Tintin le polyglotte parle désormais le sarthois
Reportage : Nicolas Dalaudier et Ahlam Noussair
Il parlait déjà québécois, tahitien ou wolof... Tintin maîtrise maintenant le sarthois, patois parlé dans le nord de la Mayenne. L'idée est née au cours d'un repas à Bruxelles réunissant Samuel Chauveau, responsable de la librairie Bulle du Mans, et Nick Rodwell, fondateur des Editions Moulinsart et époux de la veuve d'Hergé. Le choix de cette version en sarthois s'est porté sur "L'affaire Tournesol", 18e tome des aventures de Tintin, qui fête cette année ses 60 ans.
Pour la traduction, Samuel Chauveau a fait appel à Serge Bertin, déjà auteur d'un dictionnaire du parler sarthois. La tâche n'a pas été facile.
Cette initiative est loin d'être une première. Depuis 1946, les albums de Tintin ont été traduits dans la plupart des grandes langues du monde. Les premières traductions en langues régionales sont également apparues très tôt : le catalan et le basque en Espagne et le breton et l'occitan en France. Se sont ajoutées au fil des ans : l'alsacien, le corse, le gaumais (lorrain), le gallo (langue d'oïl de la Haute Bretagne) ou encore le picard. Les albums en saintongeais, patois de la région de Cognac, ont fait un tabac : "L'iliate negue" ("L'île noire") et "Charboun apiloté" ("Coke en stock") se sont arrachés comme des petits pains.La difficulté principale était de réduire le parler traditionnel, qui est expansif, en des tournures plus brèves. Car lorsqu'on parle en sarthois, on développe. Là, c'était l'action, et les sarthois n'aiment pas l'action rapide. Ils sont lents !
Serge Bertin
Traducteur de "L'affaire Tournesol" en sarthois
Tintin dans toutes les langues
L'ambition de Casterman, l'éditeur historique de Tintin basé à Bruxelles, est que les aventures du petit reporter soient lues dans un maximum de langues, qu'elles soient internationales ou locales. Concernant les langues régionales et locales, ce sont des associations culturelles qui font la demande pour traduire des albums dans leur dialecte. Elles sont alors chargées de traduire, promouvoir et financer l'album. Au total, on compte plus d'une cinquantaine de traductions en idiomes locaux. Il faut sans doute voir là l'occasion de sensibiliser le public sur la question des langues régionales et leur transmission aux générations futures. Désormais, Casterman souhaite lancer des éditions en bengali, tamoul, araméen, yiddish ou bambara, la langue nationale du Mali.Comment dit-on "Bachi-bouzouk" en japonais ?
Selon les langues, les traducteurs doivent adapter les célèbres insultes du capitaine Haddock ou les noms des personnages. Ainsi, les "Dupont et Dupond" sont devenus "Schutze und Schulze" en allemand, "Thomson and Thompson" en anglais, "Hernandez y Fernandez" en espagnol et "Ar Bras/Ar Braz" en breton !En afrikaans, Tintin se nomme "Kuifie". En portugais, le professeur Tournesol s'appelle "Trifolio Girassol". Quant au fidèle Milou, il devient "Snowy" en anglais et "Struppi" en allemand. Comme Astérix, donc, l'autre star de la BD franco-belge, Tintin est lu et apprécié dans le monde entier.
"L' Zemmenchées au gars Tournesô'"
3000 exemplaires vendus à la librairie Bulle
13 rue de la Barillerie, 72 100 Le Mans
02 43 28 06 23
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