Interview Thomas Sirdey, co-fondateur de Japan Expo : "Notre but, c'est d'accueillir les passionnés et offrir une porte d'entrée aux curieux"

Le festival qui célèbre la pop culture japonaise a vu le jour à la fin des années 1990. Il se tient cette année du 11 au 14 juillet 2024 au Parc des expositions de Villepinte.
Article rédigé par Maryame Bellahcen
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4 min
Photo montrant une vue d'ensemble de l'édition 2022 de la Japan Expo, le 17 juillet 2022, à Villepinte. (STEPHANE MOUCHMOUCHE / HANS LUCAS / AFP)

Né en 1979, Thomas Sirdey, co-fondateur du festival Japan Expo, a créé en 1999 avec deux autres personnes ce qui sera le plus grand événement de la culture nipponne en France. Nous l'avons rencontré alors que vient de s'ouvrir la 23e édition du festival jeudi 11 juillet au Parc des expositions de Villepinte.

Franceinfo Culture : Pouvez-vous nous raconter l'origine de Japan Expo ?
Thomas Sirdey : La Japan Expo était l'idée de trois personnes, Jean-François et Sandrine Dufour et moi-même. Nous étions trois passionnés du Japon qui avaient envie de faire partager cette passion au maximum de personnes. À l'époque, le manga n'avait pas la même image qu'aujourd'hui, c'était beaucoup moins démocratisé. On voulait donc se retrouver, et quoi de mieux pour ça qu'un festival. L'idée est née vers la fin des années 1990.

De droite à gauche : Thomas Sirdey, co-fondateur de la Japan Expo, Makita Shimokawa, ambassadeur du Japon en France, Masato Ueda du bureau local du ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie du Japon et enfin Jean-François Dufour, co-fondateur de la Japan Expo. (ALEXIS DESMAZIERES)

D'où vient votre passion pour la culture japonaise ?
Je pense que plusieurs personnes de ma génération et moi-même avons découvert le Japon au travers des dessins animés dans les années 1980, et après, ça s'est construit avec le manga, puis la nourriture, puis le mode de vie qui fascine, et aujourd'hui, le Japon a la place qu'il a dans la pop culture en France. Avec Japan Expo, on voulait et on espère apporter une petite pierre à l'édifice.

Combien de personnes assistent chaque année à la Japan Expo ?
Lors de l'édition de l'année dernière, on a accueilli un peu plus de 250 000 visiteurs. De plus, il y a également 12 000 emplois qui ont été créés, si on compte également les saisonniers. Ici, il n'y a pas de bénévoles, tout le monde est payé.

On voit qu'aujourd'hui des personnes de tout âge et de tous horizons viennent au festival, quel était votre public cible de base ?
Notre but, ça a toujours été d'accueillir à la fois les gens qui sont passionnés, de leur proposer des contenus hyperpointus et très niche, mais aussi de pouvoir présenter le Japon dans sa généralité aux gens qui sont juste curieux, parfois le manga aide beaucoup les gens à s'intéresser à la culture japonaise dans sa globalité. De plus, nous avons de plus en plus de visiteurs non franciliens et même non francophones.

Donc le manga peut être une porte d'entrée vers la culture japonaise ?
Tout à fait, plusieurs personnes se sont intéressées à la culture japonaise à travers le manga. C'est un art qui représente une bonne partie du festival. Mais il y a aussi des exposants qui présentent des arts martiaux, des jeux de société, de la calligraphie. Il arrive très souvent que les personnes viennent une première fois pour les mangas et reviennent l'année d'après pour la culture dans sa globalité.

Vous accueillez chaque année au sein de ce festival des artistes japonais, comment se passent les collaborations en général ?
Au début, c'était un peu compliqué de faire venir des créateurs du Japon. Si on parle de la fin des années 1990 et le début des années 2000, ils n'étaient pas tout à fait au courant du succès que leurs œuvres connaissaient. Après, ils se sont aperçus de l'ampleur que ça avait pris, et aujourd'hui, ils accompagnent le mouvement et les collaborations se font un peu plus facilement qu'avant.

Les créateurs japonais n'ont donc pas conscience de leur impact en France ?
Ils ne l'avaient pas, mais maintenant, ils l'ont un peu plus, je me souviens, par exemple, nous avons invité le créateur de Goldorak, qui est une œuvre qui a bercé ma génération et qui a initié beaucoup de personnes aux dessins animés japonais. Lorsque nous sommes entrés en contact avec lui, il était un peu hésitant, il n'était pas sûr que Goldorak était connu ici, il nous a même posé la question : vous êtes sûrs qu'ils connaissent Goldorak ? Et on lui a répondu : oui, venez, vous verrez, ils connaissent [rires].

Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui souhaiterait organiser ou créer un événement de pop culture ?
Avant toute chose, il faut bien connaître les législations [rires] et par législations, j'entends tout ce qui est bureaucratie et procédures administratives, etc. Cela paraît évident, mais si on ne fait pas attention, il est très facile de se retrouver face à des obstacles. La deuxième chose, c'est l'importance de bien savoir de quoi l'on parle. Ça paraît un peu bête dit ainsi, mais j'ai vu plusieurs initiatives, conventions ou autres, qui étaient vraiment superbes, même s'ils étaient de petite envergure, on sentait qu'il y avait de la passion derrière. Et inversement, on le sent quand un événement souhaite uniquement surfer sur une vague ou tendance. Lorsque l'on sait de quoi on parle, on saura ce qu'on proposera aux gens.

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