Le Marsupilami se refait une jeunesse à l'occasion de son 70e anniversaire
Contrairement à d'autres grands personnages de BD belge comme "Blake et Mortimer" ou "Lucky Luke", le personnage emblématique créé par Franquin et favori des enfants n'a quasiment jamais évolué, à cause de problèmes de droits. Mais les choses vont changer.
À peu près tout le monde connaît le Marsupilami, créé par André Franquin dans le journal de Spirou en 1952 et qui est devenu cette année le plus célèbre septuagénaire de la jungle palombienne. Même Michel Rocard l'évoquait en 1987 chez Bernard Pivot : "Je connais le Marsupilami : Marsupilami est une délicieuse petite bête sautante, jaune et noire et qui est honorée d'une queue interminable !"
C'est cette année-là que démarre la série de BD qui lui est entièrement dédiée. André Franquin est aux commandes. Mais il quitte pour l'occasion son éditeur Dupuis pour une maison nouvelle, Marsu Production. "Franquin a confié son dessin à un jeune dessinateur qui s'appelait Batem, qui a mené sa série au début avec Franquin, puis avec d'autres scénaristes", raconte Stéphane Beaujean, directeur éditorial chez Dupuis.
Et alors que Spirou passe de main en main, de style en style, le Marsupilami n'apparait plus que dans sa propre série, pas le choix, sans jamais changer de look.
"Évidemment, c'est une frustration énorme qui n'est aujourd'hui pas totalement résorbée : il y a toujours des contraintes, mais au moins, quand on veut on peut !"
Stéphane Beaujean, directeur éditorial chez Dupuisà franceinfo
Ce qui a changé, c'est que Marsu Production a été rachetée par Dupuis. C'est là qu'entre en scène le scénariste Zidrou. "C'est pour moi une émotion particulière, évidemment, indique-t-il. L'album Le Nid des marsupilamis est pour moi la Bible, et ce que je considère comme un des dix plus grands chefs d'œuvre de l'histoire de la bande dessinée mondiale."
Il est le premier à qui Dupuis confie les clefs de l'animal. Avec le dessinateur Frank Pé, il crée La Bête un diptyque très réaliste, plongé dans la Belgique de l'après-guerre, où le Marsupilami est recueilli par un fils de soldat allemand et harcelé pour cette raison par ses camarades de classe.
On est vraiment bien loin de la légèreté des albums de Franquin. "Et sinon, quel intérêt ?, souligne Zidrou. C'était compliqué de garder l'équilibre entre ne pas perdre l'essence du personnage et en même temps, de pouvoir se permettre de faire des déclinaisons. Il était évident pour moi qu'il fallait faire tout à fait autre chose, et pour un scénariste, c'est le pied !"
La suite paraîtra l'an prochain. Un jeu vidéo vient de sortir. Des dessins animés sont en préparation. Et d'après Stéphane Beaujean ce n'est pas tout. "Il s'agit aussi de faire une nouvelle version pour les plus petits, plutôt pour la jeunesse, détaille-t-il. Le thème, derrière, cher à Franquin, c'est celui de l'écologie et comment vivre ensemble avec la nature et ce genre de choses. Le Marsupilami va être un des ambassadeurs de ce combat." Toujours moderne, l'animal. Qui a même retrouvé ses copains humains: il est à nouveau dans les deux derniers tomes des aventures de Spirou et Fantasio.
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