Le côté obscur de Rembrandt raconté dans une bande dessinée
Rembrandt est dépeint au fil des cases et des bulles comme un homme infidèle, obsédé et acariâtre, qui vendait son art aux bourgeois et aux aristocrates néerlandais qui dépensaient dans l'art leurs fortunes assidument gagnées grâce au commerce extérieur.
"L'art de qualité, c'est un investissement sain"', explique ainsi à Rembrandt Hendrick van Uylenburgh, un commerçant d'art qui aida à lancer sa carrière, "cela donne statut et prestige".
Une BD composée à partir d'anecdotes
Typex, 50 ans, que le chanteur australien Nick Cave décrit comme "le second meilleur artiste néerlandais de tous les temps après Rembrandt", a dessiné et écrit le livre "en accomplissant le travail de cinq années en deux ans et demi", travaillant 14 heures par jour, un rythme effréné qu'aurait certainement apprécié Rembrandt, lui-même vraie bête de somme.
"J'ai lu une série de livres sur Rembrandt, pris de nombreuses notes, mis les livres de côté et me suis mis au travail", explique l'artiste. "Il y a beaucoup de choses qu'on ignore au sujet de Rembrandt. Ce qu'on connaît, ce sont les document officiels, les actes de propriété, de mariage, de décès",
ajoute-t-il.
Typex a voulu composer son livre à partir d'anecdotes, mais celles-ci s'inscrivent dans un cadre historique exact et apportent un nouvel éclairage sur la production artistique de Rembrandt, qui s'assombrit au fur et à mesure de ses auto-portraits.
Une vie tragique
Une obscurité qui lui coûtera des clients : "tu n'est plus rémunéré pour ton travail", se lamente Hendrickje Stoffels, alors amante de Rembrandt et qui deviendra plus tard son épouse au regard de la loi. "Des auto-portraits, que des auto-portraits, je suis vraiment inquiète". Son épouse, ses maîtresses, ses enfants et même ses concurrents artistiques finiront par mourir, et l'artiste deviendra irrévocablement irrascible.
Sa vie est empreinte de tragédie, quasiment tous ceux qui l'entouraient sont morts, c'était comme cela à l'époque", affirme Typex. "Mais je ne voulais pas faire un livre uniquement triste".
L'auteur adopte ainsi un parti pris littéraire au moment de raconter la fin difficile de l'épouse du peintre : "je l'ai raconté du point de vue du rat qui apporta la peste et pour lui, ce n'est pas du tout un évènement triste". "Il reçoit de la nourriture et il vit en fait les meilleurs moments de sa vie", assure Typex.
Un peintre sans compromis
Ami et rival de Rembrandt, le peintre Jan Lievens, plus populaire que Rembrandt lui-même au cours des années 1660, surgit régulièrement au détours des pages : "ce sont les années 60, les gens sont pourris, le client est roi, ou en tout cas il le croit", assure ce peintre, qui a lui gravi l'échelle sociale.
Cherchant à entrer en contact avec le maître des auto-portraits, le duc florentin Cosme de Medicis arrive au détour d'une case sur Amsterdam et est dessiné cherchant à emmener dans un endroit discret quelques jeunes filles peu farouches.
Ce qui provoque chez Rembrandt une réaction virulente : "dis-lui que si il veut des tableaux avec des jolies filles et des couleurs éclatantes, il devrait s'adresser au trafiquant de tableaux au coin de la rue, pas à moi", crie-t-il à sa soeur. "Et maintenant, foutez le camp de chez moi! "Capice ? Arrivederci", s'exclame ensuite un Rembrandt au bord de la crise d'apoplexie.
Pour Typex, Rembrandt était un homme "difficile et obsédé" : "la vie aurait pu être tellement plus facile pour lui si il s'était un peu contenu, s'accommodant des goûts des riches". "Mais il n'était juste pas assez sociable pour ça", assure-t-il.
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