"La mémoire numéro 1" du cinéma français, "l'homme qui aimait le plus le cinéma en France"... Le monde de la culture rend hommage à Bertrand Tavernier
De nombreuses personnalités du monde de la culture réagissent à la mort du réalisateur Bertrand Tavernier ce jeudi 25 mars à Sainte-Maxime, dans le Var.
Le réalisateur Bertrand Tavernier est mort jeudi 25 mars à l'âge de 79 ans dans sa villa de Sainte-Maxime, dans le Var, a annoncé son entourage à franceinfo. Réalisateur des films Capitaine Conan, Un dimanche à la campagne ou encore Le juge et l'assassin, Bertrand Tavernier a reçu cinq César au cours de sa carrière.
Isabelle Huppert : "Son amour du cinéma était communicatif"
Isabelle Huppert salue vendredi 26 mars sur France Inter la mémoire du réalisateur Bertrand Tavernier. L'actrice, qui a notamment joué dans plusieurs films du cinéaste comme Coup de torchon, ou Le juge et l'assassin, se souvient d'un "homme très érudit", de son "amour immense du cinéma, un grand amour des acteurs aussi". Pour Isabelle Huppert, Bertrand Tavernier était "le gardien d'une certaine idée du cinéma". "Il occupe une place importante dans le cinéma français, c'est pour ça que sa disparition frappe autant les esprits", assure-t-elle.
L'actrice garde de très bons souvenirs de ses collaborations avec le réalisateur. Il avait "un enthousiasme", "son amour du cinéma était communicatif", tout comme "son plaisir à tourner et sa gourmandise". "Il y avait aussi une intimité créée avec avec ses comédiens", se remémore Isabelle Huppert. "Il a vraiment touché à tous les genres, du film historique aux films politiques, aux films plus sociologiques à l'anglo-saxonne", conclut-elle.
Claude Lelouch : "Le cinéma français perd sa mémoire numéro 1"
Le réalisateur Claude Lelouch, ami de Bertrand Tavernier, a réagi à sa mort sur franceinfo. "C’était surtout un grand cinéaste et un historien du cinéma incomparable." a-t-il déclaré. "Je pense qu’il était, de nous tous, celui qui connaissait le mieux le cinéma d'avant la guerre, de la guerre, de l'après guerre. J'ai le sentiment aujourd'hui que le cinéma français perd sa mémoire numéro 1", a-t-il ajouté.
Claude Lelouch s'est souvenu de sa rencontre avec Bertrand Tavernier, lors du tournage de Un homme et une femme en 1966. "Il était venu gentiment me voir après la projection, a-t-il évoqué. Il m’avait dit des choses sublimes que je n’ose pas répéter. Il défendait le cinéma avant toute chose. Et il voulait nous le faire aimer. Je suis vraiment triste de voir que cet homme qui défendait le cinéma sous toutes ses formes est parti."
Robert Guédiguian : "Peut-être l'homme qui aimait le plus le cinéma en France"
"C'est peut-être l'homme qui aimait le plus le cinéma en France", a réagi sur franceinfo le réalisateur Robert Guédiguian. "Il aimait le cinéma en tant qu'objet universel et dans toutes ses formes. Il aimait tout le cinéma je crois.", a-t-il ajouté, qualifiant son ami de "personnage le plus bavard" du cinéma français.
Le cinéaste marseillais a loué "l'éclectisme, la générosité et la gentillesse" de Bertrand Tavernier ainsi que son "humanité entière", et son engagement politique, notamment aux côtés des personnes sans papiers dans son documentaire de 2001, Histoires de vies brisées : les "double peine" de Lyon. Un film à valeur d'"acte militant" réalisé par "un grand résistant", a estimé Robert Guédiguian.
Jean-Baptiste Thoret : "L’amour du cinéma coulait dans ses veines"
"L’amour du cinéma coulait dans ses veines", a réagi sur franceinfo le réalisateur et historien du cinéma Jean-Baptiste Thoret. C’était même plus que de l’amour, c’était vraiment de la passion." Bertrand Tavernier était un "cinéphile boulimique", a-t-il poursuivi : "Combien de fois m’a-t-il appelé pour me dire ‘Mais tu n'as pas vu ce film ? Il faut que tu le vois’. Il était vraiment toujours aux aguets de ce qui pouvait se faire."
Jean-Baptiste Thoret est également revenu sur la méthode de Bertrand Tavernier : "On disait à tort que c’était un cinéaste académique, ce qui n'est pas vrai du tout. C’était juste quelqu'un qui était attaché au cinéma comme artisanat, comme savoir-faire, et qui estimait que le scénario, l'histoire qu'on raconte aux gens, c'est capital avant le geste de l’auteur." Enfin, Jean-Baptiste Thoret a salué le fait que Bertrand Tavernier "ne faisait pas des films pour avoir un statut social. Il faisait des films parce qu'il avait la passion du cinéma."
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