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Berlinale : les réfugiés seront au coeur du festival
Invitations aux projections pour les réfugiés, projets humanitaires, et message de tolérance: le directeur de la Berlinale Dieter Kosslick a prévu de placer au coeur du festival du film de Berlin l'accueil des migrants en Allemagne.
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M. Kosslick, dans un entretien à l'AFP, a pour ambition de faire de cette 66e édition (11-21 février) du festival un modèle de solidarité et d'intégration dans un pays confronté aux défis qu'engendre l'arrivée d'un million de migrants.
Le rôle social du festival
Leçon d'histoire d'abord, le responsable rappelle que l'événement cinématographique, depuis sa création en 1951 six ans après la défaite nazie, a toujours voulu assumer un rôle social à travers une programmation éclectique et ouverte au public.
Un millier de billets réservés aux migrants
"Alors qu'à l'époque beaucoup d'Allemands étaient réfugiés (de la guerre), le festival a été fondé pour bâtir via la culture un peu d'entente au sein de la société et entre les nations", dit-il.
Cette même mission est plus d'actualité que jamais. Et pour que les Allemands côtoient les réfugiés et que ceux-ci sortent de leur pénible quotidien d'attente et d'ennui, un millier de billets de la Berlinale, peut-être plus, seront réservés aux migrants.
Le jury présidé par Meryl Streep
Une buvette tenue par des réfugiés et vendant de la nourriture du Moyen-Orient sera à la disposition des festivaliers et une collecte sera organisée en faveur d'associations lors du gala d'ouverture de ce festival dont le jury sera présidé par Meryl Streep.
"Il est temps que tous se comprennent, fassent preuve de tolérance, s'acceptent les uns les autres et le démontrent via les films qu'on présentera", explique aussi M. Kosslick, même si la liste des oeuvres illustrant cette thématique n'a pas encore été dévoilée.
"C'est excitant et harmonieux de passer 10 jours en compagnie de migrants"
"A la Berlinale nous pouvons montrer aux gens combien c'est excitant et harmonieux de passer dix jours en compagnie de migrants, de gens d'autres pays", a-t-il assuré.
Une chance pour repenser notre relation à notre histoire
C'est donc aussi une mission d'éducation que la Berlinale compte entreprendre pour convaincre la part grandissante de la population qui s'inquiète de l'afflux de réfugiés en Allemagne. "Nous devons admettre que ces gens ont peur", dit-il.
M. Kosslick veut aussi mettre de nouveau un coup de projecteur sur le passé nazi, convaincu que la lecture de l'Histoire aidera les Allemands à répondre de manière adéquate au défi migratoire actuel.
"Qu'autant de gens viennent chez nous est pour la société allemande une grande chance pour repenser notre relation à notre histoire. Personne d'entre nous ne peut se représenter ce que les crimes nazis signifiaient et ce que des millions de réfugiés ont alors dû endurer".
"Mais aujourd'hui on peut comprendre lorsqu'on voit arriver des gens en sandales dans un pays froid en plein novembre et décembre (...) La migration des réfugiés est une grande chance pour nous les Allemands de mieux comprendre notre histoire", assure-t-il.
A l'affiche donc, l'adaptation par le Français Vincent Perez du roman de l'Allemand Hans Fallada, "Seul dans Berlin" qui met en scène Brendan Gleeson et Emma Thompson, un couple qui décide de s'opposer au nazisme après avoir perdu son fils unique à la guerre.
Mais fidèle à sa réputation de diversité, la Berlinale aura une programmation autrement plus large que la thématique des réfugiés et du nazisme. On y trouvera ainsi en ouverture "Ave, César!" des frères Coen, le
biopic littéraire "Genius" de Michael Grandage, le film de science-fiction "Midnight Special" de Jeff Nichols ou encore le dernier documentaire de l'Américain Michael Moore "Where to invade next?".
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