"Un député m’a barré la route en me touchant la taille" : le sexisme ordinaire dénoncé au Parlement européen
Le scandale Harvey Weintsein libère la parole des femmes exposées au sexisme de certains de leurs collègues. Témoignage d'une assistante parlementaire européenne, originaire de Lorraine, recueilli par France Bleu.
Le scandale Harvey Weinstein, aux États-Unis, délie les langues. Depuis que le producteur hollywoodien est accusé de viols, agressions sexuelles et harcèlement sexuel par plus d'une vingtaine d'actrices, des femmes plus anonymes dénoncent elles aussi des expériences similaires.
C'est le cas d'une Lorraine, assistante parlementaire à Bruxelles et Strasbourg. Jeanne Ponté, 27 ans, a été confrontée à des remarques sexistes et à des gestes déplacés dès son entrée en fonction, il y a trois ans, lors d'une conférence. "Un député allemand m’a barré la route en me touchant la taille, en me demandant depuis combien de temps j’étais au parlement européen et si j’étais disponible pour un café", témoigne-t-elle pour France Bleu Lorraine.
Évidemment, c’est difficile de faire un esclandre et de réagir en se mettant en colère sur mon lieu de travail.
Jeanne Ponté, assistante parlementaire européenne
Un sentiment de "toute-puissance"
Depuis cette première triste expérience, la jeune assistante parlementaire compile méthodiquement dans un carnet les faits de harcèlement dont elle et ses collègues sont victimes au parlement. "C’est un vrai problème et entre assistantes parlementaires, on parle beaucoup d’expériences sexistes qu’on peut avoir au quotidien dans notre travail", explique-t-elle.
Pour la jeune femme, originaire de Nancy, les coupables pensent sans doute pouvoir agir en toute impunité dans un lieu dont on parle peu. "Je crois que ces députés ont un sentiment de toute-puissance et de sur-puissance, par manque aussi de médiatisation. On parle très peu de l’actualité du parlement européen sur la scène nationale", note-t-elle. Jeanne Ponté continue de remplir son petit carnet. Il y a malheureusement, dit-elle, toujours matière à le compléter.
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