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#balancetonporc : "La pédagogie vis-à-vis des petits garçons, mais aussi des hommes, c'est important"

Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, s'est félicitée de l'opération #balancetonporc sur Twitter : "Ça permet de voir le caractère massif du harcèlement sexuel et des agressions sexuelles". Elle a appelé les hommes à changer de comportement. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Les femmes se sont saisies du mot clé #balancetonporc sur le réseau social Twitter pour raconter les harcèlements, agressions et viols qu'elles ont vécus au travail.  (CAPTURE D'ÉCRAN / TWITTER)

Harvey Weinstein a été exclu de l'Académie des Oscars samedi 14 octobre et l'Élysée envisage de lui retirer sa Légion d'honneur, après l'ouverture d'une enquête en raison d'une trentaine d'accusations d'agressions sexuelles et de viols visant le producteur américain. Ce scandale a provoqué une onde de choc sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter avec le hashtag #balancetonporc, que les femmes utilisent pour raconter leur histoire personnelle.

Invitée sur franceinfo, Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, juge l'initiative positive car "ça permet de voir le caractère massif du harcèlement sexuel et des agressions sexuelles", rappelant que la deuxième étape, celle de "la fin de l'impunité", est encore loin d'être acquise car la peur des représailles est encore présente. Anne-Cécile Mailfert estime également qu'un travail de pédagogie "vis-à-vis des petits garçons pour les futures générations mais aussi vis-à-vis des hommes d'aujourd'hui" est l'une des solutions pour résoudre le problème.

franceinfo : le mot-clé #balancetonporc aide-t-il la parole à se libérer ?

Anne-Cécile Mailfert : Ça permet de voir le caractère massif du harcèlement sexuel et des agressions sexuelles. On n'est pas sur un seul prédateur qui agit seul depuis Hollywood, on est dans tous les milieux, dans tous les milieux de travail, on a des centaines de milliers de femmes qui sont victimes de harcèlement sexuel, on pense qu'il y a environ 20 % de femmes qui au cours de leur carrière vont être victimes à un moment donné ou à un autre de harcèlement sexuel au travail.

La honte commence-t-elle à changer de camp ?

On va dire oui, ça commence à changer un peu. Maintenant, après cette première étape de mise en lumière du caractère massif des agressions sexuelles, la deuxième étape, celle qui va réellement faire en sorte qu'on améliore la situation pour les femmes, ça va être celle de la fin de l'impunité. Et là, malheureusement, on n'y est pas encore, parce que même lorsque vous regardez Twitter, ces femmes, si elles énoncent les actes dont elles ont été victimes, n'osent pas dire qui les a agressées. Or c'est en mettant la lumière sur ces hommes qui les ont agressées, en portant plainte, en ayant des démarches de ce type-là, qu'on va réellement mettre un terme à l'impunité, c'est-à-dire de pouvoir, sans problème, sans aucune conséquence, harceler les femmes.

Ne pas donner de nom sert à éviter de s'exposer à des plaintes en diffamation...

On va avoir du côté des victimes encore aujourd'hui une peur : la peur de dénoncer parce que ça veut potentiellement dire que ça va se retourner contre vous. Et il est évident que les femmes ne souhaitent à aucun moment que ce qu'elles ont déjà vécu de violent se retourne ensuite contre elles et les fasse souffrir à nouveau. 

Il y a un travail qui doit être fait dans les entreprises, avec des associations, par le gouvernement, pour que cette affaire et cet élan médiatique débouchent sur quelque chose de constructif et mette fin enfin à l'impunité.

Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes

à franceinfo

On voit des réactions sur Twitter qui sont "Je vais enseigner à ma fille les arts martiaux" et des réponses "Apprenez plutôt à vos garçons à ne pas harceler" : qui doit changer de comportement ?

D'abord les hommes. C'est évident que la pédagogie vis-à-vis des petits garçons pour les futures générations, mais aussi vis-à-vis des hommes d'aujourd'hui, est extrêmement importante. Il faut aussi mettre un terme à la culture du viol, c'est-à-dire des publicités, des films, des tas de messages qui émaillent tout notre quotidien de représentations extrêmement sexistes vis-à-vis des femmes. Il faut aussi agir en justice pour empêcher les agresseurs d'agresser à nouveau parce que comme Harvey Weinstein, les victimes ne sont souvent pas des cas isolés. Ce sont des prédateurs qui vont renouveler leur manière de harceler les femmes jusqu'à ce qu'on les arrête.

Que peut-on faire pour aider les victimes de harcèlement, d'agression sexuelle ou de viol ?

Ce qu'il faut faire, c'est leur dire qu'il y a des associations qui sont là pour les aider. Il y a des numéros de téléphone : le 39 19, le 0 800 05 95 95. C'est le numéro d'appel pour tout ce qui est viol et agression sexuelle. Et puis, il y a aussi trois petits mots magiques, je les dis parce que ça peut aider beaucoup de femmes victimes : 1. Ce n'est pas de votre faute 2. Il n'avait pas le droit et 3. C'est la loi. La loi est là pour vous, donc vous pouvez faire confiance, vous rediriger vers des associations mais vraiment ce n'est pas de votre faute et il n'avait pas le droit de faire ça.

"Ce sont des prédateurs qui vont renouveler leur manière de harceler les femmes jusqu'à ce qu'on les arrête." Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes à franceinfo.

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