Cet article date de plus de dix ans.
Abel Ferrara dévoile son "Pasolini" à la Mostra
Présenté jeudi à la Mostra de Venise, le dernier film d'Abel Ferrara raconte les dernières heures de Pier Paolo Pasolini, réalisateur engagé et subversif, retrouvé assassiné sur une plage italienne le 2 novembre 1975. L'intellectuel aux idées radicales est incarné par Willem Dafoe, acteur fétiche de Ferrara. En France, le film est annoncé en salles en janvier prochain.
Publié
Temps de lecture : 4min
Un parfum de soufre
Très attendu depuis le début de ce 71ème festival de la cité lacustre, le film a toutefois été timidement applaudi à la fin de la séance réservée aux professionnels et aux journalistes, avant l'habituelle projection publique prévue en soirée.
Sans doute parce que, au moins sur le papier, l'association de trois maîtres dans l'art de la transgression -Pasolini, Ferrara et Willem Dafoe, qui campe un Pasolini très ressemblant - exhalait déjà des relents de soufre.
D'où un sentiment de "On s'attendait à pire" à la sortie du film, qui a tout de même réservé son lot d'inconvenances, montrant un Pasolini tel qu'en lui-même, dépravé mais lucide sur la décadence de son temps. Homosexuel et marxiste, il a été poursuivi pour détournement de mineur, pornographie et actes obscènes en public tout au long de sa vie.
Avant sa mort, Pasolini expliquait que le sexe n'était rien d'autre qu'une allégorie, la métaphore de la marchandisation des corps effectuée par le pouvoir. Willem Dafoe crédible en Pasolini
"Je pense que Pasolini aurait pu faire le même film aujourd'hui (...). Rien n'a changé", a déclaré Abel Ferrara, 53 ans, durant la conférence la presse. "Je suis bouddhiste et j'ai tendance à aller vers mes maîtres. Je ressens beaucoup son travail et je suis me approché de lui", a-t-il ajouté.
Willem Dafoe, habitué des rôles qui dérangent ("Antichrist", Nymphomaniac"), a dit s'être efforcé "d'habiter les pensées, les actes de Pasolini" pour ce rôle. L'acteur est très crédible dans la peau d'un Pasolini moins pessimiste qu'on pourrait l'imaginer.
Son confrère italien Ninetto Davoli, qui a été l'ami et l'acteur fétiche de Pasolini et qui est aussi au générique du film, l'a confirmé: "C'était un homme qui aimait la vie. Beaucoup ont dit que Pier Paolo avait décrit sa mort dans son oeuvre, mais c'est faux".
Dénonciation de la société consumériste
Ninetto Davoli a aussi parlé de la société consumériste dénoncée par Pasolini à la fin de sa vie après avoir étudié le concept kantien de "Mal radical", qui réduit l'humanité en esclavage.
"C'est un mal qui a conduit l'Italie à ce qu'elle est aujourd'hui", a-t-il dit, déclenchant les applaudissements de la salle. "Posséder et détruire", c'est ce à quoi les institutions nous réduisent, dit Pasolini dans le film de Ferrara.
Dernières heures en eaux troubles
Le cinéaste américain, qui s'est attaché avec son scénariste Maurizio Braucci à reconstituer le plus fidèlement possible les dernières heures de l'auteur des "Ragazzi di vita", le montre très aimant avec sa mère.
Mais il n'apporte pas d'éléments nouveaux sur les circonstances encore troubles de la mort de Pasolini (le jeune homme arrêté à l'époque avoua, puis se retracta des années plus tard), contrairement à qui avait pu être annoncé dans certains médias ces dernières semaines. "Eh les gars, qui parmi vous avait écrit cela ?", a lancé Abel Ferrara aux journalistes.
Dans le film, Pasolini sort en voiture, à la recherche d'aventure, et finit par entraîner un jeune amant sur une plage d'Ostie, près de Rome. C'est alors que trois jeune voyous apparaissent...
A noter qu' Abel Ferrara a effectué le montage du film en Aquitaine, une région qu'il affectionne et qui co-produit le long-métrage.
Le film, que le cinéaste vient présenter en France en avant-première jeudi 11 septembre au Festival du film américain de Deauville, est attendu en salles en janvier 2015 (le 31 décembre 2014 pour être exact).
Très attendu depuis le début de ce 71ème festival de la cité lacustre, le film a toutefois été timidement applaudi à la fin de la séance réservée aux professionnels et aux journalistes, avant l'habituelle projection publique prévue en soirée.
Sans doute parce que, au moins sur le papier, l'association de trois maîtres dans l'art de la transgression -Pasolini, Ferrara et Willem Dafoe, qui campe un Pasolini très ressemblant - exhalait déjà des relents de soufre.
D'où un sentiment de "On s'attendait à pire" à la sortie du film, qui a tout de même réservé son lot d'inconvenances, montrant un Pasolini tel qu'en lui-même, dépravé mais lucide sur la décadence de son temps. Homosexuel et marxiste, il a été poursuivi pour détournement de mineur, pornographie et actes obscènes en public tout au long de sa vie.
Avant sa mort, Pasolini expliquait que le sexe n'était rien d'autre qu'une allégorie, la métaphore de la marchandisation des corps effectuée par le pouvoir. Willem Dafoe crédible en Pasolini
"Je pense que Pasolini aurait pu faire le même film aujourd'hui (...). Rien n'a changé", a déclaré Abel Ferrara, 53 ans, durant la conférence la presse. "Je suis bouddhiste et j'ai tendance à aller vers mes maîtres. Je ressens beaucoup son travail et je suis me approché de lui", a-t-il ajouté.
Willem Dafoe, habitué des rôles qui dérangent ("Antichrist", Nymphomaniac"), a dit s'être efforcé "d'habiter les pensées, les actes de Pasolini" pour ce rôle. L'acteur est très crédible dans la peau d'un Pasolini moins pessimiste qu'on pourrait l'imaginer.
Son confrère italien Ninetto Davoli, qui a été l'ami et l'acteur fétiche de Pasolini et qui est aussi au générique du film, l'a confirmé: "C'était un homme qui aimait la vie. Beaucoup ont dit que Pier Paolo avait décrit sa mort dans son oeuvre, mais c'est faux".
Dénonciation de la société consumériste
Ninetto Davoli a aussi parlé de la société consumériste dénoncée par Pasolini à la fin de sa vie après avoir étudié le concept kantien de "Mal radical", qui réduit l'humanité en esclavage.
"C'est un mal qui a conduit l'Italie à ce qu'elle est aujourd'hui", a-t-il dit, déclenchant les applaudissements de la salle. "Posséder et détruire", c'est ce à quoi les institutions nous réduisent, dit Pasolini dans le film de Ferrara.
Dernières heures en eaux troubles
Le cinéaste américain, qui s'est attaché avec son scénariste Maurizio Braucci à reconstituer le plus fidèlement possible les dernières heures de l'auteur des "Ragazzi di vita", le montre très aimant avec sa mère.
Mais il n'apporte pas d'éléments nouveaux sur les circonstances encore troubles de la mort de Pasolini (le jeune homme arrêté à l'époque avoua, puis se retracta des années plus tard), contrairement à qui avait pu être annoncé dans certains médias ces dernières semaines. "Eh les gars, qui parmi vous avait écrit cela ?", a lancé Abel Ferrara aux journalistes.
Dans le film, Pasolini sort en voiture, à la recherche d'aventure, et finit par entraîner un jeune amant sur une plage d'Ostie, près de Rome. C'est alors que trois jeune voyous apparaissent...
A noter qu' Abel Ferrara a effectué le montage du film en Aquitaine, une région qu'il affectionne et qui co-produit le long-métrage.
Le film, que le cinéaste vient présenter en France en avant-première jeudi 11 septembre au Festival du film américain de Deauville, est attendu en salles en janvier 2015 (le 31 décembre 2014 pour être exact).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.