Cannes 2015 : "Dope" tragi-comédie initiatique dans les quartiers de Los Angeles
4 / 5 ★★★★☆
La note de quatre sur cinq, est sans doute un peu généreuse, mais trois serait insuffisant. "Dope" est une tragicomédie efficace qui met en scène un adolescent noir, puceau, passionné de musique hip hop des années 90, brillant élève ne pensant qu'à réussir à entrer à l'université. Par un concours de circonstances dans lesquelles entrent en jeu des dealers, la police, des armes à feu, une jolie fille, un sac à dos et la panique, il se retrouve en possession d'une importante quantité de drogue d'une substance nouvelle. Avec l'aide de ses deux amis, il va d'abord tout faire pour rendre cette drogue, puis pour en tirer profit... afin de réussir ses études.
Dope
Ne nous méprenons pas, le mot "Dope" ne signifie pas strictement ce que nous entendons en France sous ce mot. En argot américain, il désigne aussi un mec cool, ouvert... Le contraire d'un geek, ces passionnés d'informatique que rien n'intéresse si ce n'est pas converti en bits. Le film de Rick Famuyiwa ("The Wood", "Brown Sugar", "Our Family Wedding" et "Talk to Me") est en quelque sorte le récit du passage de la chenille geek au papillon dope. Puis, ni geek ni dope mais simplement "Malcom".
Inglewood
Malcom, (Shameik Moore) va réussir cette mutation un peu contre lui-même et en traversant des épreuves qui auraient plusieurs fois pu lui être fatales. Rick Famuyiwa a grandi dans ce même quartier d'Inglewood et il règle à la perfection les relations entre les personnages. Membres des gangs, dealers, jolie jeune fille désoeuvrée (Chanel Ima) ou étudiante sexy (Zoé Kravitz) tous sonnent juste et le récit va très vite.
Il est soutenu avec pertinence par une musique (dont quatre morceaux originaux de Pharell Williams) qui vient toujours à point nommé soutenir l'action mais aussi la fixer dans son époque. Le montage de "Dope " a été récompensé au Festival du cinéma indépendant de Sundance.
Pas une comédie adolescente comme les autres
"Dope" n'est pas une college comedy comme le cinéma américain en produit tant. Même si l'on rit souvent, le film ne se limite pas à un simple divertissement de samedi soir. Le cinéaste porte un regard personnel sur la société qu'il évoque et la dimension tragique du contexte n'est pas effacée. D'origine africaine (il est né au Nigéria), Rick Famuyiwa joue avec les poncifs du genre et d'abord avec le regard que le cinéma porte sur les Noirs (qui peuvent s'appeler "Nigger" entre eux, mais permettent à peu d'autres de le faire!). Il apporte aussi un message d'espoir.
Oui, un jeune garçon d'un quartier régi par les gangs peut réussir à l'école (mais le détour par la tentation de l'illégalité n'en est pour autant pas évité). Oui une pauvre mais jolie jeune fille métisse peut quitter son quartier pour fréquenter une université prestigieuse. Mais rien n'est facile et, sous couvert de raconter cette belle histoire pleine d'humour et d'optimisme, Famuyiwa ne tente jamais d'affirmer qu'il suffit de vouloir pour pouvoir. Il est bien difficile, dans ses quartiers, de devenir ce que personne n'attend de soi. Il faut parfois savoir jouer avec les circonstances. Quand et si elles se présentent.
Synopsis : Malcom fait tout pour survivre dans un quartier chaud de Los Angeles, jonglant entre inscriptions et entretiens pour entrer à l’université. Une invitation à une soirée underground va l’entrainer dans une aventure qui pourrait bien le faire passer du statut de « geek » à celui de mec cool, un « dope », pour finalement être lui-même.
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