"Seuls" : après la série BD, les fans découvrent le film en avant-première à Angoulême
Quand les ados invités avec leurs classes déferlent dans la salle de projection, ces deux-là sont déjà installés, assis légèrement en retrait, presque en catimini. "On n'avait pas d'invitation pour venir. On a quand même demandé si on pouvait assister à la projection, et ils ont dit ok. Alors on est là tous les deux. Mes parents nous ont laissés seuls (pour la projection)", raconte Blaise. "On est venus d'Albi", continue le garçon, grand sourire. "C'était mon cadeau d'anniversaire", ajoute Ferdinand à côté de lui. "Oui, pour son anniversaire, je l'ai invité à venir à Angoulême pour le weekend", ajoute Blaise, tout fier. Pas de doute, on a trouvé deux vrais fans.
Ils sont fans de "Seuls", cette série de Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann (Dupuis), Prix Jeunesse à Angoulême en 2007, 10 tomes et plus d'un million d'exemplaires vendus depuis sa création en 2006. La BD raconte les aventures d'une poignée d'enfants livrés à eux-mêmes dans un monde où les adultes ont mystérieusement disparu... Elle aborde sans tabous des questions plutôt rudes (la séparation, la mort, la violence, la dictature...), mais avec la tendresse du trait de Gazzotti.
"Parfois drôle, parfois tragique"
"J'aime bien le thème de cette série, j'aime bien l'idée qu'ils sont seuls", explique Blaise, "Oui ils sont seuls et ils doivent survivre sans les parents", ajoute Ferdinand. "Et les personnages sont attachants. Ça donne envie de connaître la suite" poursuit Blaise. "Et c'est parfois drôle, et parfois tragique, ça j'aime bien aussi", poursuit Blaise. C'est en regardant des vidéos sur YouTube qu'ils ont découvert l'adaptation de leur série au cinéma. "Je suis tombé par hasard sur une bande-annonce", raconte Ferdinand. "On va bien voir ce que ça donne en film. Parfois c'est un peu raté quand ils essaient de faire un film avec une BD alors on va voir...".Toute l'équipe du film est là, et aussi les auteurs de la BD. "On a apporté nos albums pour les faire dédicacer", confient-ils. "Moi j'ai apporté le tome 10, je l'ai eu à Noël", raconte Ferdinand. "Moi le 2, c''est mon préféré !", ajoute Blaise. "J'espère que le film de vous décevra pas", s'inquiète le réalisateur avant que le film démarre.
La lumière s'éteint. Silence dans la salle. Le film reprend la trame des cinq premiers tomes de la série, dans une libre adaptation, qui place le personnage de Leila au centre de l'intrigue (alors que la série BD est plutôt "chorale"). Réalisation musclée, dans la salle, ça réagit bruyamment. Et quand les lumières se rallument : applaudissements. Les ados se précipitent pour faire des selfies et faire signer des autographes.
"J'ai sursauté plusieurs fois"
"Trop bien", s'exclament en chœur Ferdinand et Blaise, "Il y a des choses pas pareilles que dans la BD, comme ce brouillard, qui envahit tout, et puis dans la BD ils sont plus nombreux, mais c'était bien", ajoute-t-il. "J'ai sursauté plusieurs fois", ajoute Ferdinand, pressé d'aller faire dédicacer son album.Au fond de la salle, les auteurs de la BD discutent le bout de gras avec les acteurs. Un peu plus tard on les retrouve sur le stand des éditions Dupuis, qui présentent pour l'occasion une exposition consacrée à l'adaptation du film. Des planches en grand format, des extraits du film, des éléments de décors et des costumes.
Ferdinand et Blaise sont encore là, au premier rang, pour en savoir plus sur les coulisses du film. L'équipe est là au complet, avec les auteurs de la série BD. "On avait déjà eu des propositions d'adaptation, mais chaque fois les réalisateurs voulaient garder que le côté rigolo de l'histoire, et ils voulaient enlever la gravité, tout ce qui était flippant, le fait aussi que certains enfants meurent, et David (Moreau) lui, il nous a dit : c'est exactement ça qui m'intéresse dans votre série. Donc on a eu confiance", explique Fabien Vehlmann, le scènariste de la série BD.
"Quand j'ai lu la série, j'ai su au bout de cinq pages que c'était pour moi !", raconte David Moreau, le réalisateur. "On a travaillé ensemble. Et je leur ai fait lire le scénario à chaque étape", ajoute-t-il.
"J'aurais jamais pensé voir un film, et un bon film, adapté de ce truc qu'on a pondu il y a dix ans sur un coin de table...", confie Bruno Gazzotti. "Le film est ce que j'appelle une 'trahison fidèle'. Il a pris ce qu'il voulait pour faire le film, avec les moyens qu'il avait, mais les émotions sont les mêmes, et je retrouve des images de mon travail dans le film. Et ça c'est fort, de sentir que j'ai pu inspirer des choses avec mes images", confie le dessinateur, qui avoue avoir été très ému lors ce cette première projection en public, un peu "comme Gepetto quand Pinocchio prend vie".
"La BD nous a beaucoup aidé pour travailler notre rôle. Et en plus, la psychologie des personnages est hyper développée dans cette BD, et donc c'était un super document pour travailler le personnage, explique Stéphane Bak, qui interprète Dodji à l'écran. Sofia Lesaffre connaissait la BD avant de passer le casting. "J'avais lu les premiers albums au CDI", raconte-t-elle, "donc quand j'ai passé le casting ça m'a aidée, mais ensuite j'ai travaillé avec David Moreau, et on a construit le personnage de Leila pour le film", conclut la jeune comédienne.
Ferdinand et Blaise sont toujours là. Ils vont se faire dédicacer l'affiche, comme tout le monde, mais ce qu'ils veulent surtout, c'est leur dédicace par les auteurs de la BD. Bruno Gazzotti les emmène "backstage", et là, pendant que deux équipes de télé l'attendent, il prend le temps de faire un dessin et une dédicace pour chacun d'entre eux. "Je suis super ému", souffle Blaise. "C'est la première fois que j'ai une dédicace sur un album. Et là en plus c'est un album que j'adore !".
"Seuls", la machine à démourir" (tome 10) , de Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann (Dupuis - 48 pages - 10,95 €)
"Seuls", intégrale cycle 1 (tomes 1 à 5),de Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann (Dupuis - 264 pages - 35 €)
"Seuls", réalisé par David Moreau, avec Sofia Lesaffre, Stéphane Bak, Jean-Stan du Pac, Paul Scarfoglio, Thomas Doret (1H30, sortie le 8 février 2017)
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