"Mon Bataclan" : Fred Dewilde, un graphiste rescapé du drame, le raconte en BD
Le dessin est en noir et blanc. Les terroristes représentés sous forme de squelettes, ont le visage blême de la mort. Quand ils commencent à tirer, "nous ne sommes plus qu'un masse grouillante de vivants, de blessés, de morts, une masse de peur, hurlante de terreur", se souvient Fred. Il se retrouve allongé près d'un mort. "Je prends la mesure de ce qu'on est en train de vivre. Je suis encore vivant... Un vivant chez les morts."
Reportage : France 3 Paris Île-de-France / A. Blacher / P. Quiers / S. Wislin
Fred et Elisa, deux inconnus qui tentent de se réconforter
Sur sa gauche gît une jeune femme. Blessée mais vivante. "Elle pourrait être ma fille", se dit Fred. C'est Elisa. A voix basse, ces deux-là qui ne se connaissaient pas tentent de se réconforter. "On se détache de cette horreur, on se crée une bulle d'humanité." Ils savent qu'au moindre cri les assassins tireront sur eux. Chacun tient pour que l'autre puisse tenir. Surtout ne pas craquer.Leur calvaire dure deux heures jusqu'à l'arrivée de la police. Fred est vivant mais détruit. "Je connais, l'odeur, le goût de l'atrocité, de l'incompréhensible."
Comment vivre encore ?
La deuxième partie de l'album s'intitule "vivre encore" et on s'aperçoit que cela ne va pas de soi. "Est-ce vraiment utile de se laver aujourd'hui ? Manger ? Pas faim !" Il faut vivre avec la peur du bruit, la peur tout court. Fred raconte être devenu "incapable" de rester concentré plus de quelques minutes. Pour se reconstruire, Fred peut compter sur sa famille. "Ma femme m'a porté." Il y a aussi l'humour ("Mon côté Monthy Python"). Dans la fosse du Bataclan, il a trouvé la force de raconter des blagues à Elisa.L'album "Mon Bataclan" aussi l'a aidé à refaire surface. "Comme par hasard, j'ai fini les dessins le vendredi 13 mai. Six mois après, jour pour jour."
Fred Dewilde affirme qu'il n'a "pas réussi à haïr" après le Bataclan. Il ne faut "pas tomber dans la peur du foulard, du basané, de l'autre", écrit-il dans une postface rédigée après l'attentat de Nice.
"L'ennemi n'a pas de couleur, pas de confession. L'ennemi c'est le fanatisme, c'est la peur, c'est la folie qui conduit à la guerre."
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