Mangas : dans notre sélection d’avril, de l’action, de l’histoire, de l’humour, de la poésie et du survivalisme

La rédaction de franceinfo vous recommande “Yan”, “Rose Bertin, la couturière fatale”, “Kindergarten wars”, “Silent Blue”, ”La règle de trois” et “Breakdown”.
Article rédigé par Laetitia de Germon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 9min
La sélection manga d'avril (© Ki-oon, © Vega, © Sakka, © Glénat, © Kazoku, © Moon Light)

Notre sélection vous propose un récit de super-héroïne déjanté, un manga historique dans la France du XVIIIe siècle sur Rose Bertin, du loufoque, bourré d’action et d’humour, un titre sur souvenir, la quête de soi, un manga touchant, à l’ambiance mélancolique et nostalgique et un portrait très critique de l'espèce humaine sur fond de survivalisme. 

"Yan", de Sheng Chang, chez Glénat

Yan (© by CHANG Sheng / Glénat)

Une trilogie captivante. Une relecture d’un célèbre opéra de Pékin à travers un récit de super-héroïne déjanté où cultures pop et traditionnelle cohabitent à merveille.

La famille de Yan, 15 ans, fait partie de la prestigieuse troupe de l’Opéra de Pékin… Mais le jour où tous ses membres sont sauvagement assassinés, l’adolescente se retrouve accusée à tort de ce meurtre sordide ! Seule survivante du massacre, elle sera incarcérée durant de longues années dans un centre de recherche tenu secret. Mais l’heure de vérité a sonné. De retour parmi les vivants, Yan n’a rien oublié. Revêtue du traditionnel costume théâtral que sa famille avait coutume de porter, elle va entrer dans une spirale de vengeance…

Les dessins sont efficaces, parfois très sombres avec un très beau travail des ombres. Certaines scènes et costumes de Yan nous rappellent Cat's Eyes ou Catwoman ou encore Kill Bill. Si l’action est limpide, le récit, lui, nous réserve de nombreuses surprises. Soyez attentifs lors de votre lecture si vous ne voulez pas passer à côté d’éléments importants.

"Rose Bertin, la couturière fatale", de Jingetsu Isomi, chez Kazoku (Michel Lafon)

Rose Bertin, la couturière fatale (© Jingetsu Isomi / SHINCHOSHA Publishing Co. Ltd. / Kazoku)

Un manga historique dans la France du XVIIIe siècle qui suit Rose Bertin, un personnage réel et d'importance puisque c’est l’une des premières femmes entrepreneuses.

Marie-Jeanne Bertin a un talent exceptionnel : robes, chapeaux, broderies, rien ne lui résiste ! La jeune femme n'a pas son pareil pour inventer de nouvelles toilettes. Bientôt embauchée dans une maison de modes de Paris, elle compte bien devenir la meilleure ouvrière de la capitale... Mais elle ignore encore le destin hors du commun qui lui est promis : entre révolution de la mode et dépenses irraisonnées, sa rencontre avec la reine Marie-Antoinette fera basculer à jamais le sort de la France…

Très fidèle à l'Histoire, le manga prend aussi quelques libertés scénaristiques qui égayent le récit. Le dessin est léger, expressif, les planches fourmillent de détails sur les tenues de l'époque et les décors parisiens. La mangaka nous invite à scruter les planches, et l’on découvre ainsi des personnages que l’on n’avait pas forcément vus comme un marchand oriental, un crieur public, une lavandière…

Si vous aimez le monde de la mode et de la couture, l’histoire et les femmes fortes, ce manga est fait pour vous.

"Kindergarten wars", de You Chiba, chez Ki-oon

Kindergarten wars (© by You CHIBA / Shûeisha / Ki-oon)

Un manga un peu loufoque, bourré d’action et d’humour.

Découvrez le jardin d'enfants le plus sécurisé du monde et ses enseignants au tempérament explosif ! Rita est la dernière recrue du “Kindergarten Black”, surnommé “la maternelle la plus sûre du monde”, qui accueille les enfants de l’élite du pays. La réputation de l’établissement n’est pas usurpée : ses employés sont des criminels aguerris chargés de repousser toute attaque ! Rita elle-même est une tueuse légendaire qui, en échange d’une remise de peine, a accepté ce poste hors du commun…

Vous pensez qu’il n’y a que de l’action ? Pas du tout car ce dont rêve Rita, c’est d’amour. Dès qu’elle voit un homme, elle le considère comme un potentiel futur copain, à condition d’être beau et, surtout, de partager ses goûts bien tranchés. Cuisine, cinéma, personnalité… Chaque adversaire est mis à l’épreuve avec un quiz sans concession, où la moindre erreur est punie de mort, ce qui occasionne des moments très drôles.

Un mélange détonnant, totalement absurde et prenant.

"Silent Blue", d’Icori Ando, chez Moon Light

Silent Blue (© by ANDÔ Ikori - ANDO Icori / Shôdensha / Moon Light)

Un manga sur le souvenir, la quête de soi et l’intime dont se dégage une douceur emplie de mystère.

Il y a 20 ans, une météorite s'est écrasée en plein cœur de la ville où vivait la jeune Aoko. Une pluie incessante a rempli le cratère engendré par le crash, et un mystérieux lac renferme désormais la mémoire dormante des habitations. Aoko, désormais adulte, ne cesse de plonger dans ce lac afin d'y retrouver les souvenirs qui y sont enfouis…

Ce one-shot est un manga feel good où le mystère est présent sans pour autant être l’élément principal. L’histoire tourne essentiellement autour d’Aoko, une jeune fille déterminée, lucide et posée. Le regard qu’elle porte sur la vie donne une ambiance poétique, chaleureuse et mystérieuse au récit. Elle nous entraîne dans sa quête sans que l’on sache vraiment ce qu’elle cherche. Le dessin est fin, clair, parfois enivrant, parfois épuré, et sait faire naître les émotions. Un très bon moment.

"La règle de trois", de Fumiya Hayashi, chez Sakka

La règle de trois (© by Fumiya HAYASHI / Enterbrain / Sakka)

"Ça me rend triste que les choses qu’on aime s’éteignent sans qu’on puisse rien y faire". Un manga touchant, à l’ambiance mélancolique et nostalgique dont on a du mal à se séparer.

"Nous trois, ça aurait dû durer pour toujours."
Kôtarô et Tôru, voisins et amis d’enfance, sont autrefois tombés amoureux de la même jeune femme : Tôko. Tous trois ont formé un étrange triangle doux-amer, jusqu’à la disparition soudaine de Tôru.
Aujourd’hui, malgré toutes les années, malgré son mariage en apparence paisible avec Tôko, Kôtarô reste hanté par les regrets et rongé par la culpabilité. Une rencontre comme un coup de tonnerre va brutalement ramener le couple dans le passé, à l’époque lumineuse où la vie s’écrivait à trois.

Ce manga est bien plus qu’un triangle amoureux. Ici, il est question d’amitié, d’amour, et des relations complexes qui peuvent naître au sein d’un groupe d’amis. Une histoire très réaliste, aux personnages attachants qui, comme dans la vie, font des erreurs, se blessent et sont complices. Dans cette histoire, il est avant tout question de regrets, de culpabilité et de compréhension.

"Même si on est triste que les bons moments aient une fin, ça ne veut pas dire que notre bonheur s'est évaporé."

"Breakdown", de Takao Saito, chez Vega

Breakdown (© by SAITÔ Takao / Leed / Vega)

Ce manga s’intéresse aux techniques de survie mais pas seulement. Il dresse un portrait très critique de l'espèce humaine.

Alors que l’astéroïde Wilby risque d’entrer en collision avec la Terre, Misato Otomo, un enquêteur travaillant pour le service d'information d'une chaîne de télévision, décide d’aller voir un de ses amis, spécialistes des comètes. Il est malgré lui accompagné de son rédacteur en chef qui espère avoir une exclusivité. Mais les choses ne vont pas se dérouler comme prévu. Misato Otomo et son chef survivent par miracle au cataclysme, mais ils vont découvrir un Japon dévasté, revenu à l’âge de pierre. Il devra surmonter la peste, les animaux redevenus sauvages, une pénurie alimentaire extrême... et une humanité rendue à ses origines barbares.

La tension monte au fur et à mesure des pages, l'angoisse de la mort, la découverte des paysages, les difficultés auxquelles il faut faire face. L’occasion pour l’auteur de distiller quelques conseils/techniques de survie. Le comportement du rédacteur en chef est insupportable, notamment parce qu’il semble totalement déconnecté de la réalité. Cela illustre le côté sinistre de la nature humaine dans une situation désespérée. Plus le récit avance et plus on se demande quelle va être la réaction de Misato Otomo envers son chef qui le traite comme son esclave.

Côté dessin, on reconnaît tout de suite le style de Takao Saito, intense et très réaliste, qui nous happe assez rapidement.

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