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Bollywood fête ses cent ans à New Delhi et à Cannes

Le Festival de Cannes (11-22 mai) va célébrer Bollywood, qui fête son centième anniversaire. Avant la Croisette, New Delhi célèbre le cinéma de Bombay, qui a fait de la ville indienne une des capitales mondiales du septième art.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Temps de lecture : 4min
Katrina Kaif et Aishwarya Rai dans  "Bollywood, la plus belle histoire d'amour jamais contée" de Rakeysh Omprakash Mehra et  Jeff Zimbalist
 (Shekhar Kapur & UTV Motion Pictures)

Bollywood sera l’invité d’honneur à Cannes, à l’occasion de son centenaire, avec la projection de "Bombay  Talkies", une série de quatre courts métrages, et "Bollywood, The Greatest Love  Story Ever Told" (Bollywood, la plus belle histoire d'amour jamais contée), un long métrage montré hors compétition.
 
Avant Cannes, New Delhi ouvre ses salles obscures et ses musées pour célébrer "ce cinéma qui a contribué à fonder l'identité de l'Inde dans le monde  et à faire de Bombay une des capitales mondiales de l'histoire du cinéma", comme le rappellent les organisateurs du festival.

1500 films produits à Bollywood en 2012
Pour le producteur Skhekhar Kapoor, "qu'on l'identifie à quelque chose d'arrière-garde ou de définitivement moderne (...), on dit chez nous que c'est la seule culture capable de rassembler tous les Indiens".
 
Bollywood ne s'est jamais aussi bien porté: l'Inde a produit près de 1.500 oeuvres l'an dernier et l'industrie du film devrait peser 3,6 milliards de dollars d'ici cinq ans (2,75 milliards d'euros), contre 2 milliards aujourd'hui, selon le cabinet KPMG.
 
Bollywood (B pour Bombay) est d'abord un cinéma populaire en hindi, en grande majorité des comédies musicales où l'on chante et l'on danse dans un décor volontiers coloré et fleuri, à un rythme effréné.
Les classes moyennes indiennes critiquent Bollywood
Mais en Inde, certains l’accusent de radoter en faisant des claquettes au mépris des réalités sociales. Pour les puristes et les critiques issus des classes moyennes,  Bollywood passe totalement à côté des évolutions qui ont marqué et marquent l'entrée de l'Inde dans le 3e millénaire. "Il y a une tendance au rabais en termes de contenu. Je pense que nous souffrons de ce qu'on appelle une crise narrative", estime le réalisateur et producteur Mahesh Bhatt.
 
On date la naissance de Bollywood au 3 mai 1913. Le cinéma, alors, est muet. Son père, Dhundiraj Govind Phalke, adapte "Le Mahabharata", une épopée sanscrite de la mythologie hindoue. Son film, "Raja Harishchandra", connaît un grand succès même si les personnages féminins sont joués par des hommes (le cinéma était une profession quasi interdite aux femmes).

Un âge d'or dans les années 1950
Phalke a fait une centaine de films avant d'être balayé par le cinéma parlant apparu dans les années 1930. Pour beaucoup, ce sont les années 1950 qui ont consacré "l'âge d'or" du cinéma indien  avec l'émergence de grands cinéastes et parmi eux, le plus grand, Satyajit Ray, venu pourtant non pas de Bombay mais des studios concurrents du Bengale occidental.
 
L'Inde tout juste indépendante (1948) se cherche alors un ciment, une identité post-coloniale.
 
Les années 1970 et 1980 vont voir le secteur gagner en professionnalisation et en productions plus commerciales. C'est le temps des "masala", ces films légers mêlant romantisme et action, chants et mélodrame, jusqu'à l'inévitable "happy end".
 
Aujourd'hui, une industrie moderne
A la marge, des auteurs se réclament du cinéma réaliste, comme Mahesh Bhatt avec "Arth" (1982), l'histoire d'une liaison adultère mettant en scène des rôles de femmes de caractère. Les années 1980 sont difficiles, avec la télévision couleur, le piratage et la dépendance à l’argent mafieux.
 
Et puis, au début des années 1990, l’économie indienne s’ouvre, les sources de financement se diversifient, Fox et Disney s’installent à Bombay. Dix ans plus tard, le cinéma indien est une industrie.
 
Naissance d'un cinéma indien alternatif
Riche, populaire, il doit se réinventer, sortir des pas américains dans lesquels il marche un peu trop facilement, estiment certains. Les classes moyennes "veulent voir autre chose que des inepties qui plaisent aux conducteurs de rickshaws", assène l'acteur Rishi Kapoor.
 
Des cinéastes novateurs commencent à se faire un nom, comme Anurag Kashyap  dont le "Hindi indie" fait actuellement le tour du monde des festivals. Selon Raj Nidimoru, coréalisateur de "Go Goa Gone", l'un des tout premiers films indiens de morts-vivants, le cinéma alternatif en Inde n'en est qu'à ses balbutiements. "Ce n'est qu'une onde, ce sera bientôt une vague", prédit-il.

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