"Avec amour et acharnement" : Juliette Binoche et Vincent Lindon se déchirent jusqu’à l’outrance dans le dernier film de Claire Denis
La cinéaste française adapte le roman "Le tournant de la vie" de Christine Angot à l'écran. Un pari pas totalement réussi malgré deux très bons interprètes.
À peine quelques mois après la projection à Cannes de son film Des étoiles à midi, le travail de Claire Denis est à nouveau projeté en salles. Son dernier long-métrage, Avec amour et acharnement, sort le 31 août. Dans ce drame construit autour d’un triangle amoureux, porté par un jeu sans fausses notes de Vincent Lindon et Juliette Binoche, la cinéaste explore les facettes du désir et de l’amour sans réussir à nous embarquer totalement dans cette adaptation du roman Un tournant de la vie de Christine Angot.
Triangle amoureux
Sara (Juliette Binoche) et Jean (Vincent Lindon) s’aiment. Leur amour irradie l’écran dès la première scène (très réussie). Ils vivent dans l’appartement parisien de Sara, journaliste à Radio France Internationale (RFI). Jean, ancien taulard et jadis joueur de rugby, trouve du travail dans la toute nouvelle entreprise de François (Grégoire Colin), l’ex de Sara, que cette dernière a quitté pour Jean plusieurs années auparavant.
Revoir soudain l’homme avec qui Sara a eu une relation passionnelle provoque l’embrasement de son couple avec Jean. De son côté, ce dernier tente de remettre sur pied sa relation avec son fils Marcus (Issa Periga), qu’il a eu d’une précédente relation. Le jeune homme vit chez sa grand-mère Nelly (Bulle Ogier).
Radiographie d’un couple qui se déchire
Une grande partie de l’intrigue se passe à l’intérieur de l’appartement de Sara, lieu de l’intimité du couple et des sentiments contradictoires de la journaliste, en proie à la fois à son désir pour son ex-compagnon François et à sa volonté de préserver sa relation avec Jean. Claire Denis aborde avec acuité certains aspects de la construction du désir d’une femme qui s’autorise à vivre ses aspirations, au risque d’en souffrir. Entourée d’hommes fonçant tête baissée et sans se poser de questions dans leurs propres projets et désirs, elle cherche une forme de liberté.
La cinéaste radiographie également avec précision, au sein du couple qui se déchire, les mécanismes d’évitement, de bienveillance hypocrite, et d’orgueil larvé dans les conversations. Jusqu’à l’explosion : la dispute, les cris, les larmes. Le film doit beaucoup au jeu remarquable de ses deux interprètes principaux.
Aspects caricaturaux
Mais au-delà de la performance de Juliette Binoche et Vincent Lindon, on peine à entrer totalement dans cette histoire. La faute à une mise en scène qui souffre d’un problème de dosage. Certaines séquences accentuent tellement leurs tonalités dramatiques qu’elles en deviennent presque caricaturales. Tout au long du film, d’insupportables violons ne cessent de ponctuer les actions, au risque de diluer dans leurs sanglots continuels l’émotion du spectateur.
Certains aspects de l’histoire des personnages, par exemple la relation entre Jean et son fils, ne sont pas vraiment creusés et semblent tomber comme un cheveu sur la soupe au milieu de l’intrigue amoureuse. On sort de la séance sans avoir vraiment pu être en empathie avec les personnages. Ils demeurent des figures lointaines, et nos émotions avec.
La fiche
Genre : Drame, romance
Réalisateur : Claire Denis
Casting : Juliette Binoche, Vincent Lindon, Grégoire Colin
Pays : France
Durée : 1h56
Sortie : 31 août 2022
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis : C’est Paris et c’est déjà l’hiver. Sara et Jean s’aiment, ils vivent ensemble depuis plusieurs années. C’est un amour qui les rend heureux et plus forts. Ils ont confiance l’un en l’autre. Le désir ne s’est jamais affadi. Un matin, Sara croise par hasard François, son ancien amant, ce François qui lui a présenté Jean, ce François qu’elle a quitté pour Jean sans hésiter.
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