Les sept BD et romans graphiques de la rentrée à ne pas manquer

De Xavier Coste à Cédric Apikian, en passant par Sole Otero ou Romain Renard, les auteurs de bande dessinée et du roman graphique n’en finissent pas de se renouveler et de se diversifier.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 7min
Rayon BD et romans graphiques de la librairie indépendante "Le Merle moqueur" à Paris, le 4 juillet 2024. (Mohamed Berkani)

Le secteur de la BD et du roman graphique continue de séduire un large public. En 2023, les Français ont acheté plus de 75 millions d’album. Voici notre sélection non exhaustive de la rentrée.

"Le journal de 1985" : Xavier Coste, auteur majeur

C’est le roman graphique de tous les superlatifs. Xavier Coste prouve, si besoin est, qu’il fait partie des auteurs majeurs de la BD. Après le remarquable 1984, il revient avec une oeuvre à la fois personnelle et fidèle à l’univers anxiogène orwellien. Xavier Coste imagine une suite à 1984, roman dystopique de Georges Orwell. Nous ne sommes plus dans une adaptation mais bien une création originale glaçante. Grâce à son dessin désormais reconnaissable, Xavier Coste, avec Philip Börgn, nous plonge dans un Londres oppressant où une rébellion tente de se lever contre le Parti. Tout commence quand dans sa fuite, un homme qui vient de taguer sur un mur un visage géant égare un livre. La machine policière s’emballe, des vies sont broyées. Le journal de 1985, roman graphique ambitieux et époustouflant. 

 

"Le journal de 1985", Xavier Coste et Philip Börgn, Sarbacane, 29 euros

Couverture du roman graphique "Le journal 1985" de Xavier Coste et Philip Börgn. (Sarbacane)

 

"Walicho" : mes sorcières bien-aimées

Véritable coup de cœur pour ce roman graphique de Sole Otero qui repense l’histoire de l’Argentine à travers le destin de trois sorcières. Une fresque qui va de 1740 à aujourd’hui. Trois sorcières, des sœurs dotées de pouvoir surnaturels, narrent une société en proie à ses propres démons à travers neuf récits, indépendants mais tous reliés. Dès leur arrivée à Buenos Aires, ces étranges sœurs (accompagnées d’un bouc), marqueront sur plusieurs destins. La force de l’autrice de Naphtaline, Prix du Public France Télévision 2023 à Angoulême, réside aussi dans sa narration poétique et fluide. Sole Otero aborde plusieurs thématiques contemporaines avec brio. L’autrice signe une œuvre complexe, sensible et d’une intelligence exceptionnelle. Ensorcelant.

"Walicho", Sole Otero, traduction Anne Plantagenet, Editions Ça et là, 28 euros

Couverture du roman graphique "Walicho" de Sole Otero. (Editions Ça et là)

 

"Revoir Comanche" : le crépuscule des anges

D’abord un constat : Revoir Comanche est d’une grande force graphique. Romain Renard, auteur de Melville, s’empare de l’œuvre de Greg et Hermann et signe une œuvre personnelle crépusculaire très convaincante. Son personnage, Red Dust, "une légende inscrite dans la poussière et le sang du Wyoming", revêt une autre identité et vit à l’écart du monde. Il se fait vieux. Il a ses souvenirs pour seule compagnie, des souvenirs qu’il essaie d’oublier. Jusqu’à l’arrivée de Vivienne. Et avec elle, le passé qui vient toquer à sa porte. Un étrange voyage se met en place. Le vieil homme n’a pas oublié son amour de jeunesse, son amour de toujours. Armé de son courage et de ses flingues, il remonte le temps. Et tente de sauver un présent incertain. Revoir Comanche, un western épique.

"Revoir Comanche", Romain Renard, Le Lombard, 22,50 euros

Couverture de "Revoir Comanche" de Romain Renard. (Editions Le Lombard)

 

"Pillow Man" : confidences d’un oreiller

C’est l’histoire "d’un homme allongé qui veut rester debout pour vivre", celle d’un ancien chauffeur routier au chômage pour des problèmes de dos. Jean a perdu tout espoir de retrouver un emploi quand il se présente à un entretien où l’on cherche des insomniaques. Son uniforme ? Un pyjama. Sa profession ? Oreiller vivant. Jean est Pillow Man, il prend son nouveau métier au sérieux. En offrant du réconfort aux autres, il se découvre lui-même. Stéphane Grodet nous propose une comédie non dénuée de réflexion. Pillow Man, une histoire à dormir allongé. Jean, un nounours presque parfait. Poétique.

"Pillow Man", Stéphane Grodet et Théo Calméjane, Glénat, 26 euros

Couverture de "Pillow Man" de Stéphane Grodet et Théo Calméjane. (Editions Glénat)

 

 "Idéal" : la dictature du bonheur

Dans cette BD presque contemplative et minimaliste, Baptiste Chaubard et Thomas Hayman nous invitent à la réflexion. Quid du bonheur dans un monde où tout est à portée de main, de rêve ? Le volet SF n’est qu’un moyen pour questionner cet objet obscur nommé désir. Nous sommes en 2160 au Japon. Partout ailleurs dans le monde, les androïdes sont devenus d’usage courant. Ici, particulièrement sur l`île de Kino, ils sont interdits. En apparence, le temps semble figé. En apparence, seulement. Car le couple Hélène/Edo craquelle silencieusement. Un robot pourrait-il être la solution ? Idéal interroge l’intime. Brillant.

"Idéal", Baptiste Chaubard et Thomas Hayman, Sarbacane, 28 euros

Couverture du livre "Idéal" de Baptiste Chaubard et Thomas Hayman. (Editions Glénat)

 

"Pour une fraction de seconde" : un cheval au galop

Le cheval au galop a-t-il les quatre fers en l’air au cours des phases d’extension ? Eadweard Muybridge se propose de lever le mystère en utilisant la photographie. Nous sommes dans la seconde moitié du XIXe siècle, un jeune anglais, Eadweard Muybridge, qui ne s'intéresse pas particulièrement aux chevaux émigre en Californie. Passionné par la photo, il acquiert un matériel de très bonne qualité et se lance dans une carrière hors norme. Il va réussir à fixer sur pellicule la course d’un cheval au galop, devenant ainsi le premier homme à dompter le mouvement et à projeter un film. Guy Delisle dresse le portrait d’un homme avant-gardiste, habité d’une rare passion. A découvrir.

"Pour une fraction de seconde", Guy Delisle, Delcourt, 24,50 euros

Couverture de la BD "Pour une fraction de seconde" de Guy Delisle. (Editions Delcourt)

 

 "La 3e Kamera" : à la recherche des clichés perdus

Le trait de Denis Rodier est impressionnant de précision, le scénario de Cédric Apikian est captivant. Les auteurs de La bombe, ouvrage traduit en 18 langues et vendu à plus de 150 000 exemplaires en France, signent une œuvre documentée sur les "Propaganda Kompanien", des reporters de guerre allemands sous les ordres de Goebbels. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ces soldats de la propagande utilisaient deux appareils photo officiels. Certains, comme le lieutenant Frentz qui suivait le Führer en personne, cachaient un 3e appareil clandestin, échappant à tout contrôle : la 3e "Kamera". Nous sommes mi-avril 1945, aux environs de Berlin. L’Armée rouge encercle la capitale. Hitler se tapit dans son bunker. Son photographe prend ses derniers clichés. La 3e Kamera, une BD maîtrisée et haletante.

"La 3e Kamera", Cédric Apikian et Denis Rodier, Glénat, 23 euros

Couverture de "La 3e Kamera" de Cédric Apikian et Denis Rodier. (Editions Glénat)

 

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