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A Paris, la ville qui compte le plus de cinémas au monde, le Grand Rex se refait une beauté

Le Grand Rex, dernière très grande salle de cinéma de Paris, rouvre ses portes après rénovation et retrouve son aspect des années 1930
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
La tour et l'enseigne du Grand Rex à Paris (© photo THOMAS LACONIS © GRAND REX)

Village gaulois dans un monde dominé par les plateformes américaines, Paris reste malgré tout la capitale mondiale des cinémas avec 400 salles, dont la plus grande au monde, le Grand Rex, fête ses 90 ans et s'offre une nouvelle jeunesse.

Sur les Grands Boulevards, l'heure est aux derniers coups de pinceaux sur la façade du bâtiment classé Art Déco. L'objectif de la rénovation était de retrouver l'aspect des années 1930, troquant le rouge tape à l'œil pour le mélange crème et argent d'origine. Le Grand Rex avait été inauguré en 1932, avec sa salle "atmosphérique" inspirée des cinémas américains des années 1920. Il a été classé monument historique en 1981.

La salle du Grand Rex depuis la mezzanine (© THOMAS LACONIS © GRAND REX)

La dernière très grande salle

 
"Depuis que le cinéma existe, on a compté 71 salles plus grandes que le Rex et ses 2 700 places. Elles ont toutes fermé", explique son dirigeant, Alexandre Hellmann, impatient d'appuyer jeudi 8 décembre, pour l'inauguration, sur le bouton qui rallumera l'imposante enseigne rotative "Rex". Elle sera à nouveau la seule à tourner dans le ciel de la capitale.

Des files d'attente qui se forment parfois dès le petit matin, une fréquentation attendue en recul de 10% seulement en 2022 par rapport à l'avant-Covid... Le succès du mastodonte indépendant a de quoi faire pâlir d'envie de nombreux exploitants dans le monde, qui ne parviennent pas à faire revenir leur public.
D'autant plus qu'il est situé à un quart d'heure à pied des 27 salles de l'UGC Ciné Cité-Les Halles, l'un des multiplexes les plus fréquentés du monde.

Avant-premières et marathons nocturnes

"Si on ne devait vivre qu'avec le cinéma, on fermerait les portes", convient Alexandre Hellmann, qui a joué à fond la carte de la diversification, avec son club, son escape game et surtout ses concerts-évènements, de Madonna à Bob Dylan.

Pour ce qui est du cinéma, le Grand Rex a convaincu le public de quitter son canapé avec des séances "événementielles", des mangas en avant-première ou des marathons filmiques jusqu'au bout de la nuit, qui permettent de s'attacher des communautés de fans fidèles. Et pour le glamour, des avant-premières prestigieuses, dont la prochaine, celle du dernier Spielberg, The Fabelmans
La salle des Grands-Boulevards, en plein cœur de la capitale, profite aussi du déclin d'un autre lieu historique du cinéma, les Champs-Élysées. Le Marignan va y baisser prochainement le rideau, après le George-V.

Les Champs-Elysées disparaissent du paysage


La célèbre avenue, arpentée par Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg dans A bout de souffle, était "LE quartier du cinéma à Paris, mais elle est en train de disparaître", notamment à cause "d'un coût du foncier disproportionné", analyse Michel Gomez, le Monsieur Cinéma de la mairie de Paris.

"On a du mal à voir des salles fermer, mais le cinéma à Paris est un tissu vivant", dépendant d'acteurs privés, qui suivent l'évolution "sociologique et géographique de la ville", tempère-t-il.

Fin 2022, Paris compte toujours probablement la plus forte densité de salles au monde, avec 398 écrans dans 75 cinémas, selon les chiffres transmis par la ville à l'AFP. Soit presque autant qu'avant la pandémie (411 écrans en 2019), et 8% de plus qu'en l'an 2000.

Le réseau art et essai résiste

Même si le sort de certains petits indépendants, comme la Clef ou le Luminor, reste menacé par la spéculation immobilière, le réseau art et essai, unique au monde, "résiste" globalement, souligne Michel Gomez. C'est le cas des célèbres salles du quartier Latin et leur offre ultra-pointue ou de patrimoine.

Des lieux qui font référence jusque de l'autre côté de l'Atlantique, comme le confie à l'AFP le réalisateur Damien Chazelle (La La Land), de passage à Paris, où il a fait son éducation cinéphile. "Lycéen, j'allais dans les vieux cinémas du quartier Latin regarder des rétrospectives, des projections de vieux films de Hollywood, de France ou du Japon. La première fois que j'ai vu Metropolis de Fritz Lang, c'est ici. Ça ne s'oublie pas !"

Le centre de gravité du cinéma à Paris pourrait encore se déplacer. En 2024 doit ouvrir près de l'Opéra un méga-projet confié à l'architecte star Renzo Piano par Jérôme Seydoux, patron de Pathé. Et à une toute autre échelle, La Pagode, haut lieu de l'histoire de la cinéphilie, rachetée par un mécène américain, va rouvrir.

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