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Femmes victimes de violences : après l'explosion des appels en octobre, le 3919 s'interroge sur son avenir

L'association gérant le numéro d'écoute destiné aux femmes victimes de violences demande des moyens supplémentaires. Les appels ont augmenté de 27% en octobre, par rapport au mois précédent. 

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le 3919, numéro d'écoute national destiné aux femmes victimes de violences, a enregistré une forte hausse de ses appels en octobre 2017, dans la foulée de l'affaire Weinstein. 
 (MAXPPP)

Avec l'affaire Weinstein et d'autres révélations d'abus en dehors du milieu du cinéma, de nombreuses victimes de violences et de harcèlement sexuel ont voulu prendre la parole et témoigner. Les 28 personnes à l'écoute 7 jours sur 7 au numéro d'appel 3919 ont été débordées. Les appels ont progressé de 27% en octobre par rapport au mois précédent.

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Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), qui met en œuvre la plateforme 3919, réclame des moyens supplémentaires, pour être en capacité de répondre à l'ensemble des appels. 

En 2016, 4,3% de femmes appelaient pour des violences sexuelles ou des violences au travail. En octobre 2017, on était à 12%. Cette progression n'est pas suivie par une hausse du nombre de personnes sur la plateforme.

Françoise Brié, à la tête de la Fédération solidarité femmes

à franceinfo

Parler, avant de demander

La plupart des appels au 3919 concernent des cas de violences conjugales. Ils engendrent un long dialogue personnalisé avec la victime, pour essayer de lui indiquer le chemin afin de sortir de situations douloureuses. Ce soudain afflux d'appel, sous la pression de l'actualité, a parfois été différent à traiter pour les écoutantes qui répondaient. Isabelle explique qu'une révélation à la une de la presse peut déclencher 'l'ouverture d'une prise de conscience" mais sans autre formulation du besoin. 

Il y a un appel mais pas forcément la maturation pour demander quelque chose de précis.

Isabelle, écoutante au 3919

à franceinfo

Eviter "la retombée du soufflé"

Aujourd'hui, l'association est revenue à un volume d'appels plus proche de ce qu'il était avant le scandale Weinstein. Ce qui n'étonne pas Adrien Ricciardelli, responsable du service du 3919. Il a vécu le même phénomène, dit-il, avec l'affaire Cantat-Trintignant.

Ce sont des cas de figure qui ont généré énormément d'appels, mais si la politique ne récupère pas le sujet pour en faire quelque chose, ça retombe comme un soufflé.

Adrien Ricciardelli, responsable du 3919

à franceinfo

Le volume d'appel est aujourd'hui revenu au niveau d'avant l'affaire Weinstein. Mais l’association demande plus de moyens pour développer la prise en charge des victimes, notamment le doublement du budget consacré aux droits des femmes par l'Etat.

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