Cet article date de plus de sept ans.

Le programme du festival d'Angoulême 2017 : la 44e édition fête aussi le 7e art

Le festival d'Angoulême a révélé ce vendredi le programme de sa 44e édition, qui se déroule du 26 au 29 janvier. Un riche programme, avec la grande exposition Hermann, Grand Prix 2016, mais aussi plusieurs événements consacrés aux liens entre 9e et 7e art, avec notamment une exposition sur "Valerian", l'adaptation au cinéma par Luc Beson de de l'œuvre de Mézière et Christin. Petit tour d'horizon.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Hermann, présentation de la 44e édition du festival d'Angoulême
 (Laurence Houot / Culturebox)

C'est par un hommage à Gotlib, disparu le 4 décembre dernier, que s'est ouverte la conférence de presse pour présenter le programme de la 44e édition du festival d'Angoulême.

Hermann, Grand Prix 2016, enchaîne pour dire quelques mots sur l'exposition qui lui est consacrée cette année. Hermann est un habitué du festival, un festivalier de la première heure : "Lors du tout premier festival", commence-t-il avec son petit accent belge, "on était trois pelés deux tondus. Ce n'était pas particulièrement enthousiasmant, et en plus à l'époque c'était un trajet très pénible pour venir, mais on rigolait bien et on mangeait bien. Je ne pensais pas qu'ils allaient remettre ça ! On voit le monde qu'il y a aujourd'hui… Petite parenthèse d'ailleurs, il y a trop de monde. Et surtout y en a beaucoup qui ont claqué. Avec le temps ça se vide un peu autour de moi. Mais on rigole quand même", sourit-il.

  (Hermann /Greg / ÉDITIONS DU LOMBARD (Dargaud-Lombard s.a) 2016)
Plus de 40 ans plus tard, il est Grand Prix et comme le veut la tradition, le festival lui consacre une grande exposition. "C'est la première fois que je manipule autant de planches originales pour préparer une expo", souligne Stéphane Bourgeon, le directeur artistique du festival. "Je travaille tout le temps", lui glisse Hermann. "Je travaille en moyenne 10h30 par jour. Mais ce n'est pas travailler. La passion, c'est une maladie", conclut le dessinateur.

L'exposition qui lui est consacrée présentera une sélection de 150 planches choisies parmi le "torrent créatif" du président du 44e festival d'Angoulême. Une exposition qui promet de "témoigner de la richesse et de la cohérence d’une œuvre qui s’est déployée sur plus d’un demi-siècle et qui poursuit sa course, indépendante et sans concession".

Hermann se dit aussi très content, "sans fausse modestie", de l'affiche qu'il a créée pour le festival 2017. "J'ai pensé à la caisse de Saint-Exupéry, celle pour mettre le mouton du Petit prince. Dans ma caisse, il y a toute la BD d'Angoulême", s'amuse-t-il.
 

Du 9e au 7e art : "Valérian", de Mézière et Christin à Besson

11 % de la production cinéma est liée à la BD, et ces relations étroites qu'entretiennent 7e et 9e art sont clairement mises en lumière à Angoulême cette année avec l'ouverture d'un "quartier BD-Ciné-Séries". Au programme également l'exposition "De la case à l'écran", consacrée à l'adaptation par Luc Besson de l'œuvre de Jean-Claude Mézière et Pierre Christin.
Valérian - Extrait de planche
 (Mézières/Christin – Dargaud 2016)
Une occasion de revenir sur la génèse de cette aventure démarrée par les deux auteurs en 1967 (on fêtera donc son cinquantenaire en 2017). "On était des grands amateurs de romans de science-fiction", raconte Jean-Claude Mézière. "Mais à l'époque, c'était un genre qui ne trouvait aucun écho ni de la part des journalistes, ni dans les écoles", se souvient-il. "Alors on s'est dit, tiens on va faire une bande dessinée de science-fiction. Là j'ai investi dans une feuille de papier Canson et une bouteille d'encre de Chine. Autant dire que je me suis ruiné", s'amuse-t-il (un clin d'œil à la superproduction qu'en fait aujourd'hui Luc Besson, dont l'adaptation sera sur les écrans en juillet 2017).

La série commence sa carrière "doucement", sous l'aile bienveillante de Goscinny dans le Journal Pilote. "Et puis avec le courrier des lecteurs, on s'est rendu compte que ça prenait bien. Les collégiens achetaient le journal et se le passaient dans les cours d'école. Le succès a peut-être démarré parce qu'il y avait une nana", souligne Mézière. "C'était la première fois qu'on voyait un personnage de fille en BD, qui n'était ni une bécasse, ni une princesse. Elle est dans la première case de la série. Et elle sauve Valerian", raconte-t-il. "Luc Besson était enfant quand il a découvert la série. Et son projet d'adaptation murissait depuis très longtemps", raconte la productrice du film. L'exposition d'Angoulême se propose de mettre en perspective le regard des créateurs du 7e et du 9e art, avec "en exclusivité mondiale" des éléments du film (costumes, extraits...) et les planches et dessins de l’œuvre originelle.
D'autres expositions sont au programme du festival d'Angoulême 2016 : une expo consacrée au créateur de "Spirit", Will Eisner, ce "génie de la bande dessinée américaine". À la veille de la publication du troisième tome de la série "Le château des étoiles" (Rue de Sèvre), une exposition est consacrée pour la toute première fois à l’œuvre et à l'univers de Alex Alice. Au programme également des expositions : Loo Hui Phang, Kazuo Kamimura, Gaston Lagaffe, Philippe Dupuis…
« Seuls », de Gazzotti et Vehlmann
 (Ed. Dupuis)
Un autre événement mettra à l'honneur le 7e art, avec la projection en avant-première de l'adaptation au cinéma par David Moreau de "Seuls", de Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti (Dupuis). Le 9e opus de la sérieBD  est sorti en novembre 2016 et le film est prévu pour février 2017.

Honneur aux scénaristes : le retour à Angoulême du Prix Goscinny

L'année 2017 fêtera le 40e anniversaire de la disparition de René Goscinny. Ce prix, créé en 1988, récompensait le travail d'un scénariste. Proposé en partenariat avec l'Institut Goscinny, le lauréat recevra un trophée en bronze signé Combas, et une exposition lui sera consacrée l'année suivante au festival. Manière de rendre hommage à René Goscinny, qui oeuvra pour faire reconnaître le scénariste en BD (imposer sa signature, défendre les contrats signés en direct avec les éditeurs et non plus via le dessinateur...).
René Goscinny et Albert Uderzo dans les années 70
 (Staff / AFP)
La présentation du programme du festival d'Angoulême est l'occasion d'annoncer deux expositions consacrées à René Goscinny en 2017 l'une à la Cinémathèque, sur les rapport du grand auteur avec le cinéma, et une autre au musée de l'art et de l'histoire du Judaïsme, qui promet de révéler des trésors exhumés des cartons de Goscinny. 

Des auteurs rémunérés, et des parcours pour les visiteurs

À noter cette année, que les auteurs qui participent aux rencontres seront rémunérés. "Si la littérature devient un spectacle, et aujourd'hui le public veut rencontrer les auteurs", souligne Monadé le président du CNL, "il est normal que les auteurs soient rémunérés et accueillis dans de bonnes conditions". Il annonce donc que cette année, "de façon exceptionnelle", le CNL fera un geste pour "accompagner la rémunération des auteurs".

Pour le reste, les grands classiques du festival : concerts dessinés, rencontres internationales, le quartier dédié à la jeunesse, des rencontres avec les professionnels pour les apprentis bédéistes... Et en bonus cette année : des parcours proposés par le festival, à suivre via l'application "Picta". 

Et pour finir, le festival a révélé la sélection de l'édition 2017, soit quelque 42 albums. Une sélection sportive, a confié Stéphane Bourgeon, ajoutant qu'il souhaitait bien du courage au jury, présidé cette année par Posy Simmonds, l'auteur de "Gemma Bovery" et "Tamara Drew" (Denoël Graphic), pour départager les Fauves de cette édition. "C'est une année très riche pour la BD", conclut-il.



Festival international de bande dessinée d'Angoulême
du 26 au 29 janvier 2017



Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.