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Avant les Oscars et les Césars, Emmanuelle Riva croit au conte de fées

"Depuis toute petite je voulais faire ce métier: c'est un conte de fées", sourit Emmanuelle Riva, nominée aux Oscars et aux Césars pour "Amour" de Michael Haneke, qu'elle est venue présenter à Remiremont, petite ville des Vosges où, adolescente, elle avait fait ses premiers pas sur les planches.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuelle Riva en octobre 2012 à Rome
 (TIZIANA FABI / AFP)
L'actrice confie être "heureuse, mais surprise" par cette "pluie de prix" et de nominations: couronné par une Palme d'or à Cannes en mai dernier, le long métrage est désormais en compétition pour les Césars et les Oscars, les 22 et 24 février prochains. Signe du destin ? C'est précisément le 24 février qu'elle fêtera ses 86 ans.
Elle affirme avoir "immédiatement senti" être "prête" à jouer Anne, une octogénaire terrassée par une attaque cérébrale qui met à l'épreuve le couple qu'elle forme avec Georges, interprété par Jean-Louis Trintignant. La comédienne, née en 1927 dans le petit village vosgien de Cheniménil, se félicite de ce rôle, "arrivé à point nommé à ce stade de ma vie".
"Ce film, je n'en reviens pas. C'est merveilleux. Un rôle pareil, ça ne peut pas se renouveler!", confie Emmanuelle Riva. Pour autant elle réfute vigoureusement le terme "d'aboutissement", "parce que ça voudrait dire que je suis à bout de tout: j'espère bien que non". A Remiremont, où elle a commencé à jouer au théâtre lorsqu'elle était 
adolescente, Emmanuelle Riva a rappelé son parcours atypique "d'une paysanne", passionnée par les classiques et qui rêvait de Paris, "mais pas de gloire".
Jeune première
Son père, peintre en bâtiment, avait rencontré lors d'un chantier le directeur de la troupe de théâtre locale, qui lui avait demandé s'il ne connaissait pas une "jeune première". Il lui avait alors suggéré le nom de sa propre fille. Et c'est ainsi qu'Emmanuelle Riva a pu s'illustrer quelques semaines plus tard, en jouant "La fleur merveilleuse", de Miguel Zamacoïs.
"J'ai des souvenirs extraordinaires ici. Mais je mourais de ne pas savoir comment tenter ma chance à Paris, j'étais seule, je ne savais pas comment partir", se souvient la comédienne, révélée au grand public quelques années plus tard, en 1959, grâce à "Hiroshima, mon amour", d'Alain Resnais.
Sa carrière a aussi été marquée par "des déserts", reconnaît-elle, car elle a "trop refusé de propositions". Cela n'a pas été le cas avec Michael Haneke. "Quand un cinéaste comme Haneke vous propose quelque chose, on est sur le qui vive. Qui refuserait ça ? Il faudrait être toquée!", sourit la comédienne.
"Ce film, 'Amour', touche à l'humain, le plus direct, le plus naturel. Ca n'est pas un film réaliste, c'est un film réel. Je ne pense pas qu'il y ait un sujet plus brûlant que ce que traite le film, la maladie, la mort", estime Emmanuelle Riva."Si Haneke ne m'avait pas confié le rôle, j'aurais été dans un très grand chagrin", poursuit-elle. Mais elle déplore la fatigue de six mois de promotion intense, avant les Césars et les Oscars. "Les prix, on n'est pas là pour ça. C'est un embarras d'y penser avant", tranche-t-elle. "Mais puisqu'ils existent, il faut bien les donner à des gens", lance l'actrice, qui revendique n'être "jamais entrée dans le star-system".

Emmanuelle Riva, qui se définit comme "une sauvage", assure "avoir parfois envie de (se) sauver dans les bois". "Je n'attends rien, je n'attends pas: je vis", conclut-elle, dans un éclat de rire.

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