Après le flop d'"Anna", l'avenir incertain de Luc Besson
L'échec commercial de son dernier film confirme la lente descente en enfer du "patron" du cinéma français.
L'horizon est bien sombre pour Luc Besson. Anna, sorti en salle depuis un mois, est un flop de plus pour le réalisateur qui semble avoir perdu définitivement sa cote auprès du public. Ce long-métrage gros budget (30 millions d'euros) a péniblement atteint les 640 000 spectateurs le 6 août. Une tendance qui, si elle se confirme, annonce le plus gros échec commercial pour Besson depuis The Lady (2011), son biopic sur Aung San Suu Kyi.
159 millions d'euros de dettes pour Europa Corp
Le studio du cinéaste, créé en 1991 et dont il détient 31% des parts, est dans la tourmente. Placé en procédure de sauvegarde depuis mai dernier, Europa Corp a atteint une dette de 159 millions d'euros, des pertes cumulées de 435 millions d'euros sur les quatre dernières années et un chiffre d'affaires qui s'est effondré de 75% l'an dernier. Sale temps pour ce géant du cinéma "made in france" qui devrait bientôt passer sous contrôle américain, plus précisément sous celui du fonds d'investissement Vine auquel Luc Besson doit plus de 80 millions d'euros. Au cours des trois dernières années, le cinéaste a dû céder sa division de production pour la télévision à Mediawan, ses multiplex à Tremblay-en-France et à Marseille au groupe Gaumont-Pathé et le catalogue Roissy Films à Gaumont, soit plus de 300 films. Il a par ailleurs cessé ses activités de distribution.
La chute est dure pour le réalisateur qui avait cumulé les réussites à l'international avec Nikita, Léon, Lucy (plus grand carton au box-office international pour un film français) ou la trilogie Arthur et les Minimoys. Principal artisan du rayonnement du cinéma français à l'international, le cinéaste avait pris un coup avec l'échec commercial de son blockbuster Valerian et la Cité des mille planète. Malgré une performance honorable au box-office, le film n'avait pas eu le succès escompté aux Etats-Unis et n'était pas rentré dans ses frais (197 millions d'euros de budget), plongeant Europa Corp dans le rouge.
Le retour des accusations de viol et agressions sexuelles
Aux difficultés financières du "patron" du cinéma hexagonal, s'ajoute la poursuite de ses démêlés judiciaires. On pensait l'affaire terminée depuis le 19 mai 2018, lorsque la plainte pour viol de la comédienne Sand Van Roy avait été classée sans suite. La plaignante, qui avait joué dans Taxi 5 et Valérian, a depuis relancé la procédure en se constituant partie civile. Une accusation que le réalisateur nie toujours en bloc.
Une nouvelle enquête a été ouverte à Paris le 21 février dernier suite à la plainte d'une actrice vivant aux Etats-Unis. Elle accuse le cinéaste de l'avoir agressée sexuellement en 2002. Ces deux plaintes s'ajoutent à une série de neuf dénonciations pour gestes inappropriés ou agressions sexuelles. Ces signalements n'ont pas été suivis de plaintes, les faits étant prescrits.
Incertitude quant à la Cité du cinéma
Inauguré en grande pompe en 2012, le complexe pharaonique, propriété du groupe Euromédia, craint aujourd'hui pour son avenir. Avec ses 62 000 m² d'installations, son école de cinéma et ses studios, il est loué depuis sa construction par Luc Besson et Europa Corp. Problème : la société n'a pas payé le loyer depuis 2018 et a accumulé 7 millions d'euros d'arriérés selon Le Figaro.
Cité par Le Parisien, un élu local avoue que l'on "réfléchit à une deuxième vie de cette cité". "Les studios, [...] peuvent très bien continuer à vivre. Et la nef de la cité du cinéma, qui est sous-exploitée, peut devenir centrale dans le quartier de bureaux et de logements qui est en train de naître autour". Une chose est certaine, elle sera au coeur des Jeux olympiques en 2024, et servira d'installation d'appoint pour l'évènement.
"Reclus chez lui à Los Angeles"
Vu pour la dernière fois le 24 juin au Fouquet's à Paris pour la promotion de Anna, Luc Besson est aujourd'hui aux abonnés absents. Pas la moindre apparition publique, un compte Twitter muet et un compte Instagram supprimé. Selon des proches contactés par Le Parisien, il serait enfermé chez lui à Los Angeles et a dressé "un écran de fumée autour de lui", cerné par l'échec d'Anna, la fin prévue d'Europa Corp et les affaires judiciaires.
Mais, toujours selon son entourage cité par Le Parisien, le "patron" ne serait pas abattu pour autant. "C'est justement parce que Anna n'a pas marché qu'il va se lancer rapidement dans un autre projet" assure un membre de son cercle rapproché. D'ailleurs, on peut difficilement déclarer le réalisateur ruiné, puisqu'il continue a toucher un salaire plus que confortable de 5,6 millions d'euros annuels grâce à Europa Corp, tandis que les effectifs de son entreprise ont fondu aux trois quarts.
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