"Un gag qui m'a beaucoup touché" : un fan de Gaston Lagaffe fabrique sa tondeuse miniature pour éviter les pâquerettes
C'est un petit grain de folie semé par un dessinateur belge qui éclot au pied des montagnes du Vaudois suisse. L'inventeur David Foutimasseur est parvenu à reproduire à l'identique un petit engin poétique apparu dans une planche de la bande dessinée Gaston publiée en 1976, et dessinée par Franquin : une mini-tondeuse à gazon, conçue pour éviter les pâquerettes. Il l'a présentée samedi 16 mars lors du festival BD au château, à Aigle (Suisse).
"C'est un gag qui m'a beaucoup touché", commente le bricoleur suisse auprès de franceinfo, mercredi. "Gaston Lagaffe explique à son ami Jules que sa tante était triste quand il faisait la pelouse, parce qu'il coupait les pâquerettes. Il crée cette invention juste pour rendre service, et sans qu'on ne lui ait rien demandé."
Il a passé une dizaine d'heures à réaliser ce modèle, sur son temps libre et durant ses pauses du midi. "Grâce à mon métier de réparateur de locomotive, j'ai accès à beaucoup de corps de métier et je peux demander conseil à des collègues." Mais elle ne fonctionne pas encore tout à fait sur la photographie.
En effet, il reste encore quelques étapes avant de s'attaquer aux alpages. "Je l'ai terminée jeudi dernier, en installant un petit moteur d'avion télécommandé. Il tourne à 18 000 tours minutes, donc je n'ai pas encore osé le démarrer avec la lame". Un premier test est prévu jeudi, avec les précautions d'usage.
David Foutimasseur, qui n'en est pas à son coup d'essai s'agissant de donner vie aux engins dessinés par Franquin, ne s'est encore jamais blessé en les concevant ou en les pilotant, mais il touche du bois. "L'une des créations les plus folles, c'est une tondeuse transformée en kart, avec une chaîne reliée aux roues arrière", raconte-t-il. Quand des journalistes sont venus le filmer pour une émission de la RTS, la télévision publique suisse, il a perdu la direction et foncé tout droit dans un champ à 40 km/h.
"On va l'envoyer au château de Versailles"
Ce touche-à-tout de 37 ans bricole depuis des années à partir de matériaux de récupération. David Ansermin, de son vrai nom, a pris le pseudonyme de David Foutimasseur : en vieux vaudois, le verbe foutimasser désigne une "action qui ne sert à rien. Cela veut dire brasser de l'air, faire quelque chose d'inutile..." Ce qui résume la philosophie qui règne dans son atelier de Montreux, au sein d'une usine désaffectée reconvertie en repaire pour artistes.
"J'avais 10 ans quand mon père m'a offert mon premier Gaston, raconte celui qui s'identifie sans mal à cette figure de doux rêveur. J'ai toujours aimé le fait que ce personnage bricole dans sa bulle, par pur plaisir." Fortement inspiré par l'univers de Franquin, David Foutimasseur a déjà fabriqué une reproduction de la gastomobile, ce qui lui a valu d'apparaître, en 2017, dans un hors-série du magazine Spirou consacré aux 60 ans de Gaston Lagaffe. Il a également donné vie à une lampe de poche solaire – qui apparaît "dans deux cases" seulement de la BD –, un lit-voiture et une poubelle télécommandée, qui apparaît dans une des dernières planches de Gaston dessinées par Franquin.
David Foutimasseur rêve un jour de présenter ses créations au festival d'Angoulême, Mecque des amateurs de BD. En attendant, malgré ses efforts, il n'est pas certain que la mini-tondeuse apparaisse prochainement sur les rayons des magasins de jardinage : "Si votre jardin fait 48 centimètres carrés, ça va tout seul, mais sinon, il faut être très patient. Allez, on va l'envoyer au château de Versailles !"
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