"Les saveurs du béton" : une enfance franco-chinoise en Seine-Saint-Denis racontée en BD
Fille d'immigrés chinois, l'autrice et illustratrice Kei Lam raconte dans un roman graphique son enfance dans le quartier de la Noue à Bagnolet. "Les saveurs du béton" navigue entre utopie et déception, de l'autre côté du périph'.
"J’ai grandi dans le bâtiment 1 qui se trouve là-bas, sur la dalle de la Noue, et tous les matins je prenais ce chemin-là pour aller à l’école." C'est sur les traces de son adolescence que nous emmène Kei Lam ce jour-là, celle qui a inspiré sa deuxième bande dessinée.
Après avoir raconté son arrivée en France à l'âge de six ans et sa double culture dans Banana girl (jaune à l'extérieur et blanche à l'intérieur), Kei Lam replonge dans ses souvenirs dans Les saveurs du béton. Le regard touchant et personnel d'une enfant d'immigrée qui a grandit entre Montreuil et Bagnolet.
Un quartier "adoré et détesté"
Comme beaucoup d'autres avant eux, les parents de Kei Lam se sont installés à Bagnolet en 1995. La promesse d'un certain confort et d'une vie meilleure, les déboires d’un quartier neuf et prometteur, les relations avec les autres, les rêves déçus de ses parents. De tout cela il reste, vingt ans plus tard, des souvenirs aux saveurs mélangées.
Le quartier de la Noue, "je l'adore et je le déteste, confie l'auteure. Y a un truc que j’arrivais pas forcément à comprendre avec ce quartier et je pense que c’est pour ça que j’ai voulu écrire, pour comprendre ma relation avec ce quartier-là."
Questionnements identitaires
Après une carrière d’urbaniste, Khei Lam a finalement choisi le dessin, sur les traces de son père artiste-peintre. Et quand la petite fille dialogue avec l’adulte qu’elle est devenue le dessin prend tout son sens, comme si se représenter soi-même permettait de dépasser ses questionnements identitaires. Le coup de crayon de Kei Lam, plein d'humour et de tendresse, donne à voir les invisibles, ces enfants d'immigrés qui ont grandi dans les grands ensembles de banlieue.
Les Saveurs du béton, Kei Lam, Ed. Steinkis, 20 euros.
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