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Cannes 2015 : Souleymane Cissé, la voix de l'Afrique

Un des plus grands cinéastes africains, Souleymane Cissé, vient présenter à Cannes son dernier film, "Oka". Dans ce documentaire très personnel, il parle du combat de sa famille contre leur expropriation à Bamako, sur fond de corruption et d'injustice.
Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Souleymane Cissé © Cannes 2015)

Après le choc Timbuktu l'année dernière, reparti bredouille de Cannes mais triomphant aux Césars, l'Afrique est de plus en plus au centre des regards dans le cinéma. Un combat que livre Souleymane Cissé depuis le début de sa longue carrière.

L'émotion est intacte

En repensant à cette histoire, l'expropriation de ses quatre soeurs de la maison familiale à Bamako qui est le sujet de son nouveau film Oka , Souleymane Cissé a toujours les larmes qui montent. La corruption, une société malade, la spéculation immobilière qui frappe le Mali. Oka , "Notre maison " en bambara, est construit comme une métaphore de la situation politique et économique dans le pays : "Si on reste dans des rancunes et des mesquineries, nous allons périr. Il faut se relever avec dignité ".

Souleymane Cissé est la figure tutélaire du cinéma africain

C'est un vieux sage de 75 ans qui se bat depuis toujours pour faire émerger le continent sur la scène culturelle. Parfois, le désespoir guette quand il se heurte au manque de moyens et de volonté des autorités, même s'il veut croire que rien n'est figé : "S'il y a une carence de cinéma africain, c'est à cause de l'Afrique elle-même. Mais personnellement je suis très optimiste, je crois que le temps viendra, très proche, dans les dix années à venir, où le cinéma africain va faire encore de grands bonds ".

Le cinéaste prend son temps pour parler, comme il le prend pour faire des films : sept seulement en quarante ans de carrière, dont Yeelen en 1987, récompensé par le Prix spécial du Jury à Cannes. Les marches cannoises, il les connait bien. Cinq de ses films ont été présentés dans les différentes sélections, et il a été membre du jury en 1983. Mais cette année est particulière, un an après Timbuktu de son ami Abderrahmane Sissako, qui vingt ans après a étudié le cinéma dans le même institut à Moscou. Timbuktu ou le signe que quelque chose a changé, selon Souleymane Cissé : "Ca a changé le comportement et la vision des gens. Cela a permis de voir que dans nos pays il faut se lever tôt, sinon tout part en flammes ". Utiliser le cinéma pour lutter contre la barbarie et l'obscurantisme, c'est aujourd'hui plus que jamais le but de Souleymane Cissé. A Cannes comme chez lui, au Mali, le cinéaste est militant, son optimisme en étendard. 

Sous les Projecteurs : Souleymane Cissé par Yann Bertrand
 

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