKE / KAZUO KAMIMURA / Koike Shoin Publishing Co., Ltd. )

Un personnage sulfureux

« Lady Snowblood » paraît au Japon en 1973. Là-bas, la mode est alors aux histoires de vengeurs solitaires, en particulier de personnages féminins. Le manga est publié dans la version japonaise de Playboy. Pas étonnant de trouver au fil des pages quelques scènes érotiques : Yuki se sert de ses charmes autant que de son sabre pour arriver à ses fins. Quelques cases sulfureuses auxquelles le talent du dessinateur kamimura Kazuo donne grâce et beauté. « Lady Snowblood » elle-même semble sortie d’une estampe japonaise. Son tempérament fait de charme et de violence froide est parfaitement rendu par un dessin tour à tour élégant et nerveux. 
 

Lady Snowblood fascine le cinéma
 

Dès 1973, un film japonais à petit budget est tiré de la bande-dessinée. Un remake sort en 2001. Et puis Quentin Tarantino va faire sortir « Lady Snowblood » des frontières nippones avec Kill Bill, en 2003. C'est un hommage cinématographique au manga. L’héroïne du film jouée par Uma Thurman a soif de vengeance comme Yuki. La chef des Yakusa est un copié-collé de Lady Snowblood : à la fois charmeuse et violente, elle a vengé elle aussi la mort de ses parents.

"Lady Snowblood - intégrale"
Kazuo Koike et Kazuo Kamimura (Editions Kana - 1388 pages - 29,90 €)
 

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