"Même dans ma vie, je suis provocateur", confiait Tomi Ungerer à franceinfo en 2012
L'illustrateur et dessinateur racontait son goût pour la subversion, mais aussi la nécessité "d'instiller la peur aux enfants, pour qu'ils apprennent à s'en débarrasser".
Tomi Ungerer est mort dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 février, à Cork, en Irlande, à l'âge de 87 ans. L'illustrateur était connu notamment pour les livres pour enfants Les Trois Brigands et Jean de la Lune, mais aussi pour ses albums érotiques ou ses affiches politiques. Le dessinateur avait accordé un entretien à franceinfo en décembre 2012, alors qu'un documentaire lui était consacré (Tomi Ungerer, l'esprit frappeur). Il avait notamment évoqué la vision de son travail, souvent porté sur la subversion.
Né à Strasbourg, il avait quitté l'Alsace dans les années 50 pour les Etats-Unis. Débarqué à New York avec 60 dollars en poche, il se fait rapidement un nom comme illustrateur pour la publicité puis par ses livres pour enfants. Il signe aussi des affiches satiriques, politiques. Avec un moteur, la provocation. "Si on travaille dans la satire, si on veut s'attaquer à quelque chose ou défendre quelque chose, il faut taper fort, il faut taper dur. En allemand, pour un 'slogan' on dit 'schlagwort', c'est le mot qui donne un coup de poing. C'est aussi pour ça que j'utilise énormément aussi l'érotisme comme arme de provocation. Même dans ma vie, je suis provocateur, de façon gratuite je dois l'avouer ! C'est uniquement pour la sensation forte, celle de savoir ensuite qu'on ne s'est pas fait arrêter par la police", expliquait Tomi Ungerer.
Je ne dessine pas avec ma main, je dessine avec mon poing.
Tomi Ungererà franceinfo
La subversion, Tomi Ungerer l'instille aussi dans ses contes pour enfants, comme dans Les Trois brigands, ou Jean de la Lune. D'un côté, il veut lutter contre les préjugés et de l'autre, il joue avec la peur des enfants. Pour l'artiste, il est bon de faire peur aux enfants : "C'est essentiel d'instiller la peur aux enfants, pour qu'ils apprennent à s'en débarrasser. Qu'est-ce qui donne le piment à la vie ? C'est le défi de pouvoir se battre pour quelque chose ou contre quelque chose, souvent même contre soi-même. Donc c'est formidable d'apprendre à surmonter sa peur."
Enfant, pendant la guerre, chaque fois qu'il y avait une bombe qui explosait, on éclatait de rire, même encore maintenant ça me fait rigoler.
Tomi Ungererà franceinfo
L'illustrateur se souvient de son enfance : "Moi, j'avais de la chance, j'avais une mère qui n'avait pas peur. Souvent même, pendant les bombardements ou les tirs des obus, quand on allait chercher de l'eau à la rivière sur le traîneau, on partait tous ensemble, pour mourir ensemble."
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