Bjork révèle qu'elle a été harcelée par un "réalisateur danois"
"Comme je repoussais à maintes reprises le réalisateur, il boudait et me punissait et donnait à son équipe l'impression que j'étais la personne à problèmes", a raconté Björk sur Facebook, faisant état d'une "équipe d'une dizaine de personnes qui a permis et... encouragé son attitude".
Bjork, 51 ans, n'a pas révélé le nom de son harceleur mais étant donné qu'elle n'a tourné que dans un seul long métrage, "Dancer in the Dark" du réalisateur danois Lars Von Trier, tout le monde à compris de qui il s'agissait. La chanteuse, qui évoque ces faits pour la première fois, a expliqué avoir été "inspirée par les femmes qui partout s'expriment en ligne" à propos des agressions sexuelles dont elles ont été victimes.
Le harceleur était entré dans sa chambre par le balcon
Dans un nouveau message publié mardi sur Facebook, Björk a détaillé l'attitude du harceleur. Elle a assuré que ce "réalisateur danois" était "tactile" et l'"étreignait" contre son gré devant l'équipe de tournage.
Elle a également précisé avoir subi "des propositions sexuelles constamment gênantes, paralysantes, chuchotées et non consenties, en décrivant les scènes" qu'il fantasmait. Björk est également revenue sur une nuit durant laquelle son harceleur aurait tenté d'entrer dans sa chambre depuis son balcon, avec "une intention clairement sexuelle".
Bjork a pris conscience d'un comportement "universel"
"J'ai pris conscience que le fait qu'un réalisateur puisse toucher et harceler ses actrices à volonté et que l'institution du cinéma le permette était universel", a-t-elle ajouté. La chanteuse a écrit ce message au moment où s'accumulent les témoignages d'actrices accusant le producteur américain Harvey Weinstein d'agressions sexuelles.Björk a précisé que cet évènement n'avait pas compromis sa carrière car, a-t-elle souligné, elle n'avait pas "d'ambitions" dans le monde du cinéma. En revanche, elle s'est "inquiétée" pour les autres actrices qui travaillaient avec le même metteur en scène.
Un appel à dénoncer le harcèlement devient viral
En France, un appel à dénoncer le harcèlement sexuel au travail est devenu viral sur Twitter ce week-end, sous le hashtag #balancetonporc, donnant lieu à de multiples témoignages visant des agresseurs quasi-exclusivement anonymes.Cet appel, évoqué par plusieurs médias, a été initié vendredi par une journaliste travaillant pour la Lettre de l'audiovisuel, Sandra Muller. Dans son tweet, celle-ci invite à raconter, "en donnant le nom et les détails, un harceleur sexuel que tu as connu dans ton boulot".
Pour montrer l'exemple, elle a elle-même relaté des propos tenus par un ancien patron ("Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit"), en citant son nom.
Témoignages de femmes visant des supérieurs hiérarchiques anonymes, des responsables de stages ou évoquant des épisodes de harcèlement dans la rue se sont multipliés. Avec en retour, des manifestations de solidarité masculine, mais aussi des réactions mettant en cause ces déclarations, sous le hashtag inversé #balancetatruie, ou les jugeant exagérées.
Les affaires médiatisées libèrent la parole des femmes
A une internaute qui parle d'un "vieux croûton de 70 ans qui me reluque de haut en bas dans le métro pour me dire que je suis charmante avec un clin d'oeil", un autre répond : "Regarder, complimenter, être vieux, cligner des yeux, être un homme, respirer, c'est du harcèlement sexuel !"A chaque fois, les affaires médiatisées comme le scandale Harvey Weinstein, réveillent la parole des femmes. Cet emballement "n'étonne absolument pas" Marilyn Baldeck, déléguée générale de l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), interrogée par l'AFP. "Il suffit qu'on tende la perche" aux femmes pour qu'elles parlent.
En 2016, après l'affaire Denis Baupin (le député écologiste accusé d'agressions et de harcèlement sexuels par plusieurs élues écologistes, ce qu'il nie, et dont l'enquête a été classée sans suite), le nombre de saisines de l'AVFT "a triplé". "Mais ce ne sont pas des femmes qui parlaient pour la première fois, elles se débattaient depuis des années dans des procédures infructueuses", précise Marilyn Baldeck.
Emmanuel Macron annonce une simplification des procédures
Dans une tribune au JDD, Isabelle Adjani a dénoncé le "système de prédation" révélé par le scandale Harvey Weinstein et souligné qu'"en France, c'est autrement sournois".La secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a quant à elle annoncé en septembre la mise en place d'un groupe de travail chargé de plancher sur la pénalisation du harcèlement sexuel dans la rue.
Emmanuel Macron, dans son interview télévisée sur TF1/LCI dimanche soir, a annoncé que cela passerait par une "procédure de verbalisation plus simple" des actes de harcèlement "pour qu'il y ait une réponse immédiate", en déplorant qu'"aujourd'hui, bien souvent, on ne va pas porter plainte, parce qu'on n'ose pas".
Harvey Weinstein, 65 ans, qui a longtemps fait la pluie et le beau temps à Hollywood, est sur la sellette depuis la parution la semaine dernière d'enquêtes dans le New Yorker et le New York Times révélant une série d'accusations d'abus et harcèlement sexuel et de viols. Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow, Mira Sorvino, Lea Seydoux, Judith Godrèche, Ashley Judd, Rosanna Arquette, parmi beaucoup d'autres, ont brisé l'omerta d'un comportement qui durait depuis plusieurs décennies et qui semblait connu de presque tous à Hollywood, sans que personne n'agisse pour faire cesser les agissements de celui que Meryl Streep a un jour surnommé "Dieu".
Quatre femmes, dont Asia Argento et Rose McGowan, l'accusent de les avoir violées. Weinstein a soutenu par l'intermédiaire d'une porte-parole que ces relations étaient consentantes et a démenti toutes les accusations.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.