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Camélia Jordana : "Passer par l'intime pour raconter des choses universelles"

L'artiste a le rôle principal du film "Avant que les flammes ne s'éteignent", en salles le 15 novembre, qui raconte les conséquences sur une famille de violences policières ayant conduit à la mort d'un jeune homme.
Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Camélia Jordana joue Malika dans "Avant que les flammes ne s'éteignent" (BAC Films)

En parallèle (ou plutôt en complément) de ses talents de chanteuse, Camélia Jordana continue de tracer sa voie singulière au cinéma. Après Emmanuel Mouret, elle impressionne dans le rôle de Malika, dans Avant que les flammes ne s'éteignent, le premier long-métrage de l'ancien journaliste Mehdi Fikri, qui raconte l'impact sur une famille de la mort du jeune Karim, après une interpellation policière.

Franceinfo : Comme beaucoup de comédiens, ce qui vous fait accepter un projet, c'est d'abord le scénario, comment celui-ci vous a séduite ?

Camélia Jordana : Le personnage de Malika m'a beaucoup fait penser à Antigone, et je ne connais pas de comédienne qui ne soit pas extrêmement partante à l'idée de jouer ce personnage (rires). Mais ce qui m'a surtout séduite, c'est que dans le scénario de Mehdi Fikri, qui a écrit et réalisé, il soit choisi de passer par des sujets très universels. Évidemment le décorum, c'est la violence policière, mais dans le film, on parle de famille, on parle de deuil, on parle de rejet et de culpabilité. Des choses universelles, pour lesquelles on peut passer par l'intimité pour aussi parler de politique. Et le temps long du cinéma permet ce luxe-là, ce qui était précieux pour moi.

Ce qui est passionnant à jouer aussi, sans doute, c'est que ce personnage évolue, il prend de l'épaisseur. En combattant pour la vérité, Malika se construit et s'anoblit ?

En lisant le scénario, j'ai pensé à Antigone donc, mais aussi à Amel Bentounsi, une jeune femme qui, après la mort de son frère dans les mêmes circonstances, a fini par se former, étudier, et devenir elle-même avocate. Et il y a chez Malika un peu ce même parcours, qu'elle acquiert avec le temps, elle veut comprendre, donc elle apprend. Le fait de se battre pour la mémoire et la dignité de son frère sera sa seule façon de traverser ce deuil. La différence aussi avec d'autres films ayant évoqué le sujet des violences policières comme La Haine ou Les Misérables, des films très importants, c'est qu'ici, on a un point de vue féminin, et un personnage de femme qui est moteur.

Le film représente aussi le quotidien d'une famille d'origine arabe, avec des profils divers, ce qu'on voit assez peu finalement encore aujourd'hui dans la fiction française...

Ce que je trouve très joyeux, c'est de voir aujourd'hui que des personnes comme Mehdi aient pu avoir assez d'argent pour faire ce film. Je trouve ça super qu'avant lui, des personnes pas forcément issues de l'immigration nord-africaine aient pu faire des films sur ces familles, mais la nouveauté, c'est que depuis quelques années, c'est également possible via des personnes d'origine arabe. Qu'elles puissent raconter les histoires de nos ancêtres et de nos familles, avec un minimum de soutien financier de la part du cinéma français pour pouvoir le faire. Je trouve ça magnifique d'avoir tous ces points de vue.

Racontez-nous cette très belle scène quand la famille est dans la voiture, dans un moment calme, et chante une chanson d'Idir, le grand artiste algérien disparu en 2020 ?

Au départ, Mehdi avait imaginé une chanson marocaine, mais quelqu'un a proposé un changement, je crois me souvenir qu'il s'agit de Sonia Faidi, qui joue Nour, la plus jeune sœur. Avec certainement la complicité de Sofiane Zermani, puisqu'hormis moi, ce sont les deux seuls autres kabyles du plateau. Mehdi voulait une chanson qu'on puisse tous connaître, et on s'est donc mis d'accord sur Ssendu de Idir. On s'est retrouvés à la chanter. Déjà au tournage, c'était bouleversant, mais à chaque fois que je revois le film, avec le public aussi lors des avant-premières, il y a toujours eu beaucoup d'émotion avec cette scène.

Avant que les flammes ne s'éteignent de Mehdi Fikri, avec Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Sofian Khammes, Samir Guesmi, Sonia Faidi, Makita Samba. En salles demain.

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