Cannes 2014 : "Next to her" un exploit d'actrice
4 / 5 ★★★★☆
Lors de la présentation du film au public cannois de la Quinzaine des Réalisateurs, Asaf Korman a commencé en déclarant qu'il avait tourné un film d'amour :"En 2007, je suis venu à la Quinzaine présenter mon court métrage. Toute ma famille jouait dedans, mon père, ma mère, ma soeur. Mais il y avait le personnage de la petite amie et je n'en avais pas. Alors j'ai organisé un casting. J'ai choisi une comédienne que je ne connaissais pas, Liron Ben-Shlush. Aujourd'hui, elle est la scénariste de ce film, son interprète, et elle est aussi ma femme et la mère de mon enfant." "Next to her" raconte un de ces drames personnels qui passent inaperçus de l'entourage mais qui n'est rien moins qu'une catastrophe pour l'homme ou ici la femme qui le subit. Chelli (Liron Ben-Shlush), la trentaine, travaille dans un collège. Mais sa principale activité est ailleurs. Elle a la responsabilité de sa soeur Gaby (Dana Ivgy) de quelques années sa cadette. Cette jeune femme souffre d'un très lourd retard mental. Quand une assistante sociale constate que Gaby reste seule lorsque Chelli travaille, elle l'oblige à avoir recours à un centre de jour. Elle noue au même moment une relation avec un collègue qui ne tarde pas à venir s'installer chez elle, rompant l'équilibre entre les deux soeurs. Un terrible quiproquo va venir détruire l'idylle entre les deux jeunes gens.
Rien n'est dit, tout est suggéré de cette terrible suspicion qui naît dans l'esprit de Chelli. Un regard avait suffit, un peu plus tôt, pour comprendre la tentation d'un instant, celle de se débarrasser du poids terrible qui alourdit injustement sa vie de jeune femme. Liron Ben-Shlush est une actrice tout en nuance. Elle est, c'est vrai, filmée sous le regard amoureux d'Asaf Korman et elle habite presque tous les plans.
Pourtant le véritable exploit d'acteur, c'est le rôle de Gaby. Dana Ivgy, comédienne elle aussi israélienne que l'on avait vue dans "Désengagement" d'Amos Gitaï, donne le change tout au long du film. Le spectateur se pose la question : comment le réalisateur a-t-il pu donner des directives de jeu à une personne à ce point handicapée mentalement ? Réponse simple : elle ne l'est pas. Son interprétation est époustouflante parce que, malgré le caractère extrême du personnage de Gaby, elle parvient à rester parfaitement juste et ne fait jamais le geste de trop, ne commet jamais le regard qui trahit. Le public cannois lui a d'ailleurs réservé une bonne partie de ses applaudissements.
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