Après une année 2020 marquée par les deuils et la pandémie, Bollywood rêve de lendemains qui chantent
L'industrie cinématographique indienne, basée à Bombay, a été frappée par plusieurs disparitions, dont certaines dues au Covid-19, des scandales ainsi que les conséquences de la crise sanitaire.
Pour les Indiens, les danses et les chansons de Bollywood constituent un moyen d'échapper à leur quotidien. Le cinéma indien rêve de renouer avec les beaux jours après une année noire.
L'industrie cinématographique basée à Bombay, la plus prolifique au monde, a d'abord dû encaisser la mort tragique, à 36 heures d'intervalle, de deux de ses idoles, Irrfan Khan et Rishi Kapoor, au mois d'avril. Le cortège de décès s'est poursuivi avec ceux du compositeur Wajid Khan, des suites du Covid-19 à 42 ans, du réalisateur Basu Chatterjee, de la première chorégraphe de Bollywood Saroj Khan et du chanteur S.P. Balasubrahmanyam, comptant 40.000 chansons de cinéma à son répertoire.
Plusieurs décès et le suicide d'un acteur ont provoqué une grande émotion
Mais c'est sans doute le suicide du comédien Sushant Singh Rajput, à 34 ans, qui a suscité le plus grand émoi, notamment après l'arrestation de son ancienne compagne, l'actrice Rhea Chakraborty accusée de lui avoir acheté de la drogue. Certains médias s'étaient déchaînés contre la star de 28 ans, l'accusant d'avoir recouru au cannabis et à la magie noire afin de conduire Rajput au suicide. Des vedettes dont la superstar Deepika Padukone ont été interrogées en septembre par la police pour les besoins de l'enquête avant la libération sous caution de Rhea Chakraborty en octobre après quelques mois passés en détention.
Bollywood a été dépeint par certains comme un milieu d'inéquité, dépravé par la consommation de drogue. "La campagne de diffamation menée par certains médias contre l'industrie du cinéma a été épouvantable", a déclaré à l'AFP l'actrice Swara Bhasker, "l'année a été terrible".
Dans le même temps, le coronavirus a obligé les producteurs de films à marquer une pause dans les tournages de Bollywood, cœur de l'industrie du film en hindi, ou dans les autres bastions régionaux du cinéma indien. Or sur les plateaux, fourmille normalement une multitude de coursiers, de figurants et de travailleurs mal payés. "La perte d'emplois et de revenus a été préjudiciable pour nombre d'entre eux", souligne Swara Bhasker.
Les restrictions sanitaires bloquent le tournage des scènes musicales
Les productions ont provisoirement repris mais les restrictions contre le Covid-19 leur interdisent de tourner les scènes musicales caractéristiques. Les cinémas, fermés pendant des mois, ont rouvert en octobre, mais les spectateurs redoutant le coronavirus ne sont toujours pas revenus. Les sorties de films en salle sont en suspens, et les producteurs se tournent vers les plateformes de streaming qui connaissent un essor fulgurant.
C'est le cas du film policier Ludo lancé sur Netflix en novembre, dans lequel joue le comédien Abhishek Bachchan. Lui, pourtant, estime que l'expérience en salle obscure "ne saurait être remplacée". "Nous aimons nos sorties au cinéma et regarder nos films sur grand écran tout en dégustant nos pop-corn, nos samosas et nos boissons fraîches, accompagnés d'amis, de la famille", dit-il à l'AFP. "Je crois absolument au retour des cinémas, je l'espère vraiment", ajoute-t-il admettant que cette perspective restait aujourd'hui incertaine. "Quelle sera la nouvelle normalité ?"
Bollywood cèdera-t-il à la tentation des plateformes ?
Si Hollywood a évoqué l'idée de projeter des films en salles et sur les plateformes numériques simultanément - Warner Bros prévoyant d'appliquer cette stratégie pour toutes ses sorties de films en 2021 - Bollywood n'a rien annoncé de tel. Pour le réalisateur et comédien Anurag Kashyap, qui joue dans AK vs AK, une comédie noire qui sort cette semaine sur Netflix, "certains films exigent d'être projetés sur grand écran".
Les cinéastes tournent leurs films dans des conditions adaptées au mode de projection prévu avec la production, explique-t-il, aussi "studios et distributeurs doivent tenir leur promesse". Confrontés aux pertes accumulées, nombre de cinémas ont tiré le rideau et nombre d'autres envisagent de déclarer forfait, prévient Komal Nahta, expert du marché du cinéma. "Cela va être catastrophique", confie-t-il à l'AFP.
Mais certains observateurs optimistes veulent croire que la progression de la vaccination permettra au cinéma indien de réaliser un come-back théâtral digne des meilleurs films de Bollywood. "Combien de temps il faudra, je ne sais pas", admet Komal Nahta, "mais ce sera un big Big Bang". "L'industrie cinématographique est éternelle", veut croire aussi Hari Prasad Jayanna, un réalisateur de Bangalore, bastion des films tournés en kannada, la langue officielle de l'État de Karnataka.
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