Affaire Weinstein : "Il était temps que quelque chose se passe", salue la créatrice du #balancetonporc
Le producteur Harvey Weinstein, accusé de viols et agression sexuelles, doit se présenter vendredi aux autorités judiciaires américaines. "On est soulagées", a réagi Sandra Muller sur franceinfo.
Sept mois après les révélations dans l'affaire Harvey Weinstein et les soupçons de viols et d'agressions sexuelles, le producteur américain doit s'en expliquer vendredi 25 mai devant les autorités judiciaires de New York. "Une femme a été nommée au début du mois, une nouvelle procureure, et étonnamment, quelques jours après, Harvey Weinstein se rend", a précisé, sur franceinfo, Sandra Muller, à l'origine du mot clé #balancetonporc.
franceinfo : Comment accueillez-vous cette nouvelle ?
Sandra Muller : Ça fait quand même sept mois que cette affaire dure, sans compter que ça fait plus de vingt ans qu'elle a commencé, il était donc temps que quelque chose se passe. Il y a quand même 100 accusatrices – officiellement 80, mais en fait c'est 100 – c'est énorme. Pourquoi maintenant, qu'est-ce qui s'est passé ? C'est assez scandaleux : on avait un procureur, Eric Schneiderman, qui était sur le dossier, et il a dû démissionner il y a peu de temps suite à des allégations d'abus et de violences sur ses compagnes. Qu'est-ce qui s'est passé pour que, finalement, il décide de se rendre ? Il y a juste eu une procureure générale différente.
L'avocat d'Harvey Weinstein est le même que celui de Dominique Strauss-Kahn, pour lequel il a obtenu, en 2011, l'abandon des poursuites dans l'affaire du Sofitel. Craignez-vous que ces affaires-là soient réglées de la même manière, par un chèque, comme c'est souvent le cas aux Etats-Unis ?
C'était à l'époque, aussi, Cyrus Vance, procureur de Manhattan, qui était sur l'affaire. En 2015, de mémoire, il a eu une preuve avec un mannequin qui a piégé Weinstein avec l'aide du NYPD, la police new-yorkaise : une vidéo a été faite avec ce mannequin italien où il a été piégé, mais soi-disant pas suffisamment piégé pour être arrêté et inquiété. Déjà, ça avait été énormément critiqué. Après, on peut comprendre que Cyrus Vance, suite à la déconfiture qu'il a eue avec DSK, était peut-être un peu frileux. Seulement, ce que l'on sait très peu en France, c'est que le procureur général aurait reçu de l'argent de Weinstein pour financer une campagne, 10 000 dollars. Une enquête lancée par le gouverneur de New York est en cours pour faire tout l'éclairage sur cette histoire.
Justement, vu l'électrochoc provoqué par cette affaire, pensez-vous que les autorités new-yorkaises vont avoir à cœur d'en faire un exemple ?
Je pense que les autorités new-yorkaises, et la police notamment, ont très bien travaillé, et que ça coinçait en haut avec, donc, deux personnes : Eric Schneiderman puis Cyrus Vance. Il y en avait un qui avait des choses à reprocher, l'autre pour qui rien n'est prouvé. Maintenant que ces deux personnes ne sont plus là, tout a l'air de prendre une autre proportion. Peut-être qu'elle a à cœur de régler le problème, peut-être parce que c'est une femme et qu'elle n'a pas de casserole.
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