50 propositions pour réformer le cinéma français
Le rapport Bonnell, du nom de celui qui a mené le débat, est issu d'une réflexion menée pendant plusieurs mois par un groupe de professionnels. Les propositions, annoncées mercredi à l'occasion des deuxièmes Assises du cinéma français, seront soumises aux pouvoirs publics et feront l'objet de discussions au sein de la profession.
Il y a un an, le distributeur Vincent Maraval avait lancé un pavé dans la mare en pointant du doigt l'inflation des budgets des films, des cachets des stars et des aides qui ne bénéficient qu'à une minorité. Devant l'ampleur de la polémique, de premières Assises du cinéma avaient été convoquées en janvier 2013, lançant le chantier mené par René Bonnell, ancien de Gaumont, de Canal+ et de France Télévisions.
Plus de transparence sur les salaires des acteurs et des réalisateurs
Pour le rapporteur, une des clés de l'avenir du système passe par la transparence, pour limiter l'inflation des budgets, en affichant clairement les salaires des acteurs et réalisateurs. Quitte à pénaliser les chaines de télévision qui privilégieraient des films chers avec des stars.
Des audits plus fréquents des budgets de production et distribution doivent être menés par le CNC, suggère le rapport.
Le texte appelle également à plus de transparence sur les recettes des films en salles et d'équité dans leur partage, notamment quant aux dividendes pouvant être versés aux acteurs en cas de succès, afin d'apaiser les relations entre distributeurs, producteurs et auteurs. Toutes ces mesures permettront d'attirer des capitaux privés, juge-t-il.
Aurélie Filippetti va dans le sens du rapport Bonnell
Dans une interview à l'AFP, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti a estimé que "la transparence économique (...) doit être renforcée entre les différents acteurs de la chaine du cinéma. C'est une exigence, car on constate sur certains films des budgets aux sommes très importantes. Et puis la transparence est une exigence pour l'efficacité de notre système de financement. Elle doit être notre leitmotiv, car c'est une garantie pour la pérennité du système."
Un assouplissement de la chronologie de sortie dans les différents médias
Si René Bonnell "sanctuarise" la salle de cinéma comme lieu unique de diffusion d'un film pendant quatre mois, il propose un assouplissement de la chronologie des médias (qui définit l'ordre et les délais dans lesquels l'exploitation d'un film peut intervenir) concernant la vidéo à la demande par abonnement (SVOD), qui serait fixée à 18 mois au lieu de 36, mais sous conditions.
"Il faut (...) améliorer la diffusion des films dans l'intérêt de leurs créateurs et du public. Avec le numérique, on a les outils pour améliorer la diffusion, mais la salle de cinéma doit rester l'endroit où on doit voir en priorité les films", a déclaré de son côté Aurélie Filippetti, allant dans le même sens que les propositions Bonnell.
Le rapport suggère également de renforcer l'aide automatique à la production des films dits du milieu (entre 500.000 et 1,5 million d'entrées).
Les mesures que je suggère ne sont pas des oukases mais des axes de discussion et de propositions autour desquelles les différentes branches professionnelles devront se concerter. Il y a des choses à faire (...) dans mon esprit dans le courant de l'année", a expliqué René Bonnell, qui entend corriger un certain nombre de déséquilibres pour préserver un modèle "plein de vertus".
Un système dynamique grâce aux aides
Le système français passe par un ensemble d'aides générées par des taxes sur les billets de cinéma mais aussi par les obligations de financement des télévisions historiques gratuites ou payantes, les éditeurs vidéo, des taxes sur les distributeurs de programmes, des crédits d'impôts et autres aides régionales.
Grâce à ce système, envié à l'étranger, le cinéma français affiche une belle vitalité en dépit du repli de la fréquentation l'an dernier (-5,3%). Elle reste toutefois la première en Europe.
Mais des déséquilibres qui produisent des flops vertigineux
Mais le secteur de la production connaît depuis peu des déséquilibres avec un tiers des films seulement affichant un résultat positif "ce qui veut dire à contrario que 70% n'en ont pas", selon le constat de René Bonnell. De même que les films à gros budgets se font plus nombreux et les flops plus vertigineux. Cette inflation est subie aussi par la distribution, qui finance largement les films, en plus de l'explosion des frais de promotion.
Pendant ce temps, les financeurs historiques subissent les effets de la crise ainsi que la transformation majeure du paysage à l'aune du numérique (apparition de nouvelles chaînes, supports de diffusion multipliés, géants américains de l'internet spécialistes du cinéma par abonnement).
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