Agnès Jaoui, nouvelle présidente de la cinémathèque de Toulouse, déplore la mainmise des plateformes de streaming
Agnès Jaoui a donné mercredi sa première conférence de presse en tant que présidente de la cinémathèque de Toulouse. "La mainmise des plateformes sur les auteurs" de cinéma est "assez grave", a estimé l'actrice et réalisatrice car elles ont "recréé Hollywood" en transformant ces derniers en "employés".
Avec la pandémie, "les productions de cinéma et les distributeurs vivent un moment épouvantable. A cela se rajoute la mainmise des plateformes sur les auteurs. C'est assez grave (...) Ils ont recréé Hollywood", a dénoncé Agnès Jaoui, lors de sa première conférence de presse en tant que présidente de la cinémathèque de Toulouse le mercredi 12 janvier.
"Ayant eu affaire à des plateformes, j'ai décidé d'arrêter car j'ai toujours été archi-libre pour écrire et faire des films, et je compte le rester", a-t-elle rajouté, estimant que les plateformes entravent la créativité et font des cinéastes des "employés".
Valoriser les réalisatrices
Succédant au réalisateur Robert Guédiguian à la présidence de cette cinémathèque nationale, où elle a été élue le 14 décembre pour trois ans, elle "rêve" d'y favoriser les rencontres entre publics différents et de remettre à l'honneur des femmes réalisatrices oubliées.
"J'ai très envie que des rencontres aient lieu, des transversalités, qu'on puisse faire de la musique, de la photo, se rencontrer des publics, des âges différents" pour "un vrai échange, un vrai mélange parce que je déteste les ghettos", a-t-elle souligné.
Agnès Jaoui, qui en 2018 a dénoncé le manque de femmes aux César et à Cannes, aimerait aussi "remettre à l'honneur des femmes qui ont fait des films" car "s'il n'y a pas des livres, des journalistes, des historiens d'art et des projections qui les mettent en valeur, on les oublie".
Sollicitée par Robert Guédiguian
Cette réalisatrice engagée, qui avait appelé à voter contre Marine Le Pen à la présidentielle de 2017, a en outre dénoncé l'actuel "combat de qui est le plus d'extrême-droite", le jugeant "terrifiant".
Robert Guédiguian, qui présidait la cinémathèque depuis 2016, a précisé à l'AFP avoir sollicité Agnès Jaoui pour lui succéder parce que "non seulement elle est cinéaste, mais aussi actrice". "Un acteur c'est brillant, intelligent, ça connaît l'histoire du cinéma, etc. Un producteur on ne sait pas qui sait, un réalisateur on le sait à peine (...) Ce qu'on voit c'est quand même les acteurs", a-t-il ajouté.
Interrogé sur ses points communs avec Agnès Jaoui, il a souligné leur idée d'un "cinéma qui se préoccupe du public" et "que le cinéma populaire peut être du grand art".
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