Cannes 2016 : Ken Loach et les sept lauréats d'une double Palme d'or
Le réalisateur suédois participe en 1946 au premier Festival de Cannes. Il présente un drame écrit par Ingmar Bergman, "Hets", qui suit l'amour tourmenté d'un lycéen et d'une vendeuse d'un bureau de tabac, harcelée par un mystérieux personnage. Cette année-là, tous les films en compétition sont récompensés et Alf Sjöberg fait partie des 11 à recevoir le Grand Prix (l'ancêtre de la Palme d'or). Il revient cinq ans plus tard et emporte une nouvelle fois le Grand Prix, avec "Mademoiselle Julie", adapté de la pièce éponyme d'August Strindberg.
Le réalisateur américain s'impose sur la croisette avec "Conversation secrète", où Gene Hackman, un professionnel de la filature, se trouve confronté à un dilemme lors d'une mise sur écoute d'un couple. Le film d'espionnage remporte le Grand prix International du Festival en 1974 et double son palmarès cannois en 1979 avec sa vision de la guerre du Vietnam, "Apocalypse Now" ( ex aequo avec "Le Tambour" de Volker Schlondorff). Malgré des conditions de tournage extrêmes, le chef d'œuvre de Francis Ford Coppola est très bien reçu par la critique.
Le réalisateur japonais délivre avec "La Ballade de Narayama", un très beau témoignage sur les traditions du XIXe siècle dans son pays. L'action se déroule en 1860 dans un village pauvre et isolé du Japon. Une mère de 69 ans met de l'ordre dans les affaires de sa famille avant de mourir. La deuxième Palme d'or pour Shohei Imamura sera en 1997, pour "L'Anguille". Le film raconte l'histoire de Yamashita tout juste sorti de prison, huit ans après avoir assassiné sa femme adultère, et qui ouvre un salon de coiffure. Le long-métrage est récompensé de la Palme d'or en même temps que "Le goût de la cerise", d'Abbas Kiarostami.
Le réalisateur serbe fait sensation avec son deuxième long-métrage "Papa est en voyage d'affaires", qui se déroule en Yougoslavie dans les années 50 avec un père de famille envoyé dans un camp de travail. Sa deuxième Palme d'or, en 1995, sera plus contestée. "Underground" suit le parcours de résistants clandestins serbes entre la Seconde Guerre mondiale et 1990. Le film est très mal reçu par les critiques, Emir Kusturica est taxé de fasciste et propagandiste. Un journaliste du Times écrit après la cérémonie de clôture du festival que "la victoire revient à un film qui vient de nulle part, mis en scène par personne". Le réalisateur serbe affirme vouloir arrêter le cinéma après cette polémique, mais il reviendra en 1998 avec "Chat noir, chat blanc".
Avec "Pelle le Conquérant", le réalisateur danois remporte sa première Palme d'or. Le film suit le triste quotidien d'un père et son fils qui n'arrivent pas à trouver du travail après avoir émigré de la Suède au Danemark au XIXe siècle. Le film remportera aussi l'Oscar du meilleur film étranger en 1989. Il décroche une deuxième palme en 1992, pour "Les Meilleurs Intentions", une nouvelle tragédie familiale se déroulant au début du XXe siècle en Suède alors que la classe ouvrière se soulève.
La première palme des frères belges fut l'une des plus inattendues de la croisette. Les critiques étaient certains d'assister au sacrement de Pedro Almodóvar, avec "Tout sur ma mère". Mais le jury, bouleversé par le parcours tragique d'une jeune femme en recherche d'emploi dans "Rosetta", décidé de récompenser Jean-Pierre et Luc Dardenne. Six ans plus tard, leur nouveau drame "L'enfant", remporte une nouvelle Palme d'or et confirme le statut de réalisateur de films à prix des frères Dardenne.
Le réalisateur autrichien obtient sa première Palme d'or en 2009 pour "Le ruban blanc". Le réalisateur y présente l'histoire d'un village d'Allemagne du nord à la veille de la Première Guerre mondiale. Michael Haneke revient trois ans après en compétition officielle et séduit le jury avec "Amour", où Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva incarnent un couple octogénaire à Paris.
Avec Almodóvar et les frères Dardenne, Ken Loach est un des habitués du Festival de Cannes. Il est venu à 18 reprises sur la croisette, mais ce n'est qu'en 2006 qu'il remporte sa première Palme d'or pour "Le vent se lève". Alors qu'il avait annoncé qu'il arrêtait le cinéma, lors de la sortie de "Jimmy's hall", le réalisateur anglais est revenu à Cannes en poussant un cri de révolte avec "Moi, Daniel Blake". A 79 ans, il remporte la Palme d'or de cette 69e édition du Festival de Cannes.
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