Cet article date de plus d'onze ans.

Après Assange, cinq héros du web qui méritent aussi leur bio sur grand écran

Le film "Le cinquième pouvoir", consacré au fondateur de WikiLeaks, sort vendredi aux Etats-Unis. Francetv info a listé une brochette de stars d'internet qui pourraient, eux aussi, faire l'objet d'un scénario hollywoodien. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Le sulfureux fondateur de Megaupload, Kim Dotcom, a lancé, le 20 janvier 2013, depuis Auckland (Nouvelle-Zélande), son nouveau site de partage de fichiers, Mega. (MICHAEL BRADLEY / AFP)

"'Le cinquième pouvoir' est condamné à échouer au box-office", a prophétisé Julian Assange, dimanche 13 octobre. Depuis l'ambassade d'Equateur à Londres, où le fondateur de WikiLeaks est bloqué depuis le 19 juin 2012, il a continué sa campagne de dénigrement du film qui lui est consacré. Le public préfère "les histoires d'outsiders combatifs", a fait valoir l'ancien hacker. Son site lanceur d'alerte a par ailleurs contre-attaqué en diffusant un documentaire (lien en anglais) donnant sa version de l'histoire, tandis que le compte Twitter de l'organisation republie à tour de bras les critiques négatives émises par les internautes.  

Déjà sorti au Royaume-Uni, le film arrivera vendredi aux Etats-Unis, dans un contexte polémique. Les Français, qui doivent encore attendre jusqu'au 4 décembre, peuvent patienter en fantasmant sur les biopics (ces biographies filmées) qu'Hollywood n'a pas encore sortis des tiroirs. Car les génies du web, brillants, controversés ou simplement exubérants, sont des héros en puissance. Francetv info en a sélectionné cinq.

1 Aaron Swartz : outsider combatif 

Genre : Thriller psychologique, drame.

Le pitch : La descente aux enfers d'un idéaliste. 

Le scénario : Lorsqu'il est retrouvé mort pendu dans son appartement new-yorkais, il devient, à 26 ans, "la première icône de la lutte pour la libération des biens intellectuels", écrit Télérama dans le portrait consacré à Aaron Swartz. Ce qui mérite bien un long métrage émaillé de flashbacks. Au-delà de la sympathie alloué aux "génies partis trop tôt", l'histoire de Swartz se révèle typiquement hollywoodienne : le combat d'un désobéissant broyé par la justice américaine.

Son cauchemar commence en janvier 2011. Cofondateur du réseau social Reddit (entre autres) et fort de plus de dix ans d'expérience dans le cybermilitantisme, Aaron Swartz est arrêté par la police, près du campus du Massachusett Institute of Technology (MIT), aux Etats-Unis. Depuis ses locaux, le surdoué a téléchargé illégalement 4,8 millions de documents scientifiques universitaires sur la bibliothèque en ligne JSTOR. Son objectif : rendre accessible à tous cette mine de savoir. L'initiative, très Robin des Bois 2.0, est généreuse mais parfaitement illégale. Pris dans la tourmente judiciaire, le jeune homme risque trente-cinq ans de prison et un million de dollars d'amende quand il met fin à ses jours. Pour The Verge (lien en anglais), Aaron Swartz est le martyr geek par excellence. Il a d'ailleurs presque gagné son combat. "A la suite de cette affaire, le JSTOR a décidé de rendre accessible une part importante de ses documents", précise-t-on à la fin de notre film imaginaire, en lettres blanches sur écran noir, sur fond d'air de piano.

Un rôle pour : Dev Patel, qui a bien grandi depuis Slumdog millionaire.

2 Kim Dotcom : Mega troll

Genre :  Faux documentaire ("mockumentary").

Le pitch : Bienvenue dans la cage dorée d'un bad boy 2.0.

Scénario : A défaut de faire l'objet d'une émission de téléréalité, Kim Dotcom, 39 ans, se vit déjà comme un personnage de fiction. Né Kim Schmitz, cet Allemand fantasque a fait fortune en faisant un doigt d'honneur géant à la surpuissante industrie du divertissement américain. Plus encore que son passé trouble, la vie quotidienne du patron de la plateforme de téléchargement Mega, assigné à résidence à Auckland (Nouvelle-Zélande), transpire le blockbuster.

Kim Dotcom a fondé en 2005, à Hong Kong, la société Megaupload Limited. Cinq ans plus tard, à la tête d'un empire, il s'installe en Nouvelle-Zélande. Depuis sa gigantesque propriété bling-bling, il pilote l'une des plus "grandes affaires de violation de droits d'auteurs jamais traitées aux Etats-Unis", estime le FBI et le ministère de la Justice américain, qui demande, depuis, son extradition. A l'époque, il pilote aussi des bateaux en tout genre, des voitures de course, un hélicoptère à son nom et une voiturette de golf tout-terrain. Bref, un rêve de scénariste : un cerveau de (mauvais) génie, un physique de Bibendum et le train de vie de Nabila. 

Un rôle pour : Jack Black qui aura pris 35 kilos pour le rôle et méritera un Oscar.  

3 Barnaby Jack : qui veut la peau du "chapeau blanc" ?

Genre : Polar complotiste.

Le pitch : Il avait de la suite dans les idées. Un peu trop ? 

Le scénario : Dans la vraie vie, les enquêteurs de la police de San Francisco chargés de faire la lumière sur la mort de Barnaby Jack ont écarté l'hypothèse du meurtre. Au cinéma, il convient de rappeler que les circonstances du décès de ce Néo-Zélandais de 35 ans, en juillet, éveillent les soupçons. Barnaby Jack était-il en danger ? Lui qui devait donner une conférence pour expliquer comment pirater à distance pacemakers et défibrillateurs... 

En 2010, il s'est fait connaître en montrant comment vider un distributeur automatique de billets sans dévaliser de compte bancaire. Le genre d'astuce qui peut vous attirer des ennemis, ainsi que quelques amis peu recommandables. 

Barnaby Jack montre comment pirater un distributeur automatique de billets, à l'occasion la convention de Black Hat, à Las Vegas (Etats-Unis), le 28 juillet 2010. (ISAAC BREKKEN / AP / SIPA )

Un rôle pour : Un acteur aux grands yeux tristes et aux cheveux rasés. Les agents de Jake Gyllenhaal et de Colin Farrell sont prévenus. 

4 Robin Li : le "loup" de l'empire du milieu

 Genre : Historique, drame.

Le pitch : Comment Robin Li a dompté le web chinois.

Le scénario : "Je suis un entrepreneur, je ne fais pas de politique", dit Robin Li, interrogé sur la censure opérée par le régime sur l'internet chinois. A la tête de Baidu, le Google chinois, le chef d'entreprise est le web entrepreneur le plus puissant du pays. Seul garçon d'une famille de cinq enfants, né dans la province du Shanxi (nord-est), il a créé un géant qui règne sur 80% du marché des moteurs de recherche en langue chinoise. Une mission périlleuse dans un pays adepte de la censure. Dans ce contexte très particulier, il prône "la culture du loup" (agressivité, flair...) et clame que Google lui a piqué son algorithme. Comment un petit garçon pauvre s'est retrouvé, à 44 ans, à la tête d'une entreprise dont le siège se trouve aux îles Caïmans, et qui est cotée au Nasdaq ? Voilà le client idéal pour une success story riche en contradictions. 

Robin Li, fondateur du moteur de recherches en langue chinoise Baidu, le 2 septembre 2011 à Pékin (Chine).  (JASON LEE / REUTERS)

Un rôle pour : Harry Shum Jr

5 John McAfee : "Belize parano"

 Genre : Road movie hallucinogène.

Le pitch : Sexe, drogue et logiciel.

Le scénario : John McAfee s'est fait un nom (et une fortune) grâce à ses logiciels antivirus. Mais en l'espace de quelques années, le visage de l'entrepreneur a bien changé. Paranoïaque, drogué, souvent armé et lunatique, il mène au Belize une existence mouvementée, entouré de jeunes femmes et de gardes du corps. Quand des policiers perquisitionnent son domicile, en novembre 2012, après le meurtre de son voisin, Gregory Faull, ils tombent sur plusieurs armes à feu et les vrais ennuis commencent, ainsi que notre film. 

Recherché par la police, John McAfee a tenté pendant un mois d'échapper aux enquêteurs, allant jusqu'à s'enfouir dans le sable, avant d'être arrêté, puis expulsé aux Etats-Unis. Sur son blog, The Hinterland (en anglais), il se dit victime de persécution politique et raconte son périple. 

John McAfee, le fondateur du logiciel antivirus éponyme, apparaît dans une interview vidéo réalisée en mai 2012 (capture d'écran).  (YOUTUBE / FTVI)

Un rôle pour : Chuck Norris, à condition d'avoir affaire à des producteurs audacieux. Mais il serait plus prudent de penser (encore !) à Daniel Day-Lewis.  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.