Cannes 2015 : "Yakuza Apocalypse", nanar de vampires inepte et ridicule
1 / 5 ★☆☆☆☆
Ed Wood, c'est Orson Welles. Le cinéaste américain des années 50, réputé le plus mauvais réalisateur de l'histoire du cinéma, vient d'être détrôné. Son héritier est japonais, il s'appelle Takashi Miike et le fait qu'il compte des milliers de fans au Japon n'y change rien : il faut avoir un sacré culot pour oser montrer "Yakuza Apocalypse" (Gôkudo Daisensô). Combats minables, acteurs éructant, scénario complètement crétin et effets spéciaux à hurler de rire tant ils sont ridicules, cette histoire de truands japonais avides de sang puisqu'ils sont des vampires est un nanar comme on ne s'attend pas à en voir dans une sélection de la Quinzaine des Réalisateurs. Peut-être rétorquera-t-on que ce film est l'exemple d'un cinéma qui existe et que Miike est un réalisateur aussi. Dans ce cas, pourquoi pas une oeuvre de John B. Root dans une prochaine sélection ? Il tourne aussi des films et même s'ils sont pornographiques, Il en est le réalisateur !
Comme on le voit dans la bande annonce japonaise, le héros doit finalement affronter un adversaire réputé le plus puissant du syndicat du crime : il n'est autre qu'une énorme grenouille façon Barbapapa du pauvre.
C'est Thanatos qu'on assassine !
L'allusion au cinéma pornographique n'est pas complètement gratuite. La violence est traitée dans ce film comme le sexe l'est dans le porno. C'est-à-dire qu'on imagine des scènes prétexte, sur une trame plus que légère, afin de montrer l'essentiel : des corps en action intime chez B. Root, des mutilations, des flots de sang et des cadavres chez Miike. Dans un cas c'est Eros qu'on assassine, dans l'autre c'est Thanatos, pour autant que ce soit possible.
Tricotage
Inutile de citer toutes les scènes qui dépassent le ridicule. Évoquons juste les prisonniers gardés dans un sous-sol pour servir de garde-manger vivant aux vampires : ils sont enchaînés à une table et contraints de... tricoter, ou encore la redoutable grenouille de carnaval arrivant sur le lieu de son prochain combat à bicyclette et donnant de la sonnette.
Ovni de Roswell
On voit de temps en temps dans les festivals une oeuvre inattendue, ce qu'il est convenu d'appeler un ovni cinématographique. Yakusa Apocalypse serait sans doute à cet égard l'ovni de Roswell, celui qui s'est écrasé. Reste une question : de quel film de qualité nous a-t-on privés à la Quinzaine des Réalisateurs pour inscrire à son programme, certes en séance spéciale, cette chose réservée à l'évidence aux adolescents japonais ?
Yakuza Apocalypse
de Takeshi Miike
1h55
avec Hayato Ichihara, Yayan Ruhian
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