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Berlinale : Wes Anderson ouvre une édition 2018 hantée par la vague #MeToo

Le cinéaste Wes Anderson et son nouveau long-métrage "L'île aux chiens" ont ouvert jeudi la Berlinale, avec déjà en marge plusieurs actions de protestation contre les abus sexuels envers les femmes en pleine onde de choc #MeToo.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Greta Gerwig, Wes Anderson et Tilda Swinton à l'ouverture de la Berlinale, le 15 février 2018
 (SKA / HSS / Wenn.com / Sipa)

La Berlinale est le premier grand festival de cinéma en Europe organisé depuis les accusations d'abus sexuels contre Harvey Weinstein et les révélations sur le traitement réservé aux femmes dans le 7e art, qui ont suivi.

Le réalisateur allemand Tom Tykwer, président du jury qui choisira le prochain Ours d'or, a demandé que la discussion "ne soit pas étouffée par qui que ce soit". Mais en même temps "il est important que le débat ne soit pas alimenté de manière artificielle", a-t-il ajouté en référence au risque de sensationnalisme des médias.

Plusieurs cinéastes accusés d'abus sexuels écartés de la compétition

Les organisateurs de la Berlinale ont promis de promouvoir la diversité sous toutes ses formes, bien que seulement quatre des films en compétition aient été réalisés par des femmes. Ils ont indiqué avoir écarté plusieurs cinéastes accusés d'abus sexuels.

Toutefois, une actrice sud-coréenne a critiqué le festival pour avoir invité le réalisateur Kim Ki-Duk et son film "Human, Space, Time and Human", présenté samedi. Elle a accusé ce dernier de l'avoir giflée et forcée à tourner des scènes de sexe improvisées alors qu'elle travaillait sur un de ses films.

"La Berlinale condamne et s'oppose évidemment à toute forme de violence et de comportement sexuel inapproprié", a souligné à l'AFP son directeur, Dieter Kosslick, avant le début du marathon cinématographique.

Jeudi, un groupement de 100 associations de défense des droits civiques en Corée du Sud a accru la pression en critiquant la décision "injuste" du festival d'inviter "le responsable d'une agression physique" tandis que "la victime qui s'est exprimée est marginalisée".

Le phénomène #MeToo se fait sentir à Berlin où de nombreux invités ont foulé le tapis rouge jeudi soir vêtus de noir, pour protester contre le traitement réservé aux femmes dans l'industrie du cinéma, comme lors de Golden Globes en début d'année aux États-Unis..

La vague #MeToo engendre de nombreuses initiatives et actions

La vague #MeToo se fait clairement sentir à Berlin: une pétition en ligne appelant à dérouler un "tapis noir" au lieu du traditionnel "tapis rouge" à la Berlinale, en signe de soutien aux victimes d'abus sexuels, a attiré quelque 21.000 signatures.

Et une comédienne allemande, Anna Brüggemann, a lancé sur Twitter un appel intitulé #poupéedepersonne ( #NobodysDoll ) pour inviter les stars féminines à renoncer aux jupes courtes et tenues sexy habituelles, au profit de "vêtements plus confortables".

Pendant 11 jours, quelque 400 films vont être diffusés dans le cadre du premier grand festival de cinéma de l'année en Europe, avant Cannes et Venise, et le seul à être ouvert au public.

Des stars pour doubler le 2e film d'animation de Wes Anderson

Le premier événement est la présentation du dernier Wes Anderson, le cinéaste de "Grand Budapest Hotel". Pour sa deuxième incursion dans l'animation après "Fantastic Mr Fox" en 2009, le réalisateur américain a réuni un parterre de célébrités : Bryan Cranston, Bill Murray, Jeff Goldblum, Tilda Swinton et Scarlett Johansson qui font les voix des chiens à l'honneur dans le film.
"L'île aux chiens" suit les aventures d'Atari, 12 ans, à la recherche de son fidèle compagnon Spots, mis en quarantaine sur une île en raison d'une épidémie de grippe canine. Le film se déroule dans "une version fantasmée du Japon" et est un hommage à deux maîtres du cinéma nippons, Hayao Miyazaki et Akira Kurosawa, a souligné Wes Anderson devant la presse.

On y retrouve l'enfance, la famille et la quête des origines, thèmes chers au cinéaste américain. C'est la quatrième fois que le réalisateur est en lice pour l'Ours d'or, qui sera remis le 24 février à un des 19 films en compétition.

Bryan Cranston, Jeff Goldblum saluent le mouvement #MeToo

Les acteurs Bryan Cranston, Jeff Goldblum et Bill Murray se sont réjouis jeudi de l'émergence du mouvement #MeToo, espérant une nouvelle façon d'envisager les rapports entre hommes et femmes. Dans des entretiens jeudi avec l'AFP, en marge du festival du film de Berlin, ils ont estimé qu'il était temps de faire face au harcèlement sexuel exercé dans l'industrie du cinéma et en dehors.

"Je suis très optimiste. Je regarde ce qui se passe, non seulement à Hollywood mais aussi dans le monde des affaires, en politique, dans le monde universitaire et je trouve incroyable de voir les fondements de la misogynie s'effondrer", a déclaré à l'AFP Bryan Cranston, connu mondialement dans le rôle de Walter White dans la série "Breaking bad. "Nous sommes peut-être face aux prémices d'une nouvelle société."

"Espérons qu'on a tourné la page et que vont s'ouvrir de nouveaux chapitres où le respect des femmes et (...) un traitement équitable pour tous soit la règle sans exception", a commenté l'acteur Jeff Goldblum, 65 ans ("Jurassic Park"). Il voit dans l'onde de choc #MeToo "quelque chose de très puissant".

"Cela ne concerne pas que l'industrie du spectacle, si vous marchez à New York derrière une femme, vous voyez des hommes la dévorer des yeux", a souligné l'acteur Bill Murray, 67 ans, décrivant un comportement "animal". "Je ne sais pas si j'apprécierais si j'étais une femme, je pense que je sortirais moins."

Cécile de France et Ryuichi Sakamoto dans le jury

Au sein du jury, Tom Tykwer ("Cours, Lola, cours", "Le parfum") sera notamment épaulé par l'actrice belge Cécile de France, la productrice américaine de "Moonlight" Adele Romanski, le compositeur japonais Ryuichi Sakamoto ou encore l'historien espagnol du cinéma Chema Prado.

Fidèle à sa tradition, la Berlinale prévoit d'accueillir des films d'auteur et de plus grosses productions.

Côté français, "Eva" de Benoît Jacquot et "La prière" de Cédric Kahn

Isabelle Huppert incarnera une femme fatale dans "Eva", un thriller psychologique de Benoît Jacquot, adapté d'un roman noir de James Hadley Chase.
La France sera représentée une deuxième fois avec "La prière", le nouveau long métrage de Cédric Kahn, sur d'anciens toxicomanes qui tentent de s'en sortir de manière radicale.

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