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Cannes 2014 : "Run", un destin pendant la guerre civile ivoirienne

Présenté dans la section "Un certain Regard" du festival de Cannes 2014, "Run" de l'Ivoirien Philippe Lacôte illustre un aspect du drame que vécut son pays à partir de 2002. L'histoire est celle d'un jeune homme devenu par hasard un "Jeune Patriote", c'est à dire un milicien exerçant des exactions en sous main pour le compte du gouvernement.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Abdoul Karim Konaté (premier plan en kaki) dans "Run"
 (DR)
La note Culturebox
3 / 5                  ★★★☆☆

"Run", de l'Ivoirien Philippe Lacôte. Avec Abdoul Karim Konaté, Isaach de Bankolé. 1h42

De père français et de mère ivoirienne, Philippe Lacôte avait signé en 2008 un documentaire consacré à la guerre civile qui a fait 3000 morts en dix ans dans son pays, la Côte-d'Ivoire (Chroniques de guerre en Côte d'Ivoire). Il a voulu aller plus loin et a décidé que la fiction serait le meilleur vecteur pour faire comprendre au public ce qui s'est passé pendant ces années de plomb. Il a donc choisi de raconter l'histoire d'un de ces jeunes gens devenus miliciens et qui faisaient régner la terreur pour le compte officieux du régime. Dans le film, ils se nomment eux-mêmes "Les Jeunes Patriotes".
 

De l'adolescent au meurtrier
Le garçon en question (Abdoul Karim Konaté) est connu sous le sobriquet de "Run". Parce que la course est sa meilleure défense. Elle lui a plusieurs fois sauvé la mise et dés le début du film, elle lui sauvera peut-être la vie. Il vient en effet de tuer à coup de révolver le premier Ministre de son pays. Tout le film est un flash back qui explique comment l'adolescent qui se destinait à devenir faiseur de pluie est devenu ce jeune homme meurtrier du prinicipal dirigeant de son pays.

L'interprète du rôle de "Run" était à Abidjan pendant les événements tragiques de 2011.

La guerre presque absente
Tout est certainement très limpide pour un Ivoirien. Il connait la situation politique de l'époque, sait identifier les parties en cause, comprend les allusions. Pour le Français qui, au mieux, a suivi ce conflit dramatique au journal télévisé, l'affaire devient plus complexe. C'est le principal défaut de ce film par ailleurs efficace et bien mené. La terreur qui a été pendant de longues années le quotidien des Ivoiriens n'apparaît que de manière très fugace. Le réalisateur n'ayant peut-être pas voulu par pudeur reconstituer l'horreur vécue par ses concitoyens.

Isaach de Bankolé vit à New York avec son épouse, la chanteuse de jazz Cassandra Wilson. Il est revenu en Côte-d'Ivoire à l'occasion du tournage de "Run". La première fois depuis 16 ans. Il interprète le rôle d'Assa.

Un bon film d'aventure
Résultat, on prend du plaisir à suivre les aventures de "Run", trois épisodes qui se succèdent et dont la conséquence commune est l'assassinat du premier Ministre, mais on n'apprend pas grand chose. Le spectateur suit l'histoire du jeune homme, mais il n'a pas les clés pour replacer cette épopée individuelle dans le contexte général. A défaut d'informer sur le conflit (son documentaire le faisait dés 2008) Philippe Lacôte attire l'attention sur cette guerre fratricide. Il a en tout cas réussi un film d'aventure, avec son lot de rebondissements, de suspense, d'humour et de gravité. Le film de fiction sur les enjeux politiques de la guerre civile ivoirienne reste à faire.

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