Cet article date de plus de sept ans.

"Une sœur", nouveau roman graphique ultra sensuel de Bastien Vivès

Après la série "Last Man" ou "Le goût du chlore" (Casterman, 2008), Bastien Vivès signe "Une sœur" (Casterman), qui fait le récit des premiers émois d'un jeune garçon de 13 ans, initié par une fille un peu plus âgée que lui, et surtout beaucoup moins innocente. Un album graphiquement superbe, et ultra sensuel, qui interroge le lecteur sur un certain nombre de questions, et notamment la fraternité.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
"Une sœur", Bastien Vivès (Casterman BD)
 (Bastien Vivès / Casterman BD)

Antoine, 13 ans, est en route pour les vacances vers L’île aux Moines en Bretagne avec ses parents et son petit frère Titi. Ils sont dans la voiture quand ils apprennent la nouvelle : Sylvie, une amie de leur mère, vient de faire une fausse couche.

"Une sœur", page 12
 (Bastien Vivès)
En Bretagne, les parents vaquent à leurs occupations. Antoine passe ses journées à dessiner. Titi est plutôt porté sur la pêche aux crabes. Les enfants expérimentent la liberté, les bagarres avec les enfants de l'ile. Un matin au réveil, les deux garçons depuis leurs lits superposés découvrent qu'une fille a dormi dans leur chambre. 
"Une sœur", page 24
 (Bastien Vivès)
C'est Hélène, la fille de Sylvie, venue se changer les idées en Bretagne après sa fausse couche. Hélène a 16 ans. Antoine est innocent. Hélène l'est moins. Elle fume, textote, boit de l'alcool, s'habille comme une femme, envoie balader sa mère. Antoine est embarqué dans un tourbillon…

Premiers émois

Bastien Vives parvient magnifiquement, à travers ses dessins, d'un trait, souvent sans un mot, à exprimer les émotions et les sentiments qu'éprouve le jeune garçon. Dès les premières pages de l'album, il concentre en quelques cases ce mélange de curiosité, d'appréhension, de trouble immédiatement mêlé de désir que ressent Antoine à l'apparition d'Hélène.
"Une sœur", page 83
 (Bastien Vivès)
Le dessinateur débusque aussi les contradictions de la jeune fille, fanfaronne, qui joue à la femme, mais trouve un bonheur évident à partager ce qui lui reste d'enfance avec Antoine et Titi. "Une sœur" est aussi un album qui aborde la question de la fraternité. En titrant ce nouveau roman graphique "Une sœur", Bastien Vives glisse un interdit, un tabou, qu'il laisse en suspens, comme une question subsidiaire adressée au lecteur.

La beauté de l'adolescence

Silences, larges espaces laissés vacants dans le texte et dans les cases, variations de noirs profonds, de blancs aveuglants, mouvements, silhouettes esquissées jusqu'à l'épure ou corps croqués à la loupe, Bastien Vives capte avec une rare puissance la beauté et les troubles de l'adolescence, cet âge entre deux, âge des basculements, avec ses maladresses, ses débordements, ses ambiguïtés, sa vigueur aussi.
"Une sœur", page 69
 (Bastien Vivès)
Découpages cinématographiques, dialogues bien dosés, ellipses… Avec "Une sœur", Bastien Vivès confirme une grande maîtrise dans la narration et le dessin. Cet album sensuel, teinté de nostalgie, plonge le lecteur dans une atmosphère qui laisse dans son sillage des impressions fortes et persistantes, comme un rêve matinal, longtemps après que le livre a été refermé.
 
"Une sœur" Bastien Vivès (Casterman – 216 pages noir blanc – 20 €)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.