A 105 ans, Manoel de Oliveira prêt à repasser derrière la caméra
"Pour l'instant, je n'ai pas encore l'argent, mais il paraît que l'affaire est en bonne voie", a déclaré le réalisateur mercredi lors de l'inauguration d'une exposition qui lui est consacrée à Porto (nord), sa ville natale. Le metteur en scène, qui a été hospitalisé à plusieurs reprises l'année dernière en raison de complications survenues après une infection, se déplace toujours accompagné, à l'aide d'une canne.
Malgré ses problèmes de santé, il se porte bien, selon son entourage. "Après les soucis de l'année dernière, sa santé s'est améliorée. Son état est aujourd'hui très équilibré", a confié sa fille Adelaide Trêpa. "Mon père est prêt à tourner. Il veut commencer à travailler dès qu'il aura obtenu le financement pour son prochain projet", a-t-elle indiqué Manoel de Oliveira ne veut toujours pas entendre parler de retraite.
"Le vieux du Rustelo"
Le réalisateur, qui a connu l'époque du cinéma muet, se bat aujourd'hui pour obtenir les 350.000 euros nécessaires pour tourner son prochain court métrage : "O velho do Restelo" (Le vieux du Restelo). Le scénario de son prochain film s'inspire du personnage du "vieux du Restelo", sorte de prophète de la disgrâce qui apparaît dans le poème épique "Les Lusiades", écrit au XVIe siècle par Luis de Camoes pour raconter les grandes découvertes maritimes des navigateurs portugais.
Le projet de Manoel de Oliveira a connu des retards dans un contexte particulièrement difficile pour le cinéma portugais, qui subit de plein fouet les coupes budgétaires sévères appliquées par le gouvernement pour satisfaire aux exigences des créanciers internationaux du pays. Les oeuvres de Manoel de Oliveira, comme l'ensemble du cinéma d'auteur portugais, sont largement financées par des subventions publiques.
Tournage prévu début 2014
"Mon père a su garder espoir en toute circonstance et cela a toujours fini par payer", se plaît à rappeler la fille du réalisateur. Luis Urbano, le producteur du cinéaste, a bon espoir de débloquer rapidement la situation, ce qui permettrait au réalisateur de débuter le tournage de son film début 2014.
Le cinéaste portugais ne compte pas s'arrêter là. Manoel de Oliveira évoque déjà plusieurs autres projets en chantier: un documentaire sur l'architecte portugais Alvaro Siza Veira ou encore un film sur les vendanges, dont le scénario est déjà bouclé.
Un film par an depuis 50 ans
Depuis son premier film, "Douro, travail fluvial", sorti en 1931, il a tourné plus d'une cinquantaine de longs métrages de fiction et documentaires, réalisant l'essentiel de son oeuvre la soixantaine passée. A partir de 1988, il a mis en boîte pratiquement un film par an, travaillant avec les plus grands acteurs comme l'Américain John Malkovich, les Français Catherine Deneuve et Michel Piccoli ou encore l'Italien Marcello Mastroianni.
Le cinéma de Manoel de Oliveira, à l'esthétique exigeante, doit son succès davantage à la critique et aux récompenses obtenues à l'étranger qu'à la reconnaissance du grand public. Pour rendre hommage à cet artiste à la créativité foisonnante, né en 1908 à Porto, la capitale du nord du pays va bientôt accueillir un musée, installé dans la Fondation Serralves, consacré à la carrière exceptionnelle du cinéaste portugais.
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