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"Avatar 2" : pourquoi la 3D ne s'est jamais (vraiment) imposée dans les salles de cinéma après le premier opus ?

Article rédigé par Thomas Destelle
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Des lunettes permettant de voir un film en 3D. (YVES ESTIVALS / MAXPPP)
Treize ans après le premier "Avatar", la suite "Avatar : la voie de l’eau" sort en salles mercredi. Entre ces deux films, la technologie 3D n'a pas réussi, comme promis, à s'imposer largement dans les salles de cinéma.

Une révolution de courte durée ? Avatar : la voie de l’eau sort au cinéma mercredi et sera visionnable en trois dimensions dans de nombreuses salles françaises. Une technologie qui s'est pourtant peu à peu éteinte depuis le premier Avatar. En 2009, le film de James Cameron présidait l'arrivée massive de la 3D sur les écrans de cinéma. "Le film est arrivé au moment où commençait la transition de la projection numérique dans les salles, explique Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF). Auparavant, on projetait des films avec des bobines de 35 mm. Les nouveaux projecteurs ont permis de faire des projections en 3D de très grande qualité comme jamais auparavant."

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Trop de films "simplement adaptés à la 3D"

À cette époque, la 3D était alors vue comme une évolution technique vouée à s'imposer comme l'ont fait les films en couleur sur le noir et blanc. Ce n'était pas le premier film à proposer de la 3D, Alfred Hitchcok notamment s'y était intéressé dans les années 1950 avec Le Crime était presque parfait. Mais le film de James Cameron a été vu comme une révolution dans les salles obscures à l'époque : la qualité de l'œuvre du réalisateur américain a attiré les spectateurs français, avec 14 millions de spectateurs. Si toutes les salles ne proposaient alors pas le visionnage du film avec l'effet relief, beaucoup l'ont vu munis des fameuses lunettes 3D. Des réalisateurs s'étaient déjà emparés de cette nouvelle technologie : James Cameron prend les exemples, notamment, de L'Odyssée de Pi d'Ang Lee, Martin Scorsese avec Hugo Cabret ou encore avec Ridley Scott pour Prometheus. "Ils ont filmé en 3D native, explique le réalisateur américain. D'autres réalisateurs ont proposé de la 3D avec une post-conversion et ils ont obtenu un résultat très limité."

"Il y a des films conçus pour la 3D et d'autres films qui ont été simplement adaptés à la 3D, abonde Marc-Olivier Sebbag. Donc la 3D s'est dévalorisée aux yeux du public à ce moment-là, puisqu'il y avait moins de films à certaines périodes qui avaient vraiment été conçues dès l'origine pour ça." Sans oublier, aussi, qu'une séance 3D implique souvent un supplément de quelques euros vivre le film de façon immersive. 

Face au manque d'intérêt du public, l'entreprise américaine IMAX a d'ailleurs annoncé en 2017 qu'elle ne diffuserait plus de films en 3D. Et malgré les espoirs de la filière, cette technologie ne s'est pas non plus imposée dans nos salons. Après avoir produit des télévisons capables de visionner de la 3D à l'aide de lunettes, les fabricants Philips et Samsung ont annoncé dès 2016 ne plus proposer cette technologie (plus onéreuse que les autres modèles) dans leur prochains modèles.

"Une sorte de niche"

Le film avec un effet relief n'a pour autant pas complétement disparu. Le marché chinois est très friand de ce genre de production. En France, de nombreux blockbusters continuent de sortir avec une version 3D, mais souvent le nombre de séances accessibles est limité. Difficile de dire, si les spectateurs français iront se ruer pour voir Avatar 2, bien qu'ils semblent toujours attachés à cette technologie. En septembre, le film Avatar a fait son retour dans les dans les salles obscures en version restaurée. "En quinze jours, ce film a fait 500 000 entrées et on était sur une sortie assez limitée en nombre de copies. Donc on voit bien que il y a un souvenir très fort d'Avatar un et que les spectateurs attendent de pied ferme un Avatar 2", assure Marc-Olivier Sebbag.

Cette technologie pourrait-elle renaître et s'imposer dans les salles de cinéma ? "Je serais assez optimiste, estime le professionel du cinéma, sans dire qu'elle va se substituer à tout type de films. Elle restera très particulière, liée à la volonté du réalisateur pour un certain nombre de films. Elle ne remplacera pas le film en deux dimensions, mais elle sera un des modes comme vous avez la VO, la VF, la 3D, la 2D..." Et d'ajouter : "Les spectateurs vont trouver régulièrement des films dans lesquels la 3D prendra toute sa place et aura vraiment une grande qualité".

La 3D "est devenue une sorte de niche", estime de son côté James Cameron "une sorte d'artisanat très spécifique à certains films, avec des cinéastes qui l'adoptent du point de vue de la création". Pour le réalisateur d'Avatar 2, "d'un point de vue technique", la 3D était "la partie la plus facile du film parce que nous l'avions déjà fait et nous avions déjà résolu tous ces problèmes. Une fois que vous l'avez déjà fait, vous savez en quelque sorte comment le faire".

Les innovations techniques resteront au cœur de l'expérience du cinéma rappelle Olivier Sebbag : "Tout au long de l'histoire du cinéma, vous avez des innovations technologiques comme le parlant, la couleur, le technicolor et la 3D. Le cinéma, à la différence du spectacle vivant, est fondé sur des évolutions technologiques qui, à chaque fois, propose au spectateur quelque chose qu'il ne peut voir nulle part ailleurs." Pour Avatar 2, certains multiplexes, comme UGC, proposent le visionnage du film en High Frame Rate (HFR)  qui propose entre 48 et 60 images par seconde projetés, contre 24 habituellement, offrant une image plus fluide particulièrement pour les films en 3D.

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