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Mangas : six titres pour bien finir l'année

Avant les fêtes de fin d'année, notre sélection des mangas les plus marquants de 2022.
Article rédigé par Laetitia de Germon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 9min
Notre sélection manga : Yoshiyuki Sadamoto, Shinya Shima, Kanehito Yamada et Tsukasa Abe, Junji Ito, Kauzhiro Fujita, Non. (DR)

Il n'est pas toujours facile de savoir quel manga acheter, tellement le nombre de sorties est important : plus de 1 700 entre janvier et septembre 2022. Voici une sélection de titres sortis cette année. Il y a de très belles rééditions, des thrillers, de la science-fiction, pour adultes ou adolescents.

"Karakuri Circus", de Kazuhiro Fujita : bien plus que des marionnettes et du cirque

Manga d'action culte au Japon, Karakuri Circus revient en France chez Meian dans une très belle édition, après une première publication inachevée chez Delcourt en 2003. Le grand format permet d'entrer facilement dans l'univers foisonnant et complexe de Kazuhiro Fujita.

Masaru Saïga, un jeune milliardaire orphelin de 10 ans, poursuivi par d'étranges hommes en noir, va être secouru par Narumi Katô qui distribue des prospectus pour un cirque. Ce dernier va vite s'apercevoir que les agresseurs sont en fait des pantins de bois contrôlés à distance qui vont les poursuivre inlassablement. En venant en aide au jeune garçon, il va découvrir un monde de marionnettes géantes. Il demande alors à Narumi de l'accompagner au cirque pour y retrouver une certaine "Shirogane", qui saura le protéger grâce au contenu de sa valise, à savoir, une marionnette géante.

Action, émotion, humour, personnages hauts en couleur, intrigants autant qu'attachants, multiples rebondissements, Karakuri Circus captive. Cette série a profondément marqué l'évolution des shônens de la fin des années 90 et du début des années 2000 grâce à son univers très mature et profond, mais aussi avec son style graphique dynamique, détaillé et puissant.

Karakuri Circus, de Kazuhiro Fujita (Meian). (© 1997 BY KAZUHIRO FUJITA /SHOGAKUKAN INC. TOKYO / MEIAN)

"Neon Genesis Evangelion", de Yoshiyuki Sadamoto : l’une des plus grande séries de manga de science-fiction

Neon Genesis Evangelion est une œuvre mythique des années 90, dont ce manga est une adaptation plus que fidèle de la série d’animation japonaise écrite et réalisée par Hideaki Anno et diffusée sur Netflix en 2019. Si vous ne connaissez pas cette saga, cette Perfect Edition proposée par Glénat en grand format avec des pages en couleurs en milieu de volume, est idéale pour commencer.

En 2015, alors que les humains ayant survécu au cataclysme du Second Impact se sont réfugiés dans la cité forteresse de Tokyo-3, de mystérieux Anges apparaissent, semant la terreur et la destruction. Pour les combattre, l’organisation Nerv possède la seule arme capable de les repousser : les Evangelion. Seulement, il manque encore l’essentiel pour activer ces gigantesques machines de guerre anthropoïdes : un pilote… C'est Shinji, 14 ans, qui va être désigné par son père qui a mis au point l’EVA-01, une armure robotisée pilotée de l’intérieur.

Evangelion n'est pas qu'une simple histoire de robot, le récit est un mélange de réflexion sur soi, sur le monde, d'action et de drame. Passer d'une version animée à un manga n'est pas facile, mais Yoshiyuki Sadamoto le fait très bien. Si la trame est la même, tout comme les personnages et les enjeux, le mangaka créé ses propres environnements et propose une nouvelle vision de l’œuvre.

Neon Genesis Evangelion, Perfect Edition, de Yoshiyuki Sadamoto (Glénat). (© YOSHIYUKI SADAMOTO . GAINAX / KADOKAWA LTD. / GLÉNAT)

"Lost Lad London", de Shinya Shima : un thriller épuré

À la frontière entre manga et roman noir, Lost Lad London renouvelle le genre policier. Al, étudiant londonien d’origine asiatique, vit en colocation et a pour ambition d’obtenir son diplôme sans faire de vagues… Malheureusement, sa vie va basculer le jour où il va découvrir qu'il se trouvait dans le métro où le maire de la ville a été retrouvé assassiné.

C'est Ellis, un inspecteur bourru mais compétent, qui est chargé d'enquêter malgré un bras et une jambe dans le plâtre. Hanté par le souvenir d’une enquête qui a mal tourné, il est bien décidé à ne plus jamais se tromper de coupable. L'inspecteur va vite entrer en contact avec Al. Malgré les suspicions qui pèsent sur l'étudiant, Ellis va lui proposer de travailler avec lui sur cette affaire, qui a l’air de tourner autour de Al, bien plus que ce qu'il n'y paraît. À la frontière entre manga et roman noir, Lost Lad London est un policier à l'ambiance unique. Le dessin de Shinya Shima est épuré et peut en rebuter certains, mais il serait dommage de passer à côté de ce titre. Dès les premières pages, on est happé par ce manga rythmé, mystérieux, au scénario centré sur les personnages.

Lost Lad London, de Shinya Shima (Ki-oon). (© SHIMA SHINYA 2019 ET 2021 / KADOKAWA CORPORATION / KI-OON)

Junji Ito, l'un des maîtres du manga d'horreur

Junji Ito est un peu à l'honneur cette année avec de nombreuses rééditions de ses titres, dans de très belles collections. Les éditions Delcourt ont publié plusieurs titres du mangaka, dont La Déchéance d'un homme et Histoires courtes. Les éditions Mangetsu ont réédité cinq titres de Junji Ito cette année. Parmi eux, Les Chefs-d’œuvre de Junji Ito 1 et 2 qui regroupent chacun dix des histoires les plus emblématiques du mangaka pour lesquelles il a à chaque fois écrit un commentaire. Une très belle manière de découvrir l'auteur si on ne le connaît pas.

Auteur emblématique de l’horreur japonaise, il est le digne descendant de Kazuo Umezu (L'École emportée), notamment, dont il revendique l'influence. Junji Ito est un adepte des histoires courtes qui selon lui conviennent le mieux au genre horrifique. Ce format permet de faire monter l'angoisse, la peur, et "au moment où on arrive au point d’orgue : pan !", explique l'auteur. Pour augmenter la sensation de peur, Junji Ito jour beaucoup sur l'atmosphère qu'il met en place et sur ses dessins. Pour lui, dessiner la peur est le meilleur moyen d'explorer le genre humain.

Tomie et Les Chefs-d’œuvre de Junji Ito 1 et 2 (Mangetsu). Histoires courtes, de Junji Ito (Delcourt). (© JUNJI ITO/ASAHI SONORAMA LTD. © BY ITÔ JUNJI / ASAHI SHINBUN / MANGETSU © BY ITÔ JUNJI / SHÔGAKUKAN / DELCOURT)

"Frieren", de Kanehito Yamada et Tsukasa Abe : une odyssée introspective

Le jeune héros Himmel et ses compagnons, l’elfe Frieren, le nain Eisen et le prêtre Heiter, rentrent victorieux de leur combat contre le roi des démons. Après dix ans d'efforts, il est temps pour eux de retrouver une vie normale.

Frieren ne semble guère touchée par leur séparation. Pour la magicienne à la longévité exceptionnelle, une décennie ne pèse pas lourd. Elle reprend la route en solo et promet à ses camarades de les retrouver un demi-siècle plus tard. Elle tient parole… Mais ces retrouvailles sont aussi les derniers instants passés avec Himmel, devenu un vieillard qui s’éteint paisiblement sous ses yeux. Frieren est sous le choc... La vie des humains est si courte !

Frieren est un manga atypique. Il revisite le genre de la fantasy de manière originale et délicate. Ici, l'histoire ne commence pas avec la constitution de la troupe de l'héroïne, mais quand la troupe des héros a battu le dernier boss. On découvre alors ce qu'il se passe après.

Ce titre est une très belle ode à l’amitié et à l’importance du temps qui passe, le tout mis en avant par un dessin délicat et parfois émouvant. Frieren n'est pas en quête de puissance, elle souhaite simplement apprendre à connaître les gens et à profiter des bonheurs du quotidien.

Frieren, de Kanehito Yamada et Tsukasa Abe (Ki-oon). (© 2020 KANEHITO TAMADA - TSUKASA ABE / SHOGAKUKAN / KI-OON)

"Adabana", de Non : un thriller très efficace

Suspense, faux-semblants et ambiance trompeuse sont les maîtres-mots de ce manga. Dans une petite ville tranquille du Japon, le corps démembré d'une lycéenne du nom de Mako Igarashi, est retrouvé près d'un lac. Très vite, Mizuki Aikawa, élève au même lycée que la victime, revendique les faits auprès des forces de police locales. Mais le doute s'invite progressivement dans la tête de ses avocats.

L’autrice nous donne l'impression de connaître les pensées de Mizuki, mais elle reste malgré tout une énigme. Impossible de savoir ce qu'elle pense vraiment et si ce qu'elle dit est vrai, le doute est toujours-là, notamment en raison du manque de clarté de ses déclarations. On est happé par cette histoire. L'ambiance est machiavélique, les dessins très réalistes, les décors et les expressions nous font ressentir la froideur de certaines situations. Attention, ce manga n'est pas à mettre entre toutes les mains. Même si elles ne sont jamais gratuites, les scènes de violence physique sont explicites et très réalistes. Le viol et le harcèlement sont également abordés sans filtre.

Adabana, de Non (Kana). (© 2020 BY NON/SHUEISHA INC. / KANA)

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