"Dragon Ball Super : Super Hero" : un nouveau film haletant tiraillé entre innovation et nostalgie
La licence phare de l'animation japonaise s'offre un lifting en images de synthèse tout en conservant les ingrédients qui font son succès depuis près de 40 ans : combats, transformations et humour. Centré sur des personnages habituellement secondaires, ce 21e film entre dans une nouvelle ère, sans oublier de choyer les fans de la première heure.
On ne présente plus Dragon Ball, cette franchise qui a démocratisé les mangas et leurs adaptations animées en France depuis les années 80, au même titre que Naruto ou encore One Piece continue à le faire aujourd'hui. Trente-huit ans après la sortie du premier tome et quelque 260 millions d'exemplaires vendus depuis à travers le monde, c'est avec son 21e film d'animation que la licence signée Akira Toriyama fait son retour au cinéma mercredi 5 octobre. Le public français aura dû faire preuve de patience pour découvrir ce nouveau long-métrage sorti en avril au Japon, et qui a déjà eu le temps de réaliser un carton au box-office américain.
Pour les moins initiés, Dragon Ball Super constitue la suite directe de la saga Dragon Ball Z, l'anime star des années 90 qui a mis à l'honneur de puissants guerriers nommés Saiyans comme le héros Son Goku, son rival Vegeta ou encore son fils Son Gohan. C'est ce dernier, devenu adulte et père d'une petite Pan, qui se retrouve au centre de l'intrigue du film. Aidé par son mentor Piccolo, il doit faire face à une nouvelle menace qui pèse sur la Terre : la célèbre Armée du Ruban Rouge s'est reformée et a fabriqué de nouveaux cyborgs, les puissants Gamma 1 et Gamma 2. Mais leur concepteur, le docteur Hedo, travaille en parallèle sur une arme ultime, qui serait capable de surpasser les puissantes créations de son grand-père, le docteur Gero.
Combats dynamiques, musique épique
Pari osé qui divise la communauté des fans de Dragon Ball, le choix de la CGI (animation par ordinateur ou images de synthèse) marque un tournant dans les pratiques de la série animée Dragon Ball Super et du précédent film Dragon Ball Super : Broly (2018). Le studio Toei Animation, qui conservait jusqu'à présent l'utilisation de la 2D "classique" à l'exception de quelques séquences, affirme par l'intermédiaire du réalisateur du film Tetsuro Kodama sa volonté "d'innover et de toucher un nouveau public". Après quelques minutes d'adaptation, cette technique - démocratisée depuis des années par les grands studios d'animation comme Disney, Pixar et Dreamworks - vient se mettre assez naturellement au service du film. Les mouvements sont fluides, les scènes de bataille dynamiques et lisibles. On note même une meilleure uniformité dans les expressions de chaque personnage, en comparaison avec le long-métrage sorti il y a quatre ans, qui alternait les plans d'exception et d'autres beaucoup plus médiocres.
Au rayon des satisfactions, la bande-originale se distingue par une orchestration particulièrement bien maîtrisée, qui apporte un caractère épique aux combats pendant la majeure partie du film. Seule la séquence finale, pourtant aboutie visuellement, aurait mérité un accompagnement musical plus soutenu. Un accroc dans la montée en puissance dramatique, qui met également en perspective de sérieux problèmes de rythme. Car si la première partie a le mérite de poser le décor pour embarquer les moins initiés, elle souffre de longueurs qui laisseront clairement les plus sceptiques sur la touche. Et ce, malgré les notes d'humour distillées tout au long des 100 minutes de visionnage.
La nostalgie avant l'originalité
Comme c'est le cas pour toutes les licences qui durent et qui rapportent beaucoup, Dragon Ball Super : Super Hero se retrouve tiraillé entre son besoin de modernité et sa volonté de faire perdurer la tradition. Le succès de l'anime tient en grande partie aux transformations des combattants, comme le célèbre Super Saiyan aux cheveux dorés. Depuis, les changements de couleurs associées aux niveaux de puissance ont fait le bonheur des produits dérivés issus de la franchise, au risque d'agacer les "puristes". Cette surenchère assumée n'épargne pas ce nouveau film, à tel point qu'il devient compliqué de maintenir une cohérence au niveau de l'évolution des héros.
La nostalgie reste pourtant largement au rendez-vous, avec en toile de fond la bonne idée de mettre en avant Piccolo et Son Gohan, habituellement relégués au second plan. De (très) nombreux clins d'oeil aux précédentes aventures sont également aussi rendez-vous, des iconiques boules de cristal aux lieux emblématiques de l'univers de Dragon Ball, comme la tour Karin ou les locaux de Capsule Corporation. Mais on peut aussi regretter le "recyclage" systématique des méchants qui ont marqué la saga, au lieu de lancer dans le grand bain des personnages inédits. Conséquence directe : le scénario a une fâcheuse tendance à tourner en rond d'une aventure à l'autre et peine à offrir des perspectives dignes d'intérêt pour la suite. Un comble, quand on sait que le manga papier Dragon Ball Super se poursuit et que de nouveaux projets sont à l'étude pour la télévision et le cinéma...
La fiche
Genre : animation, arts martiaux, action, fantastique
Réalisateur : Tetsuro Kodama
Producteur : Norihiro Hayashida
Scénariste : Akira Toriyama
Voix : Patrick Borg, Masako Nozawa, Mark Lesser
Pays : Japon
Durée : 1h39
Sortie : 5 octobre 2022
Distributeur : Toei Company
Synopsis : L'armée du Ruban Rouge avait été détruite par Son Goku, mais des individus ont décidé de la faire renaître. Ils ont ainsi créé les cyborgs ultimes, Gamma 1 et Gamma 2. Autoproclamés les "Super Héros", ils lancent une attaque contre Piccolo et Son Gohan. Quel est le but de cette nouvelle organisation du Ruban Rouge ? Face à ce danger qui se rapproche, il est temps pour les vrais héros de se réveiller !
> Retrouvez aussi notre interview en vidéo de Brigitte Lecordier, la voix emblématique de Son Goku enfant, mais aussi de Son Goten et de C-18 dans "Dragon Ball Super : Super Hero" :
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