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"50 nuances de Grey" : l'aphrodisiaque coupé à l'eau de rose

Le film, adapté du best-seller du même nom, est précédé d'une réputation sulfureuse. Verdict à l'occasion de sa sortie dans les salles françaises, mercredi.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le film "50 nuances de Grey" est sorti en salles, mercredi 11 février 2015, précédé d'une réputation sulfureuse. (UNIVERSAL INTERNATIONAL PICTURES)

Ebullition au guichet d'un cinéma parisien. "Le mec d'une collègue veut lui acheter un autre livre tellement elle a changé au lit après avoir lu 50 nuances de Grey", explique une jeune femme, dans la file d'attente. Autant dire que le film, adapté du best-seller d'E. L. James, est très attendu pour sa sortie en salle, mercredi 11 février. Il peint les turpitudes d'une étudiante vierge de 22 ans énamourée d'un riche et bel homme d'affaires. Lequel va tenter de convertir sa proie aux plaisirs de la soumission.

Après avoir séduit plus de 1,5 million de Français en librairie, cette histoire devrait aussi rencontrer un grand succès au cinéma, d'autant que le film bénéficie d'un marketing bien ficelé. "C'est fou, ça marche super bien", confie-t-on au guichet.

"Pourquoi tu veux me punir ?"

"Le personnage de Christian Grey est fascinant : beau, riche, un peu déviant, avec des failles dans son passé. C'est pas mal pour la libido", souligne une spectatrice avant une séance. "C'est un livre écrit par une fille pour les filles. Et c'est vrai que ça peut ouvrir l'esprit des gens, ce qui n'est pas mal dans la société d'aujourd'hui." Sur le grand écran, après la rencontre initiale, Anna suçote très tôt un crayon qui porte le nom de Grey. A ce moment-là, le spectateur se dit que ça va chauffer. D'autant qu'un peu plus tard, ledit Grey serre très fort la ceinture d'Anna avant une virée en hélicoptère. Frissons.

"- Anna, voici ma salle de jeux.

- Genre avec une Xbox, tout ça ?"

C'est vrai qu'elle est ingénue, cette petite étudiante en lettres. Pour appuyer le trait, elle se mordille même les lèvres pendant toute la durée du film. A mi-chemin, une première spectatrice quitte la salle. Pas à cause d'une scène trop crue, non, mais plutôt d'un énième dialogue sans saveur. Deux autres personnes suivront, sans doute lassées. Pour ne rien arranger, Christian Grey mérite le surnom de "Monsieur deux minutes" lors des scènes sexuelles, qui évoquent plus une publicité pour le chocolat qu'un moment intensément sensuel.

Pendant la séance, quelques rires fusent à l'occasion. La jeune Anna semble peu goûter la passion des cordages et des martinets. Au moment de détailler les modalités de leur relation, elle refuse d'ailleurs le ruban adhésif et les choses étranges avec la main. Le film se concentre sur un amour sincère, contrarié par les pulsions purement sadiques de Grey. Ce qui occasionne des dialogues un brin légers. "Pourquoi tu veux me punir ? Me faire du mal ?", lâche la demoiselle, contrainte et en pleurs. "Parce que je suis comme ça !", lui répond Christian, péremptoire et froid. Quelques bouts de sein et puis claques de fin.

"J'aimerais bien essayer la suspension"

Sur deux fauteuils voisins, les fessées ont beaucoup amusé un des rares couples de la salle. "Je voulais aller voir le film parce que je me demandais pourquoi toutes les filles étaient émoustillées", explique le jeune homme. Sa copine reconnaît que les livres lui ont donné des idées, comme "le glaçon, par exemple, mais pas les trucs trop bizarres." Et sinon, le film ? "J'aimerais bien essayer la suspension, ouais. Et pourquoi pas une salle de jeux", murmure-t-il à sa compagne. 

Tout le monde ne partage pas cet entrain. "C'est très soft, quand même", déclare un spectateur. "Je suis venue par curiosité, je n'ai pas lu le livre", explique une quinquagénaire. "Le scénario est un peu facile et la fin n'est vraiment pas terrible. Et puis, pourquoi des acteurs inconnus ? J'aurais bien vu Scarlett Johansson, elle a plus de charisme et elle est plus sexy." Un impact éventuel sur la libido ? "Ah non, moi, ça ne va rien changer du tout."

50 nuances de Grey, d'ailleurs, est simplement interdit aux moins de 12 ans. "Ce n’est pas un film qui, à mon avis, peut choquer beaucoup de monde", s'est justifié le président de la commission de classification. Verdict ? Un coup de fouet, sans marque rouge sur les fesses.

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