Affaire Weinstein : "Une femme sur cinq sera victime de harcèlement sexuel au cours de sa carrière"
La présidente de la Fondation des Femmes, Anne-Cécile Mailfert, rappelle que "s’il y a 20% de femmes harcelées sexuellement, c’est qu’il y a un sacré paquet d’agresseurs sexuels".
Le célèbre producteur de Hollywood Harvey Weinstein est accusé d'avoir violé, agressé ou harcelé sexuellement de nombreuses actrices. Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie ou encore les Françaises Judith Godrèche et Emma de Caunes ont témoigné ces derniers jours. Selon Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, invitée jeudi 12 octobre sur franceinfo, "une femme sur cinq est harcelée sexuellement dans sa carrière".
franceinfo : Tout le monde savait et personne ne parlait ?
Anne-Cécile Mailfert : C'est ce que permet le pouvoir de ces hommes. Les victimes ne savent pas combien il y a d'autres femmes dans leur cas. Si elles sont les seules ou pas. Ce sont de jeunes actrices qui savent que leur carrière dépend peut-être de cet homme-là.
Quand les affaires sortent aujourd’hui, tout d’un coup tout le monde se sent autorisé à parler parce que les victimes savent qu’elles ne sont plus seules et elles savent surtout qu’on va les entendre.
Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmesà franceinfo
Il est viré quand même de sa compagnie, il y a des enquêtes en cours des médias internationaux. Tout le monde s’accorde à dire que c’est incroyable et insupportable ce qui s’est passé. Donc, là, les victimes se disent 'si je parle on ne va pas me traiter de menteuse, si je parle j’ai enfin l’occasion de dire ce qui s’est passé'.
On a le sentiment que le cinéma n'est pas un milieu professionnel comme les autres à ce niveau-là ?
Je nuancerais un petit peu votre propos. Quand on regarde les sondages, 20% des femmes disent avoir été victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail. Une femme sur cinq au cours de sa carrière sera victime de harcèlement sexuel. C’est un chiffre qui doit quand même nous interroger sur tous les milieux. Maintenant, il est clair que le milieu du cinéma comme le milieu politique est un milieu où il y a beaucoup d’argent, beaucoup de pouvoir, où il y est beaucoup question d’image, de réputation. C’est sûr que les femmes qui rentrent dans ces milieux ne tiennent absolument pas les rênes. Elles sont un peu en position d’infériorité par rapport aux hommes donc très clairement, elles sont plus vulnérables que dans d’autres cas.
Dans ces milieux-là, le professionnel et le privé se mélangent, ce n'est peut-être pas facile pour les victimes de s'identifier en tant que telles ?
Effectivement c’est le milieu artistique en général, on va être dans des rapports de copinage, des soirées, des dîners et c’est vrai que ça va faire que les femmes vont peut-être plus culpabiliser en se disant : je n’aurais pas dû le suivre dans sa chambre, je n'aurais pas dû boire un verre avec lui. Finalement c’est un peu de ma faute, je suis piégée, je suis obligée d’aller jusqu’au bout. Mais là encore, c’est le cas dans beaucoup d’autres professions. Il ne faut pas penser qu’il y a un monstre qui s'appelle Harvey Weinstein, que les autres sont des petits moutons blancs. S’il y a 20% de femmes harcelées sexuellement c’est qu’il y a un sacré paquet d’agresseurs sexuels, y compris dans le cinéma français, la tribune de Léa Seydoux est sans équivoque sur le sujet. Elle dit très clairement qu’elle en connaît plein d’autres.
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