"C'est un recueillement" : à Paris, avec Lubna Azabal et Emmanuelle Béart, le monde de la culture s'est mobilisé pour la paix lors d'une marche silencieuse
Des milliers de personnes sont réunies dimanche 19 novembre après-midi, peu après 14 heures, sur l'esplanade de l'Institut du monde arabe (IMA), à Paris. Malgré le monde, l'endroit reste particulièrement calme. Le rassemblement n'a pas l'allure traditionnelle des débuts de manifestations. Organisée en réaction à la guerre entre Israël et le Hamas par le collectif "Une autre voix", constitué de personnalités du monde de la culture et présidé par l'actrice belge Lubna Azabal, la manifestation est effectivement une marche silencieuse. "Pas de revendications politiques, pas de slogans", prévenaient en amont les organisateurs. Sur le parvis de l'Institut, personne n'a désobéi à la règle. Les seuls signes brandis sont des signes de paix. Seuls quelques pancartes vierges et un drapeau figurant une colombe et les lettres du mot "peace" s'élèvent au-dessus de la foule.
La banderole tenue en tête de cortège marque également par sa neutralité. Tout au-devant de la manifestation, l'ancien ministre de la Culture et actuel président de l'Institut du monde arabe Jack Lang, les actrices Monica Bellucci et Emmanuelle Béart et de nombreuses autres personnalités tiennent ensemble un drap blanc. Cette couleur est présente, ici où là, chez un grand nombre de manifestants, notamment à travers des petits drapeaux ou des brassards. "C'est une manière d'être du côté de ceux qui s'engagent, de montrer qu'on les soutient dans ce qu'ils font", explique André, 67 ans et venu manifester aux côtés d'anciens collègues de l'Éducation nationale.
Sans politique
"Cette marche, c'est un recueillement que je voulais en hommage à tous ceux qui meurent là-bas, d'un côté ou de l'autre", explique Lubna Azabal, actrice et organisatrice du rassemblement. Le collectif "Une autre voix", dont elle est la présidente, ne prend jamais un autre parti que celui de la paix au Proche-Orient. "On nous demande toujours de choisir un camp, on nous impose un choix. (...) Mais la paix, c'est pour tous, on la veut tous", ajoute l'actrice en confiant son bonheur de voir que le mouvement qu'elle a lancé avait été suivi par des milliers de personnes, malgré une faible représentation des jeunes générations.
Sans drapeau blanc et vêtue de couleurs vives, Catherine, 68 ans, a tout de suite répondu à l'appel. "Cette manifestation a un intérêt majeur, elle se situe en dehors des clivages, ne demande rien d'autre que la paix et qu'on arrête de compter les morts des Israéliens ou des Palestiniens", analyse la retraitée, saluant par ailleurs les artistes engagés. "La culture est ce qui nous rassemble tous. Le fait que ce soit le monde de la culture qui organise la marche évite qu'il y ait une récupération politique comme c'est parfois le cas", ajoute-t-elle.
Un parcours symbolique
S'élançant de l'Institut du monde arabe, les manifestants – qui étaient 3 600 selon la préfecture de police – se sont rendus au Musée de l'art et de l'histoire du judaïsme. Aux abords du musée, de nombreux manifestants ont brisé le silence en lançant un long moment d'applaudissements. "On avait applaudi au début de la marche devant l'Institut du monde arabe, explique Henri, un universitaire à la retraite, on le fait ici aussi, c'est une marche d'un grand respect (...). Parmi les manifestants, beaucoup de personnes ont un avis politique sur le conflit, mais c'est le combat pour la paix qui prime".
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