Caillebotte, peintre et jardinier
Caillebotte a longtemps été considéré comme un peintre amateur fortuné, collectionneur et mécène de ses amis impressionnistes. Mais aujourd'hui, il apparait comme l'une des figures majeures du groupe. Célèbre pour ses compositions inspirées du Paris d'Haussmann, il a consacré une part importante de sa production à l'évocation des jardins. À Giverny, une centaine d’œuvres, (peintures et dessins) évoquera cet aspect de son art.
L'artiste a pris goût à la nature dans la propriété familiale d'Yerres où il a peint ses premières études sur le motif. Invité à participer à la deuxième manifestation du groupe impressionniste en 1876, il aide dès lors Claude Monet, Auguste Renoir et leurs amis, en leur achetant des œuvres et en participant activement à l'organisation des expositions. En 1881, il acquiert au Petit Gennevilliers la propriété destinée à devenir sa résidence principale. Il y élabore un jardin, fait construire une serre et, progressivement, cet univers végétal s'impose dans son œuvre.
L'exposition du musée des impressionnismes Giverny se propose d'étudier de façon approfondie les jardins de Caillebotte et les œuvres qu'ils lui ont inspirées. Elle sera également l’occasion de mesurer les relations artistiques complexes qui, dans ce contexte, le lient à Monet. Elle présentera quatre sections principales, qui s'articuleront autour de ses lieux de résidence.
Le Paris d'Haussmann, un univers minéral
À Paris, Caillebotte vit dans un quartier neuf : celui de la gare Paris-Saint-Lazare, de l'Opéra et du Pont de l'Europe. À l'inverse de ses amis impressionnistes, il ne décrit pas la gare ni les loisirs parisiens, mais l'activité des ouvriers, peintres ou poseurs de parquet. Car Paris est alors un vaste chantier et l’artiste n'évoque ni la Seine, ni l'animation des boulevards ou des cafés, il préfère décrire une cité lisse et grise. Souvent, il l'observe de la fenêtre ou du balcon d'un immeuble neuf. Le vide, l'ennui et le désir d'évasion sont palpables dans ses compositions. Caillebotte souligne les perspectives de la ville moderne, dessinées par les balcons et les boulevards. Souvent déserts, ceux-ci sont plantés d'arbres chétifs, rares et fragiles, comme ceux des jardins publics qui se multiplient alors.
Villégiatures à Yerres :
Dans la propriété familiale d'Yerres, Caillebotte explore, de 1872 à 1878, les ressources du parc à l'anglaise, un jardin privé qui est récent lui-aussi et qui ressemble beaucoup aux nouveaux espaces publics parisiens avec ses allées sinueuses, ses massifs soignés et ses fabriques. Il s'intéresse également au jardin potager qui lui inspire de nombreuses compositions, ainsi qu'au cours de l'Yerres qui est le théâtre des loisirs nautiques, baignades et canotage. Les œuvres inspirées par le jardin et le potager d'Yerres témoignent d'un impressionnisme très personnel où les cadrages audacieux ainsi que la présence de la figure humaine le distinguent de ses amis impressionnistes.
La Seine et les explorations normandes :
La propriété familiale d'Yerres vendue en 1879, l'artiste se rend à plusieurs reprises en Normandie où il voit son ami Monet qui s'installe à Giverny en 1883. Caillebotte peint à cette époque des paysages normands qui témoignent d'une technique très libre. Il a acquis en 1881 une maison au Petit Gennevilliers, en face d'Argenteuil et se passionne pour le yachting, dessine des modèles performants de bateaux et devient président du Cercle de la Voile de Paris. Comme Monet avant lui, Caillebotte décrit les voiliers et les régates sur la Seine.
Le Petit Gennevilliers :
Caillebotte s'installe définitivement en 1888 au Petit Gennevilliers où il crée un jardin qui, progressivement, prend une place prédominante dans son œuvre. Une section documentaire et des photographies du jardin enrichiront cette section. L’artiste fait aussi construire une serre et élabore divers projets de décoration sur le thème de la végétation et des fleurs.
Son décès en 1894, à l'âge de quarante-cinq ans, interrompt le développement d'une œuvre en pleine évolution et le retentissement du legs Caillebotte ne tarde pas à effacer la profonde originalité de l'artiste.
Comme l'a rappelé Monet, « S'il avait vécu au lieu de mourir prématurément, il aurait bénéficié du même retour de fortune que nous autres, car il était plein de talent... il avait autant de dons naturels que de conscience et il n'était encore, quand nous l'avons perdu, qu'au début de sa carrière. »
Les informations pratiques
**Musée des impressionnismes Giverny
99 rue Claude Monet | 27620 Giverny
T 02 32 51 94 65 | contact@mdig.fr
www.mdig.fr **
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