"Rock Memories" et "Le Temps des copains" : deux BD pour amateurs de musique

Plutôt nostalgique des yéyés ou plutôt branché rock seventies ? Deux propositions aux antipodes aussi bien dans le ton que graphiquement, qui parleront aux fans de musique.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
Détail de la couverture de la BD "Rock Memories" d'Olivier Boscovitch et Marc Dolisi. (EDITION ENCRE ROCK)

Rock Memories et Le Temps des copains, ces deux ouvrages ont peu en commun, si ce n'est qu'ils évoquent tous deux la musique. Le premier est presque punk dans son énergie graphique et audacieux dans sa narration. Le second est beaucoup plus sage visuellement, très soigné, et le récit ne sort pas des clous. Chacun raconte et reflète son époque, mais tous les deux parlent de rock. De ses prémices pour l'un, de ses folies pour l'autre.

"Rock Memories"

Pourquoi Keith Richards a-t-il failli mettre un coup de couteau à Donald Trump, à Atlantic City en 1989, lors de la tournée Steel Wheels des Rolling Stones ? Comment Debbie Harry a-t-elle rencontré un tueur en série avant de lui échapper miraculeusement ? Qui a pissé sur la console de mixage de Phil Spector lors de l'enregistrement de Rock'n'roll de John Lennon ? Les Sex Pistols auraient-ils existé si John Lydon n'avait pas voulu ces fameuses creepers en daim blanc ? Et qui a soufflé à Angus Young d'AC/DC l'idée d'arborer cette curieuse tenue de collégien sur scène ?

D'authentiques et croustillantes tranches d'histoire du rock'n'roll, contées avec humour, ça ne se refuse pas. C'est ce que propose ce pétaradant Rock Memories, signé Olivier Boscovitch (dessin) et Marc Dolisi (scénario).

Une planche consacrée à Debbie Harry de Blondie dans la BD "Rock Memories" de Olivier Boscovitch et Marc Dolisi. (EDITION ENCRE ROCK)

C'est Swann qui raconte. Ce personnage, sorte d'esprit du rock qui a signé un pacte avec le Diable, a tout vu, tout vécu et rien oublié. Mais faute de photos et de vidéos de ces petites histoires qui courent depuis des décennies dans les veines du mythe rock'n'roll, il va nous guider dans les dédales de sa mémoire ainsi mise en images pour la première fois…

Et les images claquent, justement. À mi-chemin entre comics et pop art, elles éclaboussent les cases d'énergie et reprennent les codes couleurs des univers des personnages – rose et jaune pour les Sex Pistols, rouge et bleu pour David Bowie…

La couverture de la BD "Rock Memories". (EDITION ENCRE ROCK)

Drôle, beau et instructif, qui dit mieux que cette BD bien informée à la couverture souple qui se termine sur Daft Punk dans sa chambre et pourrait être suivie d'un spécial French Touch ? Signé d'un romancier et d'un designer et vidéaste, l'ouvrage fait même l'objet d'une exposition au Marché Dauphine des puces de Saint-Ouen, où l'on peut s'offrir des planches à tirage limité et des œuvres originales. Le succès est tel qu'elle est prolongée jusqu'au 3 janvier 2025.

"Rock Memories" d'Olivier Boscovitch et Marc Dolisi (Encre rock, 96 pages, 23 euros) est sorti le 3 octobre 2024

"Le Temps des copains"

C'est l'histoire des yéyés avant les yéyés. Celle d'une bande d'adolescents parisiens de la fin des années 1950 mordus de rock'n'roll, cette culture tout juste débarquée des États-Unis, qui gravitent autour du square de la Trinité dans le 9e arrondissement. Fascinés par l'Amérique, ils vont en adopter tous les codes de la jeunesse et devenir, en édulcorant le rock'n'roll et en l'acclimatant au français, les idoles de leur génération. On parle des futurs Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Françoise Hardy et Jacques Dutronc.

Une planche de la BD "Le Temps des copains" de Jeff Pourquié et Vincent Cuvellier. (EDITIONS CASTERMAN)

Le scénario nous plonge dans l'intimité de ces jeunes gens et dans une époque, celle à la fois insouciante et corsetée de l'après-guerre. Une époque où l'on dit "c'est bath", "ça fait une paie" et "c'est rien moche comme blaze". Une époque où le Coca-Cola et le rock'n'roll ne sont encore connus que d'une poignée d'initiés, qui se reconnaissent avec un signe infaillible : en claquant des doigts tout en fredonnant "One, two, three, o'clock, four o'clock, rock" de Bill Haley.

Jean-Philippe Smet, futur Johnny Hallyday, est au cœur du récit. Il a 14 ans, prend des cours de chant et de guitare flamenco, poussé par sa tante chez laquelle il vit. Il ne va plus au lycée, mais le cache à ses copains, ces garçons qui traînent au square, et passent leur temps à parler d'en découdre avec les bandes rivales de Montholon, des Batignolles ou de Montmartre.

La couverture de la BD "Le Temps des copains". (EDITIONS CASTERMAN)

Les auteurs rendent bien la vitalité adolescente qui bouillonne et se cherche avant d'éclore. Au dessin, Jeff Pourquié s'applique à rendre l'univers visuel de l'époque, aussi bien en intérieur (le papier peint, le mobilier, les pochettes de disques), qu'en extérieur, où il excelle avec les enseignes, les voitures et les publicités. À la fin du livre, Long Chris, qui a signé un pacte d'amitié avec Jean-Philippe, vient de découvrir le paradis au coin de la rue : il a pour nom le Golf-Drouot.

"Le Temps des copains" de Jeff Pourquié et Vincent Cuvellier (Casterman, 128 pages, 23 euros) est sorti le 18 septembre 2024

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