À Rennes, le festival Travelling propose un focus sur le cinéma de Taïwan
Voilà 35 ans que le festival Travelling de Rennes fait voyager les cinéphiles. Cette année, la programmation embarque les spectateurs sur l'île de Taïwan. Plus de 70 projections sont proposées dans la métropole bretonne et tout le département jusqu'au 27 févier 2024.
Au programme, des rétrospectives, des avant-premières, des expositions, des concerts, et des rencontres avec des cinéastes taïwanais. Parmi eux, la réalisatrice Singing Chen. Ses films mêlent la fiction et le documentaire et portent un regard authentique sur son pays.
"Mes films sont plutôt des regards sur ce qu’on pourrait qualifier de petits personnages, les gens de la rue, les marginaux. Tout un monde apparu en raison de l’urbanisation galopante de Taïwan. Et mon cinéma s’intéresse à ces milieux-là", explique-t-elle.
Le film projeté ce jour-là, c'est God, Man, Dog sorti en 2007. Son premier long métrage de fiction suit plusieurs personnages en errance à la recherche d'une paix intérieure. Il y est beaucoup question de spiritualité, avec des façons différentes de vivre la religion. Une œuvre, qui interroge sur la valeur des choses. "J'ai trouvé que c'était un cinéma doublement original, à la fois par l'aspect culturel qui associe un syncrétisme religieux assez extraordinaire que l'on ne peut pas imaginer en Europe", analyse un spectateur. "Il y a une certaine douceur et en même temps beaucoup de violence. J'ai vu trois de ses films et les personnages sont toujours un peu perdus", détaille une spectatrice.
Des protagonistes déboussolés, propres au cinéma de Singing Chen, qui après la projection, a pu développer longuement ses thèmes de prédilection. Depuis le début des années 2000, la réalisatrice n'hésite pas à lier le documentaire et la fiction, deux forment qui se nourrissent profondément l'une de l'autre : "Toutes les questions sur ma propre existence, qui naissent dans le processus de réalisation d'un documentaire, ce sont des éléments que je replace dans mes fictions", assure-t-elle lors de la master class.
Deux autres cinéastes taïwanais sont présents sur le festival Travelling. Midi Z, né en 1982 en Birmanie, "qui documente à travers la réalité de la vie quotidienne des histoires d’exilés et de minorités". Et Mi-Mi Lee, née en 1946, "pionnière de la nouvelle vague taïwanaise des années 1980 à avoir offert un autre regard sur les personnages féminins et les femmes célibataires comme dans 'Unmarried mothers'".
Films de sabre et films d'auteur
Le cinéma taïwanais a pris le pouvoir sur la scène internationale à la fin des années 1980. Le festival Travelling est l'occasion de découvrir ou de redécouvrir la diversité des œuvres qui abordent en toute liberté l’identité plurielle de Taïwan, son histoire et les sujets sensibles.
Au cours des projections, les spectateurs pourront revoir des films d'auteur et un focus spécial sur Taïpei. Les cinéastes HOU Hsiao-Hsien (La fille du Nil, Poussières dans le vent), TSAI Ming-liang (Super Citizen Ko), Edward YANG (Taipei Story, The Terrorizers) ou encore Ang LEE (Garçon d’honneur, Salé, sucré…) posent leur regard particulier sur la capitale de l'île.
L'histoire du cinéma Taiwanais passe obligatoirement par les films de sabre. Appelé Wu Xia Pian, ce genre cinématographique sera bien représenté avec des films de KING Hu, KUO Joseph et CHEN Hung-Min.
À l'occasion du festival Travelling, toute la métropole de Rennes vit à l'heure taïwanaise. Expositions, concerts, séances spéciales pour le jeune public sont programmés dans plus de 30 lieux partenaires jusqu'au 27 février 2024.
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